Suppléments sur DVD 2 :
La Nouvelle Orléans. Le journaliste Burke Devlin se passionne pour le meeting d’acrobaties aériennes qui doit avoir lieu. Fasciné par le pilote Roger Shumann et par sa femme LaVerne, Devlin décide de les loger chez lui, avec leur fils et leur mécanicien. Mais lors de la première session d’acrobaties, Roger Shumann a un accrochage et détruit son propre appareil… |
|||||
![]() |
![]() |
||||
D'aucuns, dont Sirk lui-même, considéraient La ronde de l'aube, basé sur Pylon de William Faulkner, comme l'un de ses meilleurs films. Même Faulkner l'a considéré comme la meilleure adaptation de l'une de ses uvres. Sirk, qui a fait appel au même trio d'acteurs (Hudson, Stack et Malone) que dans Ecrit sur du vent, a créé là un film magnifique et puissant sur le destin tragique et l'échec d'un petit groupe de pilotes acrobatiques qui devient l'obsession d'un reporter alcoolique. "Ce type (Robert Stack) qui cherche son identité, un homme qui se tient debout sur des sables mouvants. La terre ferme ne lui procure aucun sentiment de sécurité, c'est dans les airs qu'il cherche ses certitudes - c'est une idée folle (de Faulkner), et magnifique, je crois. " (Douglas Sirk). LA RONDE DE LAUBE PAR BOURGET & BERTHOMIEU
(25 mn)
Dorothy Malone retrouve dans La ronde de l'aube un rôle proche
de celui de Marylee dans Ecrit sur le vent avec une forte présence
sensuelle. Elle est désirée par tous les hommes et tombe
du ciel, la jupe relevée comme donnée à tous. Dorothy
Malone, actrice pourtant pudique, retrouve chez Sirk un personnage érotique
flamboyant comme la libraire du grand sommeil en lunette d'intello qui
allumait Bogart. Le personnage de Marylee semblait toutefois mieux assumer
sa sexualité. Dans les deux films elle est aussi, de façon
très romanesque, tombée amoureuse très jeune. Sirk
la décrit avec une grande élégance quand elle quitte
Matt Ord parfaite avec sa jupe droite et remettant ses chaussures. Quelles que soient les failles dans les personnages, ils sont magnifiés
par la mise en scène. Depuis leur entrée en scène
très chorégraphique dans le générique et
par les contre-plongées. Le cercueil de Miller porté juste avant le départ de
ce qui sera le dernier vol de Shumann rappelle celui du temps d'aimer
et du temps de mourir.
FAULKNER / SIRK : LA DÉFAULKNÉRISATION
DE "PYLÔNE" (25 mn)
Remarquable étude de ladaptation de Pylône par Marguerite Chabrol, enseignante à luniversité Paris X. Faulkner accepte avec facilité le travail alimentaire de scénariste
à Hollywood. Il a beaucoup travaillé avec Hawks sur Le
grand sommeil mais aussi sur une de ses nouvelles Après
nous le déluge qui abordait déjà le thème
de l'aviation. Faulkner a fait son service militaire dans l'aviation durant la première guerre mondiale. Il a ensuite passé son brevet de pilote et acheté un avion. Outre le thème de l'aviation, Pylône comporte celui récurent de l'alcoolisme, de l'héroïsme désabusé celui des héros de guerre contraints au spectacle forain, du conflit avec le monde moderne suite à la grande pauvreté des années 30. Le un roman est généralement jugé inutilement compliqué et pas à la hauteur de ses grands chefs-d'uvre de Faulkner. Sirk à la UFA voulait déjà adapter un roman sur l'aviation et particulièrement Pylône de Faulkner. Le projet ne se fait pas à la UFA. Lorsque la Universal achète les droits de Pylône, ce n'est plus tant le thème de l'aviation qui intéresse Sirk dans le roman que les thèmes du désenchantement et de l'alcoolisme. On y retrouve la même structure que dans Ecrit sur du vent avec son témoin d'un couple qui se détruit. L'adaptation est signée par George Zuckerman. Sirk qui s'implique dans le scénario dit vouloir défaulknériser le roman. C'est à dire sans doute pour lui transformer l'esthétique faulknerienne avec sa structure narrative complexe et ses thèmes violent en esthétique hollywoodienne conforme à une thématique et une stylistique plus classique. La conduite du récit n'est pas facile à suivre dans
le roman. On ne sait ainsi pas toujours qui parle et on ne le comprend
souvent que rétroactivement. Sirk met en place une mécanique
du récit efficace avec un enchaînement des scènes
très lisible. Sirk respecte aussi l'esthétique hollywoodienne avec des acteurs
très glamour alors que les personnages du roman sont souvent
décrit en habit de mécanicien et plein de cambouis. Sirk retrouve néanmoins l'esprit du roman par d'autres aspects. Faulkner s'était ainsi beaucoup inspiré du poème, La terre vaine écrit par TS Eliot en 1922. Sirk en lit des passages sur le tournage pour expliquer à Rock Hudson son personnage de bouffon vis à vis de celui, plus grandiose, interprété par Stark.
Disparition du ménage a trois formé avec le parachutiste. C'est le mécanicien qui joue un peu ce rôle et qui permet d'ouvrir comme le roman avec l'interrogation quant à savoir qui est le père de l'enfant. Les personnages de Faulkner sont ambigus sexuellement, androgyne. Dans le roman, l'alcoolisme de Devlin est beaucoup plus présent. Il déforme sa perception des choses et provoque même des hallucinations. Confusion et hallucinations sont supprimées du film mais Sirk se sert du thème de l'alcool pour construire des raccords entre les scènes. De plus chaque fois qu'un personnage se sert un verre, ce verre est commenté ce qui renforce la présence du thème. L'absinthe, alcool violent, est remplacée par des boissons diverses : whisky bourgogne. L'adaptation pose aussi la question du réalisme. Le roman s'appuie sur beaucoup de descriptions qui lui donnent un ancrage contextuel. Trois sont particulièrement importantes celle décrivant le lieu, celui du Nouveau valois, celle sur la grande dépression et la crise économique et celle sur le journalisme. Le carnaval est présent dans le film mais surtout pour structurer l'histoire. Il sert de plan de transition d'un lieu à un autre et est particulièrement important dans la scène avec le masque de la mort. Alterne les espaces extérieurs ouverts de jour et les intérieurs fermés de nuit.
Sirk reprend l'ensemble des acteurs de Ecrit sur le vent avec un personnage feminin qui fait l'objet d'une profondeur supplémentaire, nostalgique, en voulant retrouver son passé. Le roman adopte un point de vu narratif assez flottant. Certes le
point de vue du journaliste est dominant mais l'action est saisie aussi
à travers le regard d'autres personnages. Sirk n'utilise pas
de focalisation interne. Il n'utilise pas de voix off et les hallucinations
avec l'alcool ont disparues. Le thème de la communication impossible
ou difficile est très développé. |
Carlotta-Films
|
||
présente, également disponible dans
le Coffret Douglas Sirk
,
|
||