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Coffret Nagisa Oshima en 9 films

 

Editeur : Carlotta-Films. Mars 2015. Coffret 9 films, combo 3 Blu-ray et 6 DVD. DVD et Blu-ray 1 : La pendaison. DVD et Blu-ray 2 : Le petit garçon. DVD et Blu-ray 3 : La cérémonie. DVD 4: Carnets secrets des Ninjas - Le Journal de Yunbogi. DVD 5 : Journal du voleur de Shinjuku - Le piège. DVD 6 : Il est mort après la guerre - Une petite sœur pour l’été : 60,20 €.

Suppléments : Préfaces de Mathieu Capel et Bandes-annonce.

Fer de lance de la Nouvelle Vague japonaise avec son compatriote Kijû Yoshida, le réalisateur Nagisa Oshima reste l’une des figures les plus contestaires et visionnaires du cinéma nippon. Après avoir réalisé quatre films avec la Shochiku, Oshima prend progressivement son indépendance financière et artistique : la décennie 1961-1972 est celle des expérimentations formelles et narratives, considérée comme l’apogée de son oeuvre.

Ce Coffret 6 DVD + 3 Blu-ray présente neuf de ses plus grands films dont certains sont longtemps restés inédits.

Le piège
Une petite soeur pour l'été
Entre Le piège (1961) et Une petite soeur pour l'été (1972), neuf des quatorze films réalisés entre 1961 et 1972 par Nagisa Oshima avec des classiques majeurs comme Le petit garçon (1969) ou La cérémonie (1971).

Né à Kyoto en 1932, Nagisa Oshima représente la figure de proue de la nouvelle vague japonaise et le partisan d’une notion exacerbée du cinéma d’auteur.  Après des études de droit politique à l’Université de Kyoto, il entre en 1954 à la Shochiku en tant qu’assistant-réalisateur, notamment avec Yoshitaro Nomura, Masaki Kobayashi, et Hideo Oba. Le studio Shochiku lui permet de tourner ses premiers films, Une ville d’amour et d’espoir (1959), Contes cruels de la jeunesse (1960) et L’enterrement du soleil (1960), films au sujet neuf et au style énergique qui le désignent comme l’un des chefs de file de la «nouvelle vague japonaise». Mais son film suivant, Nuit et brouillard au Japon (1960), tourné pratiquement à l’insu du studio et traitant d’un sujet politique brûlant, cause un scandale. La Shochiku retire le film de l’affiche au bout de 4 jours.

Oshima quitte la compagnie avec fracas et crée sa propre compagnie, la Sozosha, avec l’aide de sa femme, l’actrice Akiko Koyama.  Il tourne alors une douzaine de films s’attaquant à divers tabous du Japon moderne, en particulier le sexe et le crime. C’est dans cette perspective que se situent L’obsédé en plein jourÉté japonais : double suicide, À propos des chansons paillardes au Japon et Le retour des trois soûlards. En marge des chefs-d’œuvre plus classiques comme Le Petit garçon (1969) ou La Cérémonie (1971), ces 4 films comptent parmi les plus provocateurs de leur auteur. Formellement audacieux, politiquement rebelles, ils associent drame et burlesque et laissent une très forte impression de liberté artistique totale. Encore méconnus aujourd’hui, ils illustrent une période exceptionnellement fertile et inventive dans la carrière du réalisateur. 

À la fin des années 60, Oshima dissout sa compagnie, pensant abandonner le cinéma. C’est grâce à la collaboration d’un producteur français, Anatole Dauman, qu’Oshima peut tourner ce qui devient son plus grand succès international : L’empire des sens (1976). Il réalise ensuite L’empire de la passion (1978) prix de la mise en scène à Cannes, Furyo (1983) avec David Bowie et Max, mon amour (1986), et se consacre également à la télévision. Son dernier film, Tabou, remonte à 1999.

 

Mathieu Capel présente La pendaison (1968), 5'

Lors de ses deux précédents films, Oshima a pris contact avec ATG, réseau indépendant de distribution du Japon. A partir de 1968, ATG devient compagnie de production. Evaporation d'un homme d'Immamura et La pendaison inaugurent ces films au budget  de 10 millions de yen, financé pour moitié par ATG et pour moitié par le réalisateur, ici en l'occurrence par la Sozosha.

En 1958, une jeune fille est retrouvée assassiné dans son lycée. Le criminel entretient un dialogue avec le journal de la ville et nargue la police avec des coups de téléphone. Il écrit même une nouvelle sur un meurtre non encore découvert. Coréen résident au Japon, lycéen, il est arrêté et pendu en 1962.

L'affaire connait un grand retentissement avec la mauvaise conscience japonaise devant la discrimination envers la population coréenne résidente qui n'a pas le même statut qu'elle.

Oshima s'intéresse à la forme théâtralisé de nouveaux crimes consubstantiels aux nouveaux medias de masse. Symboliquement, les murs du pénitencier sont recouverts de journaux.

Succès du film auprès du public de la contreculture mais aussi des cahiers du cinéma et de Positif qui prennent conscience de l'importance d'Oshima dans l'histoire du cinéma en train de s'écrire.

 

 

Mathieu Capel présente La cérémonie (1971), 5'

Le thème de la famille, présent dans Le petit garçon est repris de façon plus traditionnelle et ancienne, au sein d'une maison japonaise qui peut rassembler jusqu'à quatre générations. Le film apparait si complexe que lors du festival de Cannes, un arbre généalogique de la famille Sakurada est intégré au dossier de presse pour aider à s'y retrouver. Qui plus est, il y a toujours un doute au sein des liens parentaux chez Oshima.

Dans l'histoire familiale s'enroule l'histoire japonaise avec le principe de l'après coup, si important pour Oshima. Le temps de l'analyse est nécessaire pour que l'individu soit marqué par les événements de l'histoire. Ainsi existe-t-il un léger décalage avec la grande histoire du Japon dans les épisodes successifs, 1946, 1952, 1956, 1961 et 1971 (cadre d'un film qui procède par flashes-back) et les grandes dates de l'histoire. 1946, c'est un an après l'abandon par l'empereur de ses pouvoirs; 1952, c'est quelques mois après la guerre de Corée  et le traité qui place le Japon sous l'égide de l'allié américain. 1956 ; le mariage de oncle japonais communiste succède à l'orientation moins radicale de ce parti. 1961 ; après la contestation citoyenne (1959-1960); 1971 : après la guerre de Tokyo (abordée dans le film précédent, il est mort après la guerre), les émeutes étudiantes. C'est aussi et surtout quelques mois après le suicide en grande pompe de Mishima en 1970.