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En 1959, Godard enrage de ne pas être à Cannes pour la projection des 400 coups. Il vole l'argent nécessaire au voyage dans la caisse des Cahiers alors que Jacques Rivette et Eric Rohmer sont eux contents d'écrire. Une fois le triomphe cannois du film de Truffaut, Godard se retrouve le seul de ses amis à ne pas avoir tourné. Il propose un scénario à Georges de Beauregard qui lui impose un scénario de polar écrit par Truffaut. Avec Claude Chabrol balancé à un poste de supervision technique cela permettra d'inscrire Godard dans la lignée des films à petits budgets qui font le succès de la nouvelle vague.
Les méthodes de tournage de Godard sont peu orthodoxes : réduire le temps de travail à parfois deux heures ou même rien s'il ne trouve pas une idée originale, ne donner les dialogues qu'au dernier moment aux comédiens. L'exaspération croit ainsi pour le producteur Georges de Beauregard, et la star Jane Seberg, tout juste sortie des films d'Otto Preminger, que tente d'amadouer son mari, François Moreuil, avec des conseils avisés. Godard bénéficie du soutien sans faille de son opérateur Raoul Coutard, du travail de son régisseur Pierre Rissient et de ses amis des Cahiers et des cinéastes qu'ils ont soutenus Roberto Rossellini, Jean-Pierre Melville et Robert Bresson.
Jane Seberg ne reste sur le tournage que parce que Jean-Paul Belmondo la séduit par son charme, son humour et sa confiance sans borne en Godard. Une fois le tournage fini, elle ne sait pas encore que le film sera un grand succès populaire et un succès critique qui ne s'est jamais démenti.
Le film se réduit à une succession de vignettes. Elles sont amorcées par un gros plan d'un acteur dont la ressemblance avec un personnage célèbre ayant concouru au film de 1961 est soulignée par le nom de celui-ci en grosses lettres blanches. Chacune de ses séquences est ponctuée par un bon mot de Godard que le film admire de bout en bout. Les photographies emblématiques prises lors du tournage par Raymond Cauchetier sont reproduites à l'image.
Dans ce musée Grévin pour cinéphiles, n'existe que l'idylle naissante entre Seberg et Belmondo que le film ne creuse pas, se contentant, dans ses cartons finaux, d'indiquer le divorce prochain de l'actrice.
Jean-Luc Lacuve, le 14 juillet 2022.