(1940-2009)
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Pina Bausch est la troisième enfant d'August et Anita Bausch, gérants d'hôtel à Solingen où elle est née. Elle décrit son enfance en soulignant qu'elle a « grandi dans un bistrot », où elle passait son temps sous les tables à observer les gens, une activité qu'elle qualifie de « belle et captivante ». Déjà enfant elle prend des cours de danse et participe à de petits spectacles pour enfants et des opérettes.

Elle commence sa formation de danse à 14 ans à la Folkwang-Hochschule d'Essen, berceau de la danse-théâtre, dirigée par Kurt Jooss et influencée par Jean Cébron. En 1958, elle obtient son diplôme de danse de scène et pédagogie de la danse avec mention, ce qui lui vaut d'obtenir une bourse de la DAAD (Bureau d'échange pédagogique allemand) pour partir étudier à la prestigieuse Juilliard School à New York. À 19 ans, elle s'envole donc pour les États-Unis où elle poursuit ses études avec plusieurs chorégraphes, dont José Limón et Antony Tudor et travaille comme soliste pour plusieurs chorégraphes américains, notamment Paul Taylor et Antony Tudo. Elle finit par une formation au sein de la Dance Company de Paul Sanasardo et Donya Feuer et en 1961, elle est embauchée par le Metropolitan Opera de New York et rejoint le New American Ballet.

En 1962, elle repart en Allemagne, rappelée par Jooss. Elle devient soliste du Folkwang-Ballett et assiste de plus en plus souvent Jooss dans ses chorégraphies. Au sein de cette formation, elle participe à de nombreuses tournées. En 1967, elle travaille avec le danseur et chorégraphe Jean Cébron et se produit en 1968 au Festival de Salzbourg. À partir de 1968, elle se met à la chorégraphie et prend la suite de Jooss en 1969. Elle est directrice artistique de la section danse de la Folkwang-Hochschule à Essen jusqu'en 1973 et à nouveau de 1983 à 1989.

Dès 1972, elle donne aussi des cours de danse moderne. Arno Wüstenhöfer, directeur du centre artistique Wuppertaler Bühnen, la convainc en 1973 de rejoindre la troupe et d'en assurer la direction en lui laissant une grande marge de manœuvre et en lui permettant d'engager des danseurs de la Folkwang-Hochschule. En 1972, elle rencontre Dominique Mercy aux États-Unis, et l'invite à rejoindre sa compagnie à Wuppertal en 1974, lui confiant alors les rôles principaux. Depuis, le centre artistique de la danse de Wuppertal porte son nom (Tanztheater Pina Bausch). Ses six premières créations, de janvier 1974 à decembre 1975, laissent une large place à la musique classique. Ce met déjà en place sa méthode. Elle interroge ses danseurs pendant tout le processus de création et creuse la vie de chacun, leur passé, pour les faire danser. Elle dénonce les codes de la séduction, la solitude dans le couple et travaille sur la communication dans les rapports hommes-femmes. Tout le travail se fait dans le silence pas de musique au départ, pas d'inspiration musicale. La musique grandit parallèlement. Le travail se fait sur des qualités, sur des formes sur des couleurs, des formes, des choses plus ou moins concretes. Pina Busch procede selon un rituel de questions et c'est au danseurs de proposer une série de gestes. Ensuite Pina Bausch essaie des musiques, des fois ça marche tout de suite, Danzon le solo sur Callas, des fois des essais multiples avec adaptations sont nécessaires.

C'est une vision très pessimiste qui s'exprime par des petits gestes anodins répétés, ou par l'accumulation des danseurs sur scène. Souvent, dans ses spectacles, une femme reste impassible et engage une rupture ou une transition vers une autre scène. Les "rondes à la Pina Baush" désignent ces petits gestes repris par les hommes ou les femmes ou les deux, une sorte de signature, même si elle les utilise moins en fin de carrière. Une autre marque est la fluidité qu'elle développe sur le haut du corps, induisant de grands mouvement de bras, la souplesse du buste, et des jeux récurrents avec les cheveux souvent très longs de ses danseuses. C'est un des exemples de langage ou de style par lesquels les chorégraphes ou les danseurs ont fait exister une autre danse.

 

Fritz (création le 5 janvier 1974)

 

Iphigénie en Tauride de Gluck (création le 21 avril 1974)

 

 

Orphée et Eurydice de Gluck (création le 23 mai 1975)

En 1976, lors d'une soirée consacrée à Bertolt Brecht et Kurt Weill Les Sept Péchés capitaux des petits bourgeois) Pina Bausch rompt définitivement avec les formes de danse conventionnelles en expérimentant de nouvelles formes de cet art. Elle introduit le concept de danse-théâtre ou Tanztheater sur la scène allemande et internationale, provoquant à ses débuts de nombreuses critiques. Ses spectacles mêlent la parole et le jeu d'acteur à la danse et est parfois plus appréciée des gens de théâtre que de ceux de la danse.

Renate s'en va (création le 30 décembre 1977
Café Müller (création le 20 mai 1978)

Dans Café Müller, elle a travaillé sur son passé de jeune fille dans le café de ses parents en Allemagne. La fluidité du haut du corps balloté entre en collision avec des changements de tonus. La danseuse reste imperturbable par rapport à ce qui se passe autour d'elle, elle suit sa ligne tracée. Les personnages se croisent, nos souvenirs personnels interfèrent et de la scène se dégage l'émotion intense de la solitude.

En 1979, elle est invitée par Gérard Violette au Théâtre de la Ville à Paris qui dès lors sera une de ses scènes de prédilection, où elle a présenté plus de trente spectacles, dont de nombreuses créations mondiales. Jusqu'au milieu des années 1980, le Tanztheater Wuppertal est le fleuron du ballet allemand, et une des compagnies allemandes les plus demandées au niveau international.

Nelken - Les Œillets (création le 30 décembre 1982)

Dans l’attention aux détails, ses chorégraphies organisées le plus généralement sous forme de saynètes décrivent les émotions, notamment dans les rapports entre les hommes et les femmes, souvent teints d'érotisme léger. Un autre aspect central du travail de Pina Bausch réside dans une recherche scénographique très élaborée et généralement particulièrement spectaculaire (montagne de fleurs, champs d'œillets, parois végétales, bateau, rochers massifs, rivières et cataractes d'eau...) pour une salle de spectacles, composée depuis 1980 par Peter Pabst. À cela s'associent les longues robes soyeuses et colorées des danseuses et les stricts costumes deux-pièces ou chemises flottantes des hommes, pour les costumes créés par Marion Cito qui participent de la signature de la chorégraphe.

Ses dernières oeuvres sont inspirées des grandes villes ou des pays du monde où elle séjourne, invitée avec sa compagnie en résidence afin de s'imprégner de l'atmosphère des lieux : Budapest et la Hongrie (Wiesenland), Palerme et la Sicile (Palermo, Palermo), Istanbul et la Turquie (Néfes), Tokyo et le Japon (Ten Chi), Lisbonne (Masurca Fogo), Hong Kong (Le Laveur de vitres), Madrid (Tanzabend II), Rome (Viktor en 1986 puis O Dido en 1999), Los Angeles, et le Texas (Austin) (Nur du), Séoul et la Corée du Sud (Rought Cut), Vienne (Ein Trauerspiel), le Brésil (Agua) et plus récemment l'Inde et en particulier Calcutta et le Kerala pour la création 2007. Ses pièces sont alors marquées par les musiques du monde.Sa dernière création date de juin 2009 et est inspirée d'une résidence de la compagnie en février 2009 à Santiago du Chili.

La pleine Lune (création le 11 mai 2006)

La pleine Lune (Vollmond en allemand). Un rocher immense sous une pluie diluvienne qui remplit le centre du plateau. Un ballet sur le désir, l'amour et les relations hommes-femmes, sujets de toujours. Les danseuses en robes longues et à la chevelure libre et interminable tournoient et éclaboussent tandis que les robes se froissent et traînent dans l’eau. Orage et mousson indienne. Mais ‘Pleine lune’ ne serait pas signé Pina Bausch sans ses intermèdes théâtraux, alpaguant le public et libérant la parole. La chorégraphie peut être fulgurante comme le plongeon dans l’air d’une danseuse grimpée sur une chaise.

Kontakthof pour adolescents de 14 ans et plus (création novembre 2008)

Pina Bausch a réalisé un unique film, La plainte de l'impératrice (1990). Des traces de Pina Bausch au cinéma, on en a vu dans E la nave va (Fellini, 1983) où elle interprétait le rôle d'une princesse aveugle, rappelant son rôle d'aveugle dans Café Müller. La cinéaste Chantal Akerman a réalisé en 1983 le documentaire Un jour Pina a demandé... sur le travail de Pina Bausch. Pina Bausch a également été choisie par son ami le metteur en scène espagnol Pedro Almodóvar pour danser son célèbre Café Müller en introduction de son film Parle avec elle en 2001. On y voit également, à la fin, une scène du spectacle Masurca Fogo.

La cinéaste Lee Yanor a réalisé un "documentaire portrait" de Pina Bausch, Coffee with Pina, où l'on voit Pina reprendre son solo de Danzon par amitié pour Lee Yanor. On la voit également dans des vidéos personnelles dansant avec un cheval que lui avait offert son ami Bartabas.

La chorégraphe, qui avait toute sa vie refusé la captation vidéo de ses spectacles, ne laisse que deux témoignages visuels de son travail. L'un à travers le film produit par François Duplat pour Bel Air Media, à savoir la reprise à l'Opéra national de Paris en 2008 de l'opéra dansé Orphée et Eurydice de Gluck. L'autre à travers la reprise de Kontakthof d'une part dans une version avec des sexagénaires qui n'ont jamais été des danseurs, et d'autre part dans une seconde version avec le film documentaire Les Rêves dansants (2010) d'Anne Linsel et Rainer Hoffmann, tourné en 2008, qui présente le processus de création de cette chorégraphe "avec des adolescents de plus de 14 ans".

Elle meurt le 30 juin 2009 à l'âge de 68 ans, cinq jours après avoir appris qu'elle souffrait d'un cancer généralisé.

Le 6 avril 2011, sort en France le film tourné en 3D Pina de Wim Wenders en hommage à la chorégraphe, tourné après son décès, et présentant un grand nombre de reprises de ses chorégraphies filmées dans des lieux originaux.

Sources :

 

Filmographie :

1990 La plainte de l'impératrice

(Die klage der kaiserin). Avec : Mariko Aoyama, Anne Marie Benati, Bénédicte Billet, Rolando Brenes Calvo, Antonio Carallo. 1h46.

Un champ fraîchement labouré. Une longiligne ballerine affublée d'un costume qui évoque les "bunnies", les hôtesses du magazine Playboy, juchée sur des talons-aiguilles, se tord les chevilles en parcourant le champ sans but apparent, suivie par la caméra en lents panoramiques....

   
   
   
   
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