Le 11 mai 2011, après la projection du film Pina de Wim Wenders au cinéma Lux, discussion sur les avantages et faiblesses de la 3D avec une classe du collège Emile Zola de Giberville.

 

Les semaines avant la projection, les élèves ont travaillé sur les chorégraphies de Pina Bausch avec leur professeure. Ils ont aussi répondu à ce questionnaire de préparation en ligne, permettant d'avoir quelques informations sur leurs habitudes de cinéma, leurs connaissances sur la technique de la 3D et sur ce qu'ils pensent de son intérêt esthétique.

 

Dix-neuf réponses du questionnaire :

 

Technique
Deux projecteurs avec un écran métallique et des lunettes polarisantes : 4
un projecteur avec un écran métallique et des lunettes polarisantes : 2
deux projecteurs avec un écran normal et des lunettes à cristaux liquides : 1
un projecteur avec un écran normal et des lunettes à cristaux liquides : 0
Non réponse : 12

Avenir : 13, 3, 3 non : coûte cher, pas au point.

Esthétiques 1 : 16 réponses sur (important, effet moyen, pas d'effet)
1er plan : 11,5
Coprésence : 7, 8,1
survol : 6, 5,5


Esthétique 2 : 15 réponses (important, effet moyen, pas d'effet)
Profondeur de champs : 4, 7,4
gros plan ; 4, 7, 4
montage : 8, 5,2

 

1-L'histoire de la 3D :
(A partir du clip de Arte, en ligne sur Allociné),

Les 4 vagues de la 3D
Tournage
develop-pement
Projection
Films
1
Plateforme deux caméras anaglyphe Deux projecteurs, écran mat, lunettes anaglyphes Audioskopics (1935)
Deux objectifs parallèles anaglyphe Deux projecteurs, écran mat, lunettes anaglyphes. Meurtre en 3D (1941)
2
Deux objectifs parallèles   Deux projecteurs, écran métallique, lunettes polarisées. Bwana le diable (1952) à Le crime était presque parfait (1954)
3
Imax3D   projecteurs multiples, lunettes polarisées. Capitaine EO (1986), Chérie j'ai rétréci le public (1994).
4
Plateforme deux caméras avec objectifs convergents  

Un projecteur avec ,

soit un écran métallique et des lunettes polarisées,

soit un écran mat et des lunettes à cristaux liquides et obturation alternée.

Spy Kids 3 D (2003), Voyage au centre de la Terre 3-D (2008), Avatar (2009), Pina (2010)
Argentique 2 D vers 3 D   Superman Returns (2006)
Création numérique 3 D   L'âge de glace 3 (2009)

plus de détail : ici.

 

2 - La 3D au Cinéma Lux

Aucun des élèves n'avait répondu juste à l'ensemble des questions portant sur l'équipement technique de la salle du Lux. Deux principaux procédés de projection se partagent le marché:

Procédé Real3D, utilisé par l'UGC cité-ciné de Mondeville

Procédé des filtres polarisés ou Real3D : devant l’objectif du projecteur numérique est ajouté un boîtier qui polarise en inverse les images pour l'œil droit et l'œil gauche, et des lunettes polarisantes circulaires sont portées par les spectateurs, afin que chaque œil ne reçoive que les images qui lui sont destinées. Cette technique nécessite l’emploi d’un écran métallisé ou argenté, afin de conserver la polarisation de la lumière réfléchie. Les lunettes, dites passives, sont presque identiques qu'il y a cinquante ans pour le procédé natural vision. Elles utilisent toutefois le principe de polarisation circulaire, qui offre davantage de liberté de mouvement aux spectateurs.

Procédé Xpand, utilisé par le Lux et Le Café des Images

Procédé dit « alterné » ou XpanD : Le spectateur se voit remettre une paire de lunettes à cristaux liquides dont les verres ont la propriété de s’obscurcir lorsqu’ils reçoivent le signal adéquat. En occultant un œil puis l’autre de façon synchronisée avec le système de projection (96 Hz) qui alterne image gauche et image droite 48 fois par seconde, chaque œil ne perçoit que l’image qui est destinée. La synchronisation se fait alors grâce à un signal infrarouge entre les lunettes et le projecteur via un signal infrarouge provenant d'un émetteur situé au-dessus de la cabine de projection.

 

3 - Esthétique de l'image 3D

   
Premier plan en 3D conservé: l'échelle qui s'avance vers le spectateur dans Audioscopiks (1935)
Le monstre du lagon qui fonce vers le spectateur dans L'étrange créature du lagon noir (1954)
   
Le crime était presque parfait : Alfred Hitchcock (1954)
La paire de ciseaux et la clé du verrou : deux des principaux effets travaillés avec la 3D

 

Accentue l'impression d'être présent dans l'action
Accentue l'impression d'être présent sur scène

Là où la 3D semble encore balbutiante, c'est dans sa capacité à s'extraire du réel pour faire surgir une émotion. Les effets classiques du gros plan semblent ainsi s'estomper avec la 3D. Dans Pina, le visage de la jeune femme sacrifiée au premier plan lors de la danse du Sacre du printemps rend davantage compte de l'état physique de la danseuse, (crispée, fatiguée, suant) que de l'instant dramaturgiquement important. L'effet de réalité de l'actrice domine sur l'émotion tragique du personnage. Sans doute l'effet gros plan est-il mieux rendu lors des interviews d'acteurs pris en plan rapproché taille.

Un grand merci aux élèves, à leur professeure, Véronique Lambert, à Transat video et au cinéma Lux pour cette matinée de cinéma et d'échanges.

 

Jean-Luc Lacuve le 18/05/2011