Un roi à New York

1957

(A king in New York). Avec : Charles Chaplin (Le roi Shahdow), Dawn Addams (Ann Kay), Michael Chaplin (Ruppert). 1h45.

Dans Les Films de ma vie François Truffaut fait un parallèle entre le scénario de Un roi à New York et certains passage de La Bible (que nous omettons ici) :
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Le roi Shahdow, monarque détrôné, arrive à New York, ayant réussi à sauver sa tête et les fonds de la trésorerie royale. Il apprend le lendemain que son premier ministre s'est fait la malle en emportant l'argent. Le roi est complètement ruiné.

Sa voisine à l'hôtel, Ann Kay, publicitaire l'invite à un dîner au cours duquel le roi est trahi par un "judas" dans le mur, derrière lequel une caméra de télévision enregistre clandestinement le dîner et les pitreries royales. C'est ainsi qu'alors qu'il n'a pas réussi à intéresser le gouvernement à l'utilisation pacifique de l'énergie atomique, Shahdow devient malgré lui une vedette de télévision. En visitant une école progressiste, il fait la connaissance d'un enfant de douze ans qui par ses réponses étonne et confond les adultes.

Un soir d'hiver en rentrant chez lui, Shahdow rencontre le gosse crevant de froid dans ses vêtements trempés. Le gamin, Ruppert, apprend à Shahdow que ses parents ont été arrêtés comme communistes et qu'ils ont été condamnés pour avoir refusé de dénoncer leurs amis. Chez le roi, Ruppert se déshabille pour prendre un bain et Shahdow va lui acheter d'autres vêtements. Mais bientôt les hommes de McCarthy viennent s'emparer du gosse et Shahdow est à son tour convoqué devant la Commission des Activités Anti-américaines.

Shahdow est acquitté mais le plus triste de l'affaire et ce qui importe plus que tout, c'est que le gosse, pour que ses parents soient libérés, a accepté de donner aux enquêteurs les "renseignements demandés".

Truffaut concluait ainsi sont résumé :
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...si le Christ revenait de nos jours aux pays des mouchards, il serait amené à collaborer avec McCarthy. Je ne prétends pas que mon interprétation du scénario soit décisive mais faute de pouvoir prouver la beauté, il faut souvent feindre d'expliquer pour convaincre.

Le malentendu est toujours le même : ayant arbitrairement collé une étiquette sur une œuvre, on n'aime guère avoir à changer l'étiquette. Si Chaplin continuait à son âge à faire le pitre sous sa défroque célèbre, ce serait d'une inefficacité consternante, cela n'est pas difficile à comprendre (…)

Je n'ai pas trouvé, moi, de différence entre la première et la seconde partie du Roi à New York tout simplement parce que je n'ai pas commis l'erreur de m'apprêter à rire. Comme tout le monde, je lis les journaux et je suis au courant des mésaventures de Chaplin avec l'Amérique ; je connaissais le sujet de son nouveau film et la profonde tristesse de ses films précédents. Il était prévisible qu'Un roi à New York serait le plus triste de ses films, le plus personnel aussi (….)

Si nous ne pleurons pas plus que nous rions en voyant Un roi à New York c'est que Chaplin a jugé qu'il fallait nous atteindre à la tête plutôt qu'au cœur. La terrible douceur de son film m'a fait penser à Nuit et Brouillard, qui refusait également les facilités du pamphlet et de la vengeance (….)
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François Truffaut, Les films de ma vie