Découpé en sept zones (Voyage, Musée, Mémoire, Poésie, Guerre, Photo, Cinéma), le CD-Rom rassemble des images et des textes provenant de films, de photographies, d’extraits de programmes télévisés, de peintures, de gravures, d’illustrations, de poèmes pour une nouvelle représentation de la mémoire.

« Que l'héroïne de Vertigo d'Alfred Hitchcock, un film qui entre cent autres thèmes traite de la recherche folle d'un temps perdu, s'appelle Madeleine, c'est le genre de rencontre qu'on peut saluer d'un sourire connaisseur sans en exagérer la portée. Mais combien d'embranchements décisifs de nos vies ont reposé sur des rencontres encore plus ténues ? Celle-là suffit à introniser Alfred au côté de Marcel, et à le prendre aussi pour guide dans ce voyage à travers la mémoire ».

" Le programme permet une entière liberté de navigation, de récit non linéaire, (…) c’est la seule technique qui permette de simuler le caractère aléatoire et capricieux de la mémoire – ce que, par définition, le film ne peut pas (1)"

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Pour Sophie Walon (ENS LYON) : "Ce support permet ainsi à Marker de représenter une vision de la mémoire en termes géographiques (en termes de carte, de territoires fétiches, de trajectoires) plutôt qu’en termes de défilement chronologique : Entre ces archipels épars du souvenir, l’interactivité du CD-Rom permet de jeter des ponts grâce aux détours et bifurcations que le chat Guillaume suggère tout au long de la visite de ce musée virtuel de la mémoire markérienne. Ces éléments perturbateurs invitent l’interactant à dévier d’une déambulation trop linéaire, peu fidèle aux processus mnésiques réels.

Mais si ce musée est celui de la mémoire de Marker, avec ses souvenirs de voyages, ses films cultes, ses textes fétiches, Immemory n’est pas pour autant l’exposition d’une mémoire intime . Immemory expose une conception dialectique de la mémoire en examinant la porosité des interfaces entre souvenirs personnels et mémoire collective, en soulignant combien la mémoire est toujours un entrelacs complexe, un aller-retour incessant entre mémoire publique et mémoire privée. Même les souvenirs les plus personnels n’y sont pas le reflet d’une mémoire strictement privée mais plutôt le projet (proche de celui de Montaigne) de se prendre soi même comme sujet d’étude pour mieux comprendre l’humain en général et la mémoire en particulier. (2)"

Sources :

  1. Chris Marker, « Je ne demande jamais si, pourquoi, comment… », Entretien avec Jean-Michel Frodon, in Le Monde, 20 fevrier 1997.
  2. Sophie Walon (ENS LYON) sur implications-philosophiques.org
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Immemory

Initialement sur CD-ROM. A voir sur Gorgomancy

1997