At Berkeley

2013

Avec : Bruce D. Varner. 4h04.

Une enseignante accueille les nouveaux arrivants. La légende dit que l'université  fut fondée par deux joueurs et un tenancier de salon, un soir lors de la ruée vers l'or du XIX. Dans la réalité, ce sont des élus qui ont voulu cette université pour leur état. C'est comme aujourd'hui ironise-t-elle; ils ont mis vingt ans à le faire et ont manqué d'argent.

Néanmoins, le mythe dit quelque chose. Berkeley n'est pas comme Harvard une université fondée par un groupe de puritains séduit par l'idée d'une institution modèle d'enseignement supérieur. Certes, elle fut fondée sur le modèle de Harvard et Yale mais aussi avec un rêve, un sens de l'avenir et de la diversité : on doit avoir accès à l'université même si on n'est pas issu de l'élite et différentes idées doivent pouvoir coexister.

Les vues sur les espaces verts magnifiques puis le discours de Bruce D. Varner à son équipe illustrent immédiatement ce propos comme quoi Berkeley, c'est beaucoup d'espace mais peu d'argent. L'état de Californie n'accorde plus que 308 millions de $ de fonctionnement et il faut les fonds de l''Etat fédéral pour la recherche pour obtenir le budget total annuel de 1 900 millions de $. Le pays a pourtant assez d'universités privées, Standford ou Harvard, mais le désengagement progressif de la Californie fait qu'elle ne contribue ainsi plus qu'à 16 % du budget de l'université alors que ce ratio est resté longtemps au dessus de 50%. D'où la nécessité de préserver la suprématie de l'école pour lui conserver son caractère public. L'objectif du séminaire est de réduire les coûts de 75 millions, Berkeley se doit aussi d'être un modèle de gestion. L'université pourr alors mieux surveiller l'endettement des étudiants des classes moyennes et augmenter les aides. Il faudra organiser une collecte de dons pour ces étudiants.

Dans le cours de sociologie de l'éducation, la professeure fait parler les élèves sur l'impact structurel sur la société des décisions de restructuration du système éducatif. Faire payer des frais additionnels sur certains cours très prisés augmente les emprunts mais aussi les décisions ultérieures d'aller vers le privé plus que le public.

Une étudiante se désole que l'école aux USA soit plus dure qu'aux Caraïbes où tout est gratuit et où école et travail sont liés. L'école n'est pas un lieu d'ouverture d'esprit mais un lieu ou l'on acquiert une position sociale, une capacité à produire et à consommer renchérit un autre. Une troisième s'offusque des interventions télévisées d'un plombier qui a réussi et qui, croyant ne devoir cette réussite qu'à lui-même, rejette toutes les aides de l'état aux plus démunis.

L'enseignante s'interroge aussi sur la compassion croissante sur la pauvreté hors Amérique parallèlement au rejet des politiques fiscales d'aide aux plus pauvres des citoyens américains. Une étudiante noire refuse ce nouvel intérêt pour la précarité des classes moyennes alors que son peuple a toujours subi des discriminations.

Atelier pratique de robotique. Un étudiant s'applique devant son ordinateur à partir duquel il manipule un robot humanoïde qui s'empare d'une serviette éponge sur un plateau et tente de la plier et déplier....

Un semestre sur le campus de la plus prestigieuse université publique américaine : Berkeley. Frederick Wiseman nous montre les principaux aspects de la vie universitaire et plus particulièrement les efforts de l’administration pour maintenir l’excellence académique et la diversité du corps étudiant face aux restrictions budgétaires drastiques imposées par l’État de Californie.

A travers les différentes facettes de cette institution mythique, At Berkeley nous donne accès au débat sur l'avenir de l'enseignement supérieur aux États-Unis. L'un des cours de sociologie de l'éducation théorise en effet l'impact structurel sur la société des décisions de restructuration du système éducatif. Ce n'est pas le seul cours qui est donné à voir, ainsi l'atelier de robotique où un étudiant s'applique à manipuler un robot humanoïde qui s'empare d'une serviette éponge sur un plateau et tente de la plier et déplier.

La vie sociale des étudiants n'est pas oubliée : soirée festives autour de spectacles ou sports permis par le magnifique parc dans lequel se trouve l'université.

Au total une description en forme de plaidoyer pour une institution qui se bat pour être généreuse et performante en dépit de l'air du temps qui ne lui est pas favorable.

Jean-Luc Lacuve le 15/09/2014

Test du DVD

Editeur : Montparnasse, Septembre 2014. 18,90 €

Alalyse du DVD