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La capitale de la dynastie des Pallava était, nous le savons, Kanchipuram, mais une grande part de leurs fondations religieuses et réalisations artistiques se trouvent dans leur principal port, Mahabalipuram, dont le nom ancien était Mahāmallapuram, d'après un des titres du roi Narasimhavarman It (r. vers 630- 668). On attribue à ce souverain un grand nombre de temples rupestres, c'est- à-dire des grottes, mais aussi un ensemble de cinq sanctuaires qui paraissent construits bien qu'ils soient en réalité entièrement sculptés à partir d'un immense bloc de pierre. Du fait de leur taille relativement réduite, qui les rapproche des chars de procession en bois de la période moderne, ces monuments sont généralement qualifiés de ratha, mais cette appellation désormais usuelle est très tardive et n'a pas de véritable fondement. De même, on les a baptisés du nom des cinq héros du Mahābhārata et de leur épouse commune parce que ces temples sont au nombre de cinq', mais, là encore, cette appellation est tardive et n'a aucun lien avec les divinités auxquelles ces temples étaient consacrés. Bien que taillés dans la pierre, ces temples montrent déjà toutes les caractéristiques de l'architecture construite qui se développera en Inde du Sud.
Deux d'entre eux, les ratha de Dharmaraja et d'Arjuna présentent tous les éléments constitutifs du parti dravida, avec superstructure pyramidale à faux étages entourés d'édicules en réduction, le premier, plus grand, comptant, en plus, une seconde cella au niveau supérieur.
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Les trois autres temples n'ont pas connu une pareille postérité, si ce n'est, justement, sous la forme des édicules ornant les superstructures : le ratha de Bhima adopte un plan oblong ouvert sur quatre côtés avec un péristyle entourant une cella allongée, dont le dégagement n'a pas été terminé, et une toiture en carène; le ratha de Draupadi a la forme d'une hutte villageoise, avec un toit à quatre pans imitant les toits de chaume; enfin, le ratha de Nakula et Sahadeva, décentré par rapport aux quatre autres, a un plan en abside.
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De toute évidence, le ratha de Dharmarāja était consacré à Siva, celui de Bhīma à Vişnu couché sur le serpent d'éternité et celui de Draupadi à Durga. Le cas de celui d'Arjuna est moins évident, mais il pourrait avoir été consacré à Subrahmanya, nom de Skanda dans le sud, tandis que la divinité du ratha de Nakula et Sahadeva reste inconnue. Le fait que les motifs de couronnement de tous ces temples aient été brisés systématiquement semble indiquer une désacralisation volontaire, sans doute lors de l'invasion des Cāļukya de 674.
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Source : Vincent Lefèvre, Les arts de l'Inde, collection Manuels de l'Ecole du Louvre. Mai 2025.