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Le Mahishasuramardhini Mandapa date de la fin du VIIe siècle, sous la dynastie Pallava. Ce temple rupestre est situé sur une colline, près d'un phare, parmi d'autres grottes de Mamallapuram. Il présente de nombreux éléments architecturaux remarquables.
Le bas-reliefs auquel il doit son nom est consacré à Durga, terrassant le démon à tête de buffle Mahishasura. C'est "La Tueuse du démon-buffle Mahisha", composé de Mahisha (le démon-buffle Mahishasura) et Mardhini (celle qui écrase, détruit, terrasse). C’est un l'épithète de la déesse Durga, célébrée dans l’hindouisme pour avoir vaincu Mahishasura après un long combat symbolisant la victoire du Bien sur le Mal, de l’ordre (dharma) sur le chaos (adharma).
Deux autres bas-reliefs sont aussi finement sculptés sur les parois du sanctuaire. L'un représente Vishnu allongé sur le serpent à sept têtes, Adishesha ; une autre est une sculpture de Shiva.
Architecture
Le sanctuaire rupestre est orienté vers l'est et comprend trois chambres. Ses dimensions intérieures sont de 9,8 mètres de long, 4,6 mètres de large et 3,8 mètres de haut. La chambre centrale principale présente une saillie frontale par rapport aux deux chambres latérales. La façade de la grotte est percée de dix fenêtres en forme de fer à cheval, appelées kudus, sur la corniche ; ces sculptures sont inachevées. La corniche représente également cinq sanctuaires semi-finis à toit à pignon. La façade est ornée de quatre piliers sculptés et de deux pilastres aux extrémités, intégrés à la façade et sculptés dans le style architectural traditionnel Pallava. La chambre centrale est précédée d'un petit mukhamandapa (porche d'entrée) dont les deux piliers sculptés reposent sur des bases de lions, également de style Pallava.
Le mandapa est creusé dans la paroi rocheuse granitique d'une colline. La véranda creusée à l'entrée de la grotte, longue et calonnée, se compose de trois chambres
L'entrée de la chambre centrale est flanquée de gardiens (dwarapalas). Le mur du fond de cette chambre présente un panneau sculpté de type Somaskanda ; ce panneau représente Shiva et son épouse Parvati dans leurs habits royaux, chacun portant une couronne appelée kirita-mukuta et d'autres ornements, avec leur fils Skanda assis entre eux. Ce panneau montre également la sculpture de Nandi (le taureau), la monture (Vahana) de Shiva. Chandeshvara Nayanar, un fervent dévot de Shiva, est sculpté à gauche des images sculptées des dieux de la trinité Shiva, Brahma et Vishnu, qui se tiennent derrière l'image principale de Shiva et Parvati. La sculpture des dieux de la trinité donne l'impression qu'ils sont satisfaits du couple assis composé de Shiva, son épouse et leur fils. Dans la représentation individuelle, Brahma est sculpté avec quatre têtes et quatre mains. Les mains supérieures tiennent un vase d'eau et un akshamala ; la main droite inférieure est levée en signe de reconnaissance envers Shiva, tandis que la main gauche est en kataka mudra. La sculpture de Vishnu le représente également avec quatre mains ; il tient un chakra et une conque dans ses mains supérieures, la main gauche inférieure exprimant sa gratitude envers Shiva et la main droite inférieure levée en kataka mudra. L'image de Surya (le Soleil) est sculptée dans la partie supérieure du panneau, entre Brahma et Vishnu. Une autre sculpture de Brahma apparaît sur le mur du fond de la chambre gauche, tandis que la chambre droite présente un panneau de Shiva qui, selon les archéologues, était initialement destiné à accueillir un panneau de Vishnu. Une autre interprétation avancée pour expliquer la prédominance des panneaux de Shiva dans cette grotte est liée à la dimension religieuse de la région.
Les rois qui régnaient à cette époque passèrent du vishnouisme au shivaïsme. De plus, le panneau de Somaskanda dans cette grotte présente une composition architecturale différente de celle des panneaux similaires sculptés à Dharmaraja Ratha, au Temple du Rivage et dans la grotte d'Atiranachanda. Les archéologues suggèrent que ce panneau fut créé sous le règne de Rajasimha.
Vishnu Anantasayana
Sur la face sud de la grotte se trouve un panneau représentant Vishnu Anantasayana. Madhu et Kaitabha, les deux démons, sont sculptés près des pieds de Vishnu, en position d'attaque, armés d'une gada (masse). Les démons sont en retraite, tandis qu'Ananta, sifflant et crachant des flammes les attaque. Vishnu, imperturbable, caresse Ananta pour l'apaiser. Le panneau représente également deux ganas (nains). Ces nains sont les ayudhapurushas (armes personnifiées) de Vishnu ; le gana masculin est appelé Shanka, et le gana féminin, la massue de Vishnu. L'autre scène du panneau, située en bas, montre trois figures : son chakra (disque) sous sa forme d'ayudha-purusha, Khadga (l'épée de Vishnu) à droite, et la figure féminine, Bhudevi.[10] Cette sculpture illustre la légende du Bhagavata Purana, selon laquelle, lors de la création, les asuras Madhu et Kaitabha dérobèrent les Védas à Brahma et les déposèrent au plus profond des eaux de l'océan primordial. Vishnu était le seul dieu capable de sauver les Védas. Aussi, voulurent-ils l'attaquer. Sesha, furieux, cracha des flammes jaillissant de ses capuchons et se jeta sur les démons. Maha Vishnu apaisa Sesha et prit l'avatar Hayagriva. Il tua les démons et rapporta les Védas à Brahma. En conséquence, Vishnu reçut les surnoms de Madhusudana – le vainqueur de Madhu – et de Kaitabhajit – le vainqueur de Kaitabha. Les corps de Madhu et de Kaitabha se désintégrèrent en 2 x 6, soit douze morceaux (deux têtes, deux torses, quatre bras et quatre jambes). Ces morceaux sont considérés comme représentant les douze plaques sismiques de la Terre.
La paroi nord de la grotte présente le bas-relief représentant la scène de bataille entre deux adversaires : la déesse Durga et le démon Mahishasura à tête de buffle. Ce panneau symbolise le triomphe du bien sur le mal. La sculpture est considérée comme l'une des plus belles créations de la période Pallava. Dans cette scène de guerre, Durga apparaît avec huit bras, chevauchant un lion à l'air féroce. Elle tient un khadga (épée), un dhanush (arc), des bana (flèches) et un ghanta (cloche) dans ses quatre mains droites ; ses quatre mains gauches brandissent un pasa, un sankha et un poignard. Une servante tient un chatra (parasol) au-dessus de la tête de Durga. Elle se trouve sur le champ de bataille avec son armée de guerrières et de ganas (nains). Elle est représentée attaquant, à l'aide de flèches, le démon Mahisha, le forçant à battre en retraite avec ses suivants.
Mahishasura est armé d'une gada (massue). La légende de Mahishasura est relatée dans les textes majeurs de la tradition shaktisme, connus sous le nom de Devi Mahatmya, qui fait partie du Markandeya Purana. L'histoire de Mahishasura est contée dans le chapitre où Markandeya narre la naissance de Savarnika Manu. L'histoire fut contée au cours du deuxième Manvantara (il y a environ 1,3 milliard d'années, selon le Vishnu Purana) par le sage Medha à un roi nommé Soorut, comme un événement survenu dans une époque aussi ancienne que le deuxième Manvantara. Mahishasura est décrit comme un être maléfique capable de changer d'apparence, mais jamais de dessein démoniaque. Selon Christopher Fuller, Mahishasura représente les forces de l'ignorance et du chaos dissimulées derrière les apparences. Le symbolisme est présent dans l'art hindou que l'on trouve en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est (par exemple, l'art javanais), où Durga est représentée comme un symbole serein, calme, posé et gracieux du bien alors qu'elle transperce le cœur et tue Mahishasura, effrayé, accablé et déjoué.