A ma soeur !

2001

Avec : Anaïs Reboux (Anaïs), Roxane Mesquida (Elena), Libero de Rienzo (Fernando), Arsinée Khanjian, Romain Goupil, Laura Betti. 1h33.

eux sœurs en vacances avec leurs parents sur la Côte atlantique. Elena, quinze ans, beauté qui attire les regards, espère un flirt, peut-être même l’amour, au-delà d’une première relation sexuelle avec un garçon.

La cadette, Anaïs, la suit partout : deux ans de moins, un corps de gros bébé qui la complexe mais, déjà, un esprit éveillé, capable de porter un jugement lucide sur elle-même et sur son aînée. Elle sait que ce n’est pas encore son tour d’être désirée et compense en mangeant des banana-splits. La relation entre les deux filles est forte et complexe : confiance, agressivité, tendresse, fous rires…

Elena est attirée par Fernando, étudiant italien entreprenant. Comme les deux sœurs partagent la même chambre, Anaïs voit et entend ce qui se passe lorsque Fernando rejoint Elena dans son lit puis, à force de belles paroles, arrive à ses fins et déflore la jeune fille en lui faisant croire au grand amour. Les parents restent étrangers au trouble de leurs filles et le père rentre même à Paris, plus préoccupé par ses affaires. Anaïs est sûre que son aînée a été trompée par Fernando et tente de lui ouvrir les yeux.

Il faut la visite de la mère du jeune homme pour que les choses s’éclairent : elle vient récupérer une bague volée par son fils et donnée à Elena comme preuve d’amour

Cela marque la fin des vacances. Le voyage de retour sur l’autoroute est tendu, la sœur aînée ressasse sa déception sentimentale, et la mère, furieuse contre ses filles, et conductrice peu expérimentée, effectue des manœuvres hasardeuses pour doubler des camions. À la tombée de la nuit, lors d’une pause sur une aire de repos, alors que toutes trois somnolent, un déséquilibré les agresse, tue sauvagement Elena et sa mère et emmène Anaïs.

Au matin, les gendarmes la retrouvent vivante dans la forêt. « Il ne m’a pas violée », dit-elle, alors que c’est pourtant ce qui s’est passé. « La première fois, je préférerais quelqu’un que je n’aime pas », avait dit un jour Anaïs à sa sœur Elena, alors qu’elles évoquaient la perte de leur virginité.

Film anti-romesque au possible, dressant le constat d'une initiation toujours difficile et douloureuse aussi bien pour la belle Elena que pour sa cadette Anaïs plus intelligente mais handicapée par son physique.

Breillat abuse peut-être de plans où Anaïs est en amorce des scènes ayant sa soeur pour personnage principal. Les deux grandes et longues scènes de relations sexuelles sont subtilement filmées alternant plan-séquences avec Anaïs ou non dans le champ et plan rapprochés sur le couple Elena-Fernando.

Breillat décrit avec autant de tendresse que de desespoir la fraternité entre les deux soeurs, solidaires dans un monde sans pitié.

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