Les livres qui ont fait date sur Hitchcock sont déla nombreux, le Chabrol-Rivette, le livre d’entretiens avec Hitchcock de Truffaut, la biographie officielle de John Russell Taylor et la biographie "noire" de Donald Spoto, le Hitchcok au travail de Bill Khron.



Patrick McGilligan est américain, il vit à Milwaukee et est l’auteur de plusieurs biographies non autorisées (Clint Eastwood, Jack Nicholson, Fritz Lang, Robert Altman ou Ginger Rogers). Il reprend, cite et commente ses prédecessurs tout en prenant en incluant des entretiens, des annotations personnelles d'Hitchcock et celles de ses proches collaborateurs inédits pour éclairer des facettes erronées, voire négligées de sa vie afin d'élaborer une biographie complète.Beaucoup de recherches à Londres, dans le quartier où Hitchcocok a grandi. l'étude de sa scolarité et de sa carrière professionnelle lui nt aussi permis de retrouver des contacts qu’Hitchcock a eus avec deux criminels bien connus dans l’Angleterre des années 20. Edith Thompson, accusée de meurtre, ainsi que le nationaliste irlandais Reggie Dunn. Le jeune Hitchcock a pris des cours de danse auprès du père d’Edith Thompson et, jeune garçon, est allé à l’école des Jésuites avec Reggie Dunn. Thompson a été impliquée dans une affaire de crime passionnel. Dunn, quant à lui, a commis un assassinat politique. Tous deux ont été reconnus coupables et condamnés à mort même si Thompson, et c’est intéressant, a clamé son innocence. Et Hitchcock était convaincu qu’elle avait subi une injustice. Par conséquent, si on part de Jack l’Éventreur en passant par des meurtriers accusés à tort, des assassinats entre époux et des terroristes fanatiques, oui, on peut affirmer que l’enfance et la jeunesse d’Hitchcock ont imprégné son univers cinématographique criminel.

Son amour du théâtre l’amenait à s’intéresser à des pièces sérieuses mais également à des comédies musicales. Et il a assisté à toutes sortes de représentations dès son plus jeune âge. Il appréciait l’opéra et les spectacles de vaudeville ; et c’est non sans une certaine fierté qu’il affirmait connaître toutes les chansons populaires de l’époque et qu’il en débitait les paroles dans les soirées. Bon nombre de ses scenarii ont intégré des chansons, surtout dans la première moitié anglaise de sa carrière. Il fréquentait aussi régulièrement les musées et il a étudié brièvement la peinture et l’histoire de l’art. C’était un peintre plutôt doué, et bien sûr il a commencé sa carrière dans le monde du cinéma en réalisant des décors et en rédigeant et décorant des cartons intertitres. Il parvenait toujours à esquisser des plans de prise de vue et des décors en deux coups de crayon. Il ne pouvait se passer de lire journaux et magazines. C’était un rat de bibliothèque enragé qui s’intéressait à la littérature dans son ensemble mais plus particulièrement au suspense, au crime, à la comédie et à l’histoire. Et bien sûr, j’ai déjà mentionné que c’était un écrivain habile et prometteur. Ajoutons aussi qu’en quittant St Ignatius, il n’a suivi que des études d’ingénieur en mécanique et électricité ; et que chez Henley’s Hitchcock est devenu expert, au début, dans le calcul du diamètre et du voltage des câbles électriques avant d’être promu dans le secteur commercial où il a appris la conception graphique et les techniques de vente, deux domaines dans lesquels il excellait. Le cinéma était un art nouveau, récent, moderne, qui combinait toutes ses passions. Les films l’avaient intéressé dès son enfance et il regardait tout ce qui passait à Londres, y compris les films étrangers, plus particulièrement les productions hollywoodiennes. Il a confié plus tard qu’il était "américophile", un néologisme de son invention. Ce n’est pas qu’il n’avait pas la fibre patriotique. Il faisait preuve de clairvoyance. L’industrie du cinéma britannique avait toujours montré ses faiblesses sur les plans économique et artistique. Hollywood régnait en maître sur le monde. Il ne se contentait pas de lire les magazines américains grand-public consacrés au 7e art, il lisait aussi les revues de l’industrie cinématographique. Le jour où la Paramount a annoncé son intention d’ouvrir en 1919 à Islington une filiale de production dirigée par des Américains chevronnés venus de Hollywood, il va sans dire qu’Hitchcock est allé postuler pour y décrocher un emploi. Le dossier où il a rassemblé dessins, esquisses et scripts devait être particulièrement impressionnant. Et même s’il a commencé au bas de l’échelle, il avait en main les clés d’un avenir radieux.

Même le "MacGuffin" n’est pas une invention de lui comme il l’a aisément admis quand on lui a posé la question. En toute probabilité, le "MacGuffin" a été créé par l’écossais Angus MacPhail qui faisait partie de son cercle d’amis dans les années 30. Il était plus celui qui emprunte et accommode les meilleures trouvailles des autres en ce qui concerne le récit criminel ou le tournage des films. Mais il n’est pas nécessaire de faire preuve d’originalité pour exercer une influence durable. Finalement, c’est en empruntant aux meilleurs et en s’efforçant d’être le meilleur qu’Hitchcock a conçu un modèle et donné son nom à une marque de fabrique dans son domaine.

Vertigo : "La célèbre scène du baiser circulaire n'était pas au programme avant le 16 décembre…. La scène était difficile à tourner, car les acteurs devaient s'embrasser sous un certain angle tandis que la caméra circulait très près d'eux ; ils devaient s'incliner ensemble de façon à pouvoir finalement sortir du champ. A la seconde prise, Stewart glissa et tomba. Le tournage fut interrompu pendant une heure pour lui permettre de consulter le médecin du studio. Quand il revint, ce plan déchirant, d'une grande beauté romantique, l'un des plus beaux de toute l'œuvre d'Hitchcock, fut finalement terminé en fin de journée."

Entretiens avec Truffaut. En 1960, à New York, François Truffaut rencontre Helen Scott, chargée des relations avec la presse pour le French Film Office. Celle-ci deviendra sa traductrice et sa collaboratrice attitrée aux Etats-Unis. En avril 1962, François Truffaut dévoile à Robert Laffont et à Helen Scott son intention de faire un livre sur le cinéma. Des entretiens radiophoniques avec des écrivains lui donne l’idée de créer un livre à partir d’entretiens enregistrés avec Alfred Hitchcock.
François Truffaut écrit alors à Alfred Hitchcock le 2 juin 1962 pour lui demander un entretien, "Cher monsieur Hitchcock... Au cours de mes discussions avec des journalistes étrangers et surtout à New York, je me suis rendu compte que l'on se fait souvent une idée un peu superficielle de votre travail. D'autre part, la propagande que nous avons faite aux Cahiers du cinéma était excellente pour la France, mais inadéquate pour l'Amérique, car trop intellectuelle. Depuis que je fais de la mise en scène, mon admiration pour vous n'a point faibli, au contraire, elle s'est accrue et modifiée. J'ai vu cinq à six fois chacun de vos films, et je les regarde à présent davantage sous l'angle de la fabrication. Beaucoup de cinéastes ont l'amour du cinéma, mais vous, vous avez l'amour de la pellicule et c'est de cela que je voudrais parler avec vous. Je que vous m'accordiez un entretien au magnétophone qui se poursuivrait pendant une huitaine de jours et totaliserait une trentaine d'heures d'enregistrement, et cela dans le but d'en tirer non des articles, mais un livre entier qui serait publié simultanément à New York et à Paris, puis par la suite probablement un peu partout dans le monde."

A Los Angeles, Hitchcock achève son 48ème film, "Les Oiseaux". Il envoie un télégraphe à Truffaut pour lui fixer la date de leur premier rendez-vous : le 13 août 1962, jour de son 63ème anniversaire, dans ses bureaux à Universal. Les entretiens se poursuivirent jusqu'au 18 août, et à raison de plusieurs heures par jours

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Alfred Hitchcock :
une vie d’ombres et de lumière
Patrick McGilligan
1127 pages au format 24x15. Editeur : Actes Sud, janvier 2011. Collection : Insitut Lumière. 32,5 €