Saudade

2011

(Saudâji). Avec : Tsuyoshi Takano (Seiji Hori), Hitoshi Ito (Hosaka 'Bing'), Dengaryu from stillichimiya (Takeru Amano), Deejai Paweena (Miyao), Ai Ozaki (Mahiru), Chie Kudo (Keiko Hori), Dennis Oliveira de Hamatsu (Dennis), Ieda de Almeida Hamatsu (Pinky),Yusuke Noguchi (Yukihiko Amano), Shinji Murata (Tomioka), Tomohito Nakajima (Kawanaka). 2h47.

Kôfu, dans la préfecture de Yamanashi jouxtant celle de Tokyo, Seiji, 36 ans, travaille sur des chantiers. Il sympathise avec Hosaka tout juste revenu de Thaïlande où on le surnommait Bing, celui qui vole. Seiji, qui trouve ses compatriotes trop arrogantes a épousé une thaïlandaise, Keiko, esthéticienne dans un salon de soins pour riches bourgeoises. Il a pour maîtresse une autre thaïlandaise, plus jeune, Miyao, hôtesse et danseuse dans un bar où il entraine Bing.

Seiji ne rechigne pas à la tache. Souvent coincé entre deux blocs d'acier, il déblaie la terre tout en évitant à la pompe à eau de s'engorger. Il travaille depuis longtemps avec trois camarades sous la direction d'un chef plus âgé qui exécute des contrats pour une entreprise qui les négocie elle-même avec difficulté. Bing espère s'intégrer au groupe qui voit même arriver un nouvel ouvrier, Takeru Amano, peu au fait du travail de chantier et auquel on ne confie que le soin de remplir des sacs de terre.

Amano est membre du collectif hip-hop de la ville, Army Village. Touché par la crise économique, il chante son mal-être et sa rage contre la société. Il vit très mal sa proximité avec les brésiliens immigrés dont la communauté a investi les HLM qu'il habitait avec son frère et ses parents dans son enfance. La communauté brésilienne venu au temps de la prospérité économique voit, un à un, ses membres se décider à repartir au pays. Ce n'est pas le cas de Dennis qui ne trouve pas de travail mais s'impose comme leader d'un groupe de rap qui connait un début de célébrité.

Dans un Japon de plus en plus pollué, un riche mafieux avec Jaguar et femme effacée tente d'imposer un lucratif commerce d'eau pure, censée nettoyer le corps et embellir la peau mais dont la première conséquence est de donner la diarrhée.

La crise touche durement Kôfu. Les quartiers marchands typiques construits après la guerre, autrefois très animées, ont fait faillite et leurs rues sont désormais appelées "shutters streets", à cause des rideaux de fer baissés des nombreux magasins. L'équipe de Seiji est confrontée aux manques de moyens, aux pelleteuses en panne, ce qui les oblige à déblayer à la pelle alors que les entreprises songent à se replier vers le pachinko, jeu addictif qui n'intéresse pourtant plus les jeunes générations. Seiji, qui refuse la demande de sa femme d'avoir un enfant, voudrait divorcer et partir avec Myio refaire sa vie en Thaïlande. Miyao lui fait comprendre le coté illusoire de son rêve. Elle désire acquérir la nationalité japonaise et gagner de l'argent. Keiko s'engage aux côtés d'un candidat à la députation.

Amano est appelé au téléphone par Mahiru qui organise de l'événementiel autour de la culture brésilienne. Mahiru fut autrefois une fille un peu perdue, caissière dans un supermarché elle aida la famille d'Amano très pauvre en lui donnant des produits de première nécessité. Elle fut finalement prise sur le fait et renvoyée. Amano est impressionné par le changement qui s'est opérée en Mahiru depuis son exil à Tokyo. Elle est aujourd'hui positive et dynamique. Il lui promet la participation de son groupe à la "bataille des mots" qu'elle organise lors de la grande fête brésilienne.

Le jour de la fête venu Army village suscite la profonde indifférence du public. Mahiru tente de réconforter Amano lui expliquant que c'est les paroles japonaises que n'ont pas comprises les brésiliens. Le ressentiment d Amano se fait encore plus vif lorsque des amies de Mahiru lui laissent entendre de Mahiru est sortie avec un brésilien des qu'il a eu le dos tourné. Amano s'empare alors du couteau acheté par son frère et s'en va poignarder Dennis. Il demande alors à son groupe de prendre soin de son frère et se livre à la police. Dans une dernière fanfaronnade puérile, menotté, il lève les bras au ciel. Dans son bar, Miyao continue son spectacle de danseuse thaï.

Grand film chorale avec des destins d'hommes et de femmes de cultures diverses s'appuyant sur une base documentaire et humaine particulièrement riche et complexe.

Saudade est un mot galicien et portugais évoquant une douce mélancolie nostalgique, mais encore pleine d'energie. Le film montre le quotidien de Thaïlandais et surtout de Brésiliens venus travailler au Japon en masse dans les années 90. leur imigration était permise car leurs ancêtres, grands-parents ou arrière-grand parents étaient des japonais venus travailler au Brésil lors d'une ancienne émigration. Leur coexistence avec des natifs japonais est problématique pour les Amano qui se sont repliés sur une identité nationale. Seiji qui rêve de la Thaïlande ou Mahiru qui a su trouver un créneau dans l'événementiel tirent partie du mélange des cultures.