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Le cubisme est un mouvement artistique qui s'est développé principalement de 1907 à 1914 à l'initiative des peintres Pablo Picasso et Georges Braque. La période innovante du cubisme est celle de l'avant-guerre. Jean Metzinger, Albert Gleizes, Robert Delaunay, Henri Le Fauconnier et Fernand Léger rejoignent le mouvement. Après la Première Guerre mondiale, le cubisme perd son statut d'avant-garde au profit de l'abstraction géométrique et du surréalisme. Picasso, Braque, Gris, Léger, Gleizes et Metzinger, tout en développant d'autres styles, retournent périodiquement au cubisme, même bien après 1925.

Le cubisme prend sa source dans une lettre de Cézanne à Émile Bernard, du 15 avril 1904, de laquelle sera tirée une phrase souvent répétée pour justifier les théories cubistes : « Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central. » Cependant la suite de cette phrase est souvent occultée : « Les lignes parallèles à l'horizon donnent l'étendue, soit une section de la nature ou, si vous aimez mieux, du spectacle que le Pater Omnipotens Aeterne Deus étale devant nos yeux. Les lignes perpendiculaires à cet horizon donnent la profondeur. Or, la nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air ».

Le cubisme héritant des recherches de Cézanne sur la création d’un espace pictural qui ne soit plus une simple imitation du réel, et des arts primitifs qui remettent en cause la tradition occidentale, le Cubisme bouleverse la notion de représentation dans l’art.

Le cubisme veut aussi se justifier et se rattacher à Cézanne par la recherche d'une solidité et d'une densité en réaction aux recherches des effets lumineux et atmosphériques des Impressionnistes qui, du moins dans un certain nombre de paysages, tendent à noyer et éthérer les volumes dans des papillotements de couleurs. Mais là encore, c'est sans doute aller au-delà de ce que prônait Cézanne.

Le terme cubisme provient d'une réflexion d'Henri Matisse, relayée par le critique d'art Louis Vauxcelles, qui devant les paysages rapportés de l’Estaque par Braque (nottament Maison à l'Estaque), pour son exposition à la galerie Kahnweiler, en novembre 1908, déclare : "Braque réduit tout, paysages, figures, maisons, à des figures géométriques, à des cubes". Auparavant, dans un contexte similaire, le critique Louis Chassevent, dans son article de 1906 sur "Les Artistes indépendants", définit alors Jean Metzinger comme "un mosaïste comme Signac, mais il est plus précis dans sa découpe des cubes de couleurs, qui semblent avoir été fabriqués par une machine". L'usage général du terme "cubisme" date de 1911, principalement en référence à Metzinger, Gleizes, Delaunay et Léger. En 1911, le poète et critique Guillaume Apollinaire a accepté le terme au nom d'un groupe d'artistes invités à exposer aux Indépendants de Bruxelles.


Le Précubisme, ou phase Cézanienne (1906-1910)

La démarche du précubisme s'attache à la représentation en volume de l'objet, à la manière de Cézanne ou des masques africains ; la perspective traditionnelle est souvent malmenée. La phase cézanienne concerne essentiellement Pablo Picasso et Georges Braque.

Le Cubisme analytique (1910-1912)

Lors de cette deuxième phase, l'objet est déconstruit et toutes ses facettes sont représentées en fragments, sans aucun égard pour la perspective. Cette période de recherche se caractérise par un chromatisme très peu saturé (gris, brun, vert, bleu terne). En revanche, la lumière occupe une place très importante et elle se répartit de manière différente sur chaque fragment. Le cubisme analytique concerne essentiellement Pablo Picasso, et Braque, qui coopèrent et rivalisent d'inventivité pour toujours pousser plus loin la démarche. Leurs toiles tendent à la stylisation abstraite. Plus ils s'approchent de l'objet, cherchant à le rendre plus expressif par la multiplication des points de vu, plus ils perdent la réalité de l'objet. En ce sens, ils font une experience semblable à celle que connait la science avec la découverte du principe d'incertitude d'Heisenberg.

Le Cubisme synthétique (1912-1914)

Cette période est caractérisée par le retour de la couleur et par l'utilisation de la technique du collage (papiers, objets). Le peintre sélectionne les facettes les plus pertinentes de l'objet déconstruit (contrairement à la deuxième phase, où il n'y a pas de sélection). Des éléments de la réalité sont réintroduits, notamment par le collage de papiers ou donnant des indications de matière à l'objet représenté (faux bois ou toile cirée). Braque et surtout Juan Gris donneront à ce style une rigueur et une sérénité classique.

Metzinger et Gleizes signent, en 1912, le premier traité théorique sur le cubisme, Du "Cubisme", publié dans un effort de dissiper la confusion qui fait rage autour du mot, et comme un moyen de défense majeur du cubisme qui avait causé un scandale public à la suite du Salon des Indépendants de 1911 et le Salon d'Automne de 1912. Il pose le le principe d'observer un sujet à partir de différents points dans l'espace en même temps, c'est-à-dire, l'acte de se déplacer autour d'un objet pour le saisir à partir de plusieurs angles successifs fusionnés en une seule image.

Le post Cubisme : Section d'or, orphisme

 

La section d'or

Le groupe de Puteaux réunit un groupe d’artistes et de critiques étroitement liés au cubisme, mais se plaçant dans une approche « post-cubiste ». Le groupe s’est constitué vers 1911 à l’occasion de réunions régulières de peintres, poètes et mathématiciens chez les Duchamp, qui habitaient une petite maison à Puteaux, alors un village de la banlieue ouest de Paris.

Le groupe de Puteaux adopte le nom de La section d'or afin de se distinguer de la définition plus étroite du cubisme développé en parallèle par Picasso et Braque à Montmartre. Marcel Duchamp était féru de sciences et de mathématiques, et tous ses amis, entre autres Gleizes, Kupka, Léger, Metzinger, Picabia, Henry Valensi, Auguste Perret, Salmon, Apollinaire, et Maurice Princet (le « mathématicien du cubisme ») rêvaient de transformer le monde à partir des découvertes « einsteiniennes » tournant autour du nombre d'or.

Tous réussirent en 1912 une grande exposition à la Galerie d'art parisienne La Boetie, hors marché et sans intermédiaire, connue aujourd'hui encore sous l'appellation Salon de la Section d'Or. Valensi était secrétaire de l'aventure et, sur les conseils éclairés de Jacques Villon et de Marcel Duchamp, son frère, il a farouchement tenu éloigné de l'organisation les agents et galeristes, « incapables de comprendre à quoi nous touchons avec notre Art ». Pour la première fois, Duchamp accrocha son Nu descendant un escalier, refusé au Salon des indépendants du printemps de 1911. En plus des oeuvres d'art des frères Duchamp, Raymond Duchamp-Villon, Jacques Villon et Marcel Duchamp, d'autres artistes y figuraient tels qu’Archipenko, Roger de la Fresnaye, Juan Gris, Fernand Léger, Frantisek Kupka et Francis Picabia. Le discours d'ouverture est prononcé par Guillaume Apollinaire. Le titre du groupe a été proposé par Jacques Villon, après la lecture d'une traduction de « Trattato della Pittura » de Leonardo da Vinci par Joséphin Péladan. Péladan attachait une grande importance mystique à la section d'or et à d'autres configurations géométriques similaires. Pour Villon, ceci est le symbole de sa conviction dans l'ordre et l'importance des proportions mathématiques car il reflète les modes et les relations qui se trouvent dans la nature.

L'orphisme

Le poète Guillaume Apollinaire distingue, lors de cette exposition de la Section d'Or, le cubisme scientifique du cubisme orphique. Le nom « orphisme » fait clairement référence à son poème Orphée de 1908, qui traite de poésie pure, sorte de "langage lumineux". Grand admirateur de Cézanne, auquel il rêva de consacrer une longue étude qui ne vit jamais le jour, Apollinaire fut dès leurs débuts le défenseur des peintres cubistes. C'est lui qui leur inspira ou qui décela ou, plus vraisemblablement, qui imagina dans l'analyse de leurs œuvres, avec un certain lyrisme, une dimension métaphysique. En 1908, il rédige la préface du catalogue de l'exposition du Cercle de l'art moderne du Havre dans laquelle il énonce Les Trois Vertus plastiques, reprise en introduction des Peintres cubistes (1913), collection de réflexions et de commentaires de Guillaume Apollinaire. L'idée essentielle d'Apollinaire est la nécessité de la destruction de la notion d'un Dieu créateur remplacé par la notion que chaque homme est Dieu lui-même, dans la mesure où il prend conscience de sa divinité, et qu'en conséquence, les hommes n'ont aucune raison pour vouer un culte à la nature, qui n'est alors qu'un aspect minuscule, passager et périssable de l'Univers. La grande préoccupation d'Apollinaire est de voir, ainsi qu'il le dit, "la nature terrassée". Il juge le culte de la nature comme le seul obstacle à la possession de ce qu'il nomme la "pureté", le seul obstacle à la conquête de l'absolu par l'humanité. Aux formes terrestres, il oppose " la grandeur des formes métaphysiques"

Les deux principaux représentants du Cubisme orphique (1914-1921) sont Robert Delaunay et sa femme Sonia Delaunay. La couleur se détache de toute forme et permet la création, dans leurs œuvres, de cercles concentriques colorés, donnant rythme et vitesse au tableau. À cette époque, Apollinaire considère que Robert Delaunay est le peintre le plus influent avec Picasso : « Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d'une part le cubisme de Picasso, d'autre part, l'orphisme de Delaunay. »(Guillaume Apollinaire Die Moderne Malerei [La peinture moderne] dans Der Sturm, février 1913).

Au Salon des Indépendants de 1913, Metzinger et Gleizes défendent le cubisme, tandis que les autres membres de la section d'or, Duchamp, Les Delaunay, Picabia, Kupka vont s'en détacher. Le début de la Première Guerre mondiale, en 1914, entraîne la dispersion du groupe.