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The chronology of water

2025

Cannes 2025 D'après le roman autobiographique de Lidia Yuknavitch. Avec : Imogen Poots (Lidia), Thora Birch (Claudia), Tom Sturridge (Devin), Jim Belushi (Ken Kesey). 2h08.

Ayant grandi sous la domination d'un père incestueux et violent et d'une mère silencieuse, la jeune Lidia parvient à s'extraire de cet environnement en s’inscrivant à l'université contre la volonté de son père grâce à ses performances en natation. Là, traumatisée, elle s'abandonne au sexe, à l'alcool et la drogue dont Philip, son petit ami puis son mari, n'arrive pas à la sortir. Enceinte, elle trouve refuge chez sa sœur ainée, Claudia, qui avait fui plus tôt sa famille. Le bébé est mort né. Lidia s'inscrit de nouveau en littérature. La participation à un atelier d'écriture lui permet d'avoir confiance en ses capacités mais les premiers succès ne suffisent pas. Pas plus qu'un second mariage. Après un accident sous l'emprise de l'alcool où elle percute une conductrice enceinte, Lidia se soumet à des travaux d'intérêt général et devient professeure de littérature. Peu à peu, les mots lui offrent une liberté inattendue…

En plusieurs chapitres, le film prend le temps de décrire le long parcours vers la lumière de Lidia, fait de multiples tentatives pour sortir d'un passé terrifiant avec des rechutes inhérentes aux traumatismes subis. L'écriture lui permet de remodeler des séquences du passé pour l'apprivoiser.

C'est cette forme qu'explore le film à savoir retrouver dans le passé de quoi échapper à une sensation totalement cauchemardesque; d'où cette fragmentation des séquences, le montage éclaté et le motif de l'eau qui dilue le sang et permet en s'immerger tout à la fois pour fuir et se laver du passé. Les décadrages fréquents sont aussi une façon de ne pas figer le souvenir, de lui laisser un hors champ, un complément comme une pièce d'un puzzle à reconstituer pour échapper à la mort.

Dans un premier temps, seule la voix off permet d'unifier ces fragments d'une horreur qui paraît impossible à appréhender. "Face à la violence masculine, les enfants s'attachent à leur rêve (ou parfois à de simples cailloux trouvés) mais les femmes n'ont rien" dit-elle. Elle apprend à reformuler les fragments du passé en alternant ombre et lumière ; elle le fait à sa manière en essayant de retrouver un père qu'elle aurait pu aimer ; celui qui fut artiste, athlète, enfant, celui qui lui apprit à faire du vélo. Reconquête des corps à l'aide des mots. 

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