Histoires du cinéma
Voir : Films et cinéastes islandais
Pêcheur d'Islande, (Jacques de Baroncelli, 1924)
Noï Albinoï (Dagur Kari, 2001)

320 000 habitants, dont 200 000 dans l'agglomération de la capitale, Reykjavik. Pays riche de poissons, de moutons, de sources d'eau chaudes et de mythes qui attirent les touristes. Indépendant du Danemark depuis 1944, ce petit pays entre les mers et l'enfer de glace semble héberger une curieuse population d'amateurs de culture. Ils se disent peuple d'individualistes, avec le plus grand taux de livres édités, de prix Nobel et même de production de films dans le monde... par nombre d'habitants !

Les origines

La première pierre du cinéma islandais a été posée en 1906 par un Danois, Alfred Lind, qui a tourné un documentaire de trois minutes dans le pays, l'Islande étant à l'époque une possession de la couronne danoise. L'inauguration de la première salle de cinéma est fêtée cette même année à Reykjavik.

C'est cependant avec l'arrivée en 1919 de la compagnie Nordisk Film de Copenhague, pour le long-métrage L'Histoire de la famille Borg, que le cinéma islandais commence à prendre forme sous l'impulsion des productions danoises. Ce film est une adaptation d'un roman de Gunnar Gunnarsson écrit en 1914 et contant un conflit typiquement islandais : le tiraillement entre l'envie d'émigrer à l'étranger et le besoin de rester sur ses terres ancestrales. Le héros du film est joué par un acteur islandais.

Les réalisateurs insulaires restent alors dans l'ombre des cinéastes danois et étrangers, bien mieux équipés techniquement et financièrement. C'est ainsi que Jacques de Baroncelli exploite les paysages de l'île en 1924 pour son adaptation de Pêcheur d'Islande, de Pierre Loti.

Quelques films sont cependant réalisés par des Islandais. Parmi eux, Hadda Padda en 1923, un thriller réalisé par Gunnar Robert Hansen et le metteur en scène de théâtre Gudmundur Kamban, toujours produit par la Nordisk danoise.

Le cinéma islandais moderne

Le cinéma islandais est caractérisé par la nature particulière de sa production qui relève plus de l'artisanat que de l'industrie. Longtemps confié à des passionnés capables d'hypothéquer leurs propriétés pour tourner un film, le cinéma islandais se tourne depuis les années 2000 vers des longs-métrages destinés à l'exportation.

Fridrik Fridriksson est la figure tutélaire du cinéma islandais moderne. Il fonde en 1987 l'Icelandic Film Corporation qui est très vite devenu la plus importante structure cinématographique en Islande, produisant ou coproduisant la majorité des films nationaux. La réputation grandissante de la société lui a permis d'édifier un imposant réseau de partenaires, comportant entre autres Zentropa de Lars von Trier ou American Zoetrope de Francis Ford Coppola. Cette reconnaissance l'a amené à coproduire des films comme Dancer in the Dark ou No Such Thing de Hal Hartley.

En tant que réalisateur, il rencontre l'approbation critique internationale grâce à son deuxième long-métrage Les enfants de la nature (1991), nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère et contant l'échappée belle de deux retraités sur les routes islandaises. Il a également joué dans le film Le Direktør de Lars von Trier en 2006.

Diplômé de l'Académie des Arts d'Islande, Baltasar Kormákur (né en 1966) est l'un des acteurs les plus doués de sa génération. C'est sur les planches qu'il s'illustre d'abord, jouant, produisant ou dirigeant des mises en scène indépendantes extrêmement populaires. En 2000, 101 Reykjavik , Survivre (2010) et réalise 2 guns (2013)

Solveig Anspach (1960-2015) née à Heimaey dans les îles Vestmann, d’une mère islandaise et d’un père autrichien est diplomée de la Femis en 1989. Elle s'installe, dans les années 1990 en Seine-Saint-Denis et obtient la nationalité française.Par la suite, elle continue de faire des allers-retours entre documentaire (Made in the USA, film sur la peine de mort aux États-Unis, en 2001), et fiction (Stormy Weather, avec Elodie Bouchez, en 2003). Après Reykjavik, des elfes dans la ville en 2001, elle tourne à nouveau dans son pays, l'Islande, avec Back Soon en 2008. Elle meurt en 2015 d'une récidive d'un cancer alors que sort en 2016 sort son dernier film, L’effet aquatique, dernier volet de la trilogie comique entamée avec Back Soon.

Dagur Kári (né en 1973) realise en 2003 Noi l'albinos alors que Benedikt Erlingsson réalise coup sur coup les remarquables Des chevaux et des hommes (2013) et Woman at war (2018).

Jean-Luc Lacuve, le 26 juillet 2018.

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