La douce

Fédor Dostoïevski

1876

Adapté par Robert Bresson dans Une femme douce

Le narrateur n'écrit pas, il parle. Il nous fait partager sa douleur, celle d'un homme dont la femme vient de se suicider. Il nous raconte comment tout cela est arrivé. Pas encore désespéré mais en état de choc, le regard déchiré par l'incompréhension, le visage dans les mains. Il est face à l'impossible : demain le corps de cette femme sera emporté et il restera seul, alors il tente d'éclaircir le mystère de cette mort en se remémorant leur histoire...

C'est une jeune fille de 16 ans, enthousiaste, généreuse et sensible qui se retrouve face à un homme mûr et pingre, souhaitant réunir 30.000 roubles pour passer une paisible retraire. Il reste distant et taciturne avec elle et lui reproche sa générosité avec une cliente dans leur établissement de prêts sur gages.

Elle rencontre alors un autre homme ayant appartenu au même régiment que son mari. Elle devient humiliante, il la rejette, elle tombe malade, il comprend qu'il ne peut se passer d'elle. Il veut alors l'écouter, devenir généreux... Il sort 2 minutes pour une course... 2 minutes qui suffisent à la jeune fille pour mettre fin à ses jours.


Le héros de cette histoire est un homme étriqué, ridicule, vénal et médiocre, capable pourtant d'éprouver un réel sentiment d'amour pour cette jeune fille : un héros à l'âme torturée cherchant désespérément à échapper à sa condition humaine et au doute existentiel qui l'assaille.

"Je suis une partie... qui veut faire le mal et fait le bien" dit le héros alors que la jeune fille lui remet une icône représentant la vierge et l'enfant, icône qu'elle emportera avec elle dans la mort.


"Je ne doutais pas de mon pouvoir sur elle. C'est formidable lorsque l'on ne doute même plus", songe-t-il ensuite.