Organisé par la Bibliothèque publique d’information en collaboration avec l’association Les Amis du Cinéma du réel, le festival Cinéma du réel se tiendra à Paris du 22 au 31 mars. L’occasion de voir de nombreux documentaires reflétant la diversité des genres et des formes d’approche cinématographiques. 

Affiche du 39e festival du cinéma du réel
 
46e festival du Cinéma du réel, du 22 au 31 mars 2024
site officiel

 

Palmarès décerné par le jury des longs-métrages :
Radu Jude, Andrea Queralt, Hervé Birolini, Manuel Asín & Marie Voignier:

Grand Prix : Direct Action de Guillaume Cailleau et Ben Russell
Prix international : Silence of Reason de Kumjana Novakova ; Mention spéciale : tú me abrasas de Matías Piñeiro
Prix Cnap du film français : Les mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio ; Mention spéciale : Voyage à Gaza de Piero Usberti
Prix Sacem : La Laguna del Soldado de Pablo Álvarez-Mesa

L'accès à la grande salle du cinéma de Beaubourg

 

L'espace dédié au festival au niveau -1 :

 

LE JURY COURTS MÉTRAGES ET PREMIERS FILMS DÉCERNE

Prix du premier film Loridan-Ivens : The Roller, the Life, the Fight d’Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi Prix du court métrage : The Periphery Of The Base de Zhou Tao Mention spéciale : Light, Noise, Smoke and Light, Noise, Smoke de Tomonari Nishikawa
Prix Tënk : Longtemps, ce regard de Pierre Tonachella

LE JURY DES JEUNES DÉCERNE Prix des Jeunes : Sauve qui peut d’Alexe Poukine Mention spéciale : Les Mots qu’elles eurent un jour de Raphaël Pillosio

LE JURY DES BIBLIOTHÈQUES DÉCERNE Prix : Resonance Spiral de Filipa César & Marinho De Pina Mention spéciale : Sauve qui peut d’Alexe Poukine

 

Chaque année, Cinéma du réel accueille les cinéastes qui partout dans le monde font le cinéma documentaire contemporain. Pour Catherine Bizern, il s'agit de rendre compte du documentaire comme un cinéma de la mise en scène. C’est à partir de cette volonté que s’est imposée l’idée cette année de présenter le travail de trois cinéastes qui sur la cartographie du cinéma se trouvent à des coins opposés du territoire : la première rétrospective française de Claudia von Alemann, cinéaste essentielle du mouvement féministe en Allemagne, qui ne craint pas de mêler les langages et les dispositifs narratifs pour créer une œuvre au croisement des territoires du politique, de l’expérience commune et de l’intime ; James Benning, figure essentielle du cinéma indépendant américain, arpenteur de l’Amérique et témoin de son histoire, qui fait vivre au spectateur l’expérience du temps et de l’espace, de ce que le paysage contient de récit et cache d’événements ; Jean-Charles Hue, qui entre fiction et documentaire, nous plonge au cœur d’une réalité tourmentée, dangereuse, intense, au côté des Yéniches en France ou des laissés pour compte à Tijuana. 

Le cinéma documentaire est ainsi un vaste territoire aux frontières flottantes, poreuses, aux expérimentations tant formelles que narratives. Ce sont ces expérimentations singulières dont la compétition tente de rendre compte à travers un ensemble de films français et étrangers, longs et courts métrages, de jeunes cinéastes ou de réalisateurs reconnus. C’est aussi l’expérimentation qui est le dénominateur commun de la sélection des premiers gestes documentaires remarquables présentés dans Première Fenêtre par ceux qui seront les cinéastes de demain. Les programmations Front(s) populaire(s) et les séances spéciales complètent cet ensemble de films contemporains qui questionnent et légendent le monde que nous habitons. 

C’est à un cheminement plus anarchique, sans distinction, que nous invitons aussi les spectateurs de Cinéma du réel. Comme dans un système rhizomatique les films se complètent, les films se regardent : « des films qui se donnent la main » était l’expression de Marie-Pierre Duhamel. Des films qui remettent en jeu les tensions de notre contemporain, en font émerger l’âpre complexité, le frottement, et en même temps l’évidence. Évidence de la persistance coloniale à laquelle sont confrontées les populations des territoires d’outre-mer, comme le racontent les films tournés en Guadeloupe par Martine Delumeau et Malaury Eloi Paisley, à la Réunion par Cécile Laveissière et Jean-Marie Pernelle ou à la Martinique par Florence Lazar. Évidence de la persistance coloniale qui émerge peu à peu de Dahomey, le film de Mati Diop qui ouvre cette année le festival. Le colonialisme toujours dans Soundtrack of a Coup d’Etat, qui fait le lien entre le mouvement des droits civiques aux États-Unis et les luttes d’indépendance en Afrique. Colonialisme encore avec le film de Raphaël Pillosio, Les mots qu’elles eurent un jour : elles, ces combattantes algériennes, magnifiquement filmées par Yann le Masson à leur sortie de prison. Le portrait de ces femmes modernes, engagées et éprises de liberté en 1962 nous rappelle aussi combien le combat contre le patriarcat est loin d’être nouveau, et loin d’être gagné. De féminisme si tel est le nom de ce combat, il sera également question cette année dans le cadre de la rétrospective consacrée à Claudia von Alemann mais aussi dans les films de Claudine Bories, Natacha Thiéry, Sabine Groenewegen, Kumjana Novakova notamment. Occasion de s’arrêter un instant sur l’expérience politique des femmes cinéastes à travers leurs films et leur parcours. Et puis il y a Gaza, non pas l’événement qui vient tout à coup faire irruption et comme un moment de stupeur interrompre le cours de nos existences, mais comme quelque chose qui nous arrive à tous et reconfigure notre lecture du temps présent, des relations humaines et de notre rapport au monde. C’est aussi à l’aune de ce qu’il se passe à Gaza, ici et maintenant, que nous regardons, non seulement les films tournés en Palestine, mais aussi à Sarajevo ou au Haut-Karabagh. 

 

SÉLECTION INTERNATIONALE

AEROFLUX de Nicolas Boone France | 42’ |
AMERICIUM de Théodora Barat France | 64’ |
ARANCIA BRUCIATA de Clémentine Roy France, Allemagne | 74’ |
BOOLEAN VIVARIUM de Nicolas Bailleul France | 55’ |
CAPTURE de Jules Cruveiller France | 39’ |
DIRECT ACTION de Ben Russell, Guillaume Cailleau Allemagne, France | 216’ |
LE FARDEAU d’Elvis Sabin Ngaïbino République centrafricaine, France, République Démocratique du Congo, Allemagne Italie | 80’ |
GAMA de Kaori Oda Japon | 53’ |
THE GARDEN CADENCES de Dane Komljen Allemagne | 62’ |
HOMING de Tamer Hassan États-Unis, Brésil | 34’ |
IMPERIAL PRINCESS de Virgil Vernier France | 48’ |
LA LAGUNA DEL SOLDADO (The Soldier’s Lagoon) de Pablo Álvarez-Mesa Colombie, Canada | 77’ |
LEAVING AMERIKA de Marie-Pierre Brêtas France | 117’ |
LIGHT, NOISE, SMOKE, AND LIGHT, NOISE, SMOKE de Tomonari Nishikawa Japon, États-Unis | 6’ |
LONGTEMPS, CE REGARD de Pierre Tonachella France | 57’ |
LOUIS ET LES LANGUES d’Aurélien Froment Royaume-Uni | 22’ |
MARBLED GOLDEN EYES de Kevin Jerome Everson États-Unis | 12’ |
MODÈLE ANIMAL de Marceau Boré, Maud Faivre France | 51’ |
LES MOTS QU’ELLES EURENT UN JOUR de Raphaël Pillosio France | 84’ |
ON THE BATTLEFIELD de Theresa Delsoin, Lisa Marie Malloy, J.P. Sniadecki, Ray Whitaker États-Unis | 16’ |
OÙ SONT TOUS MES AMANTS ? de Jean-Claude Rousseau France | 6’ |
OZR EL WEZZAH (The Goose’s Excuse) de Mahdy Abo Bahat, Abdo Zin Eldin Égypte, Royaume-Uni | 25’ |
THE PERIPHERY OF THE BASE de Zhou Tao Chine | 53’ |
REMANENCE de Sabine Groenewegen Pays-Bas | 20’ |
REPUBLIC de Jin Jiang Singapour, Chine | 107’ |
RESONANCE SPIRAL de Filipa César, Marinho de Pina Portugal, Guinée-Bissau, Allemagne | 92’ |
THE ROLLER, THE LIFE, THE FIGHT d’Elettra Bisogno, Hazem Alqaddi Belgique | 85’ |
SAUVE QUI PEUT d’Alexe Poukine Belgique, France, Suisse | 98’ |
THE SIGNAL LINE de Simon Ripoll-Hurier France | 68’ |
SILENCE OF REASON de Kumjana Novakova Macédoine du Nord, Bosnie Herzégovine | 63’ |
SOUNDTRACK TO A COUP D’ETAT de Johan Grimonprez Belgique, France | 150’ |
SOUS LES FEUILLES de Florence Lazar France | 61’ |
STONE, HAT, RIBBON AND ROSE d’Eva Giolo Belgique | 16’ |
TÚ ME ABRASAS (You Burn Me) de Matías Piñeiro Argentine | 64’ |
UNDER A BLUE SUN de Daniel Mann Israël, France | 79’ |
VOYAGE À GAZA de Piero Usberti France | 67’ |
VUELTA A RIAÑO de Miriam Martín Espagne | 15’ |

Jean-Luc Lacuve, le 4 avril 2024
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