John Cassavetes

André S. Labarthe et Hubert Knapp
1969

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John Cassavetes pour Cinéastes de notre temps de André S. Labarthe

Los Angeles 1965 : Labarthe accompagne John Cassavetes qui conduit sa voiture sur les hauteurs de Los angeles. Cassavetes n'aime guère cette ville qu'il trouve dépeuplée car il n'est possible de se voir que sur rendez-vous. A une question de Labarthe qui l'interroge sur son désir de faire un musical hollywoodien Cassavetes répond par l'affirmatif. Il pense adapter en musical Crimes et châtiments

Difficulté pour monter le film... "C'est un inconvénient du cinéma fauché, fait de manière non professionnelle mais nous préférons ça (…) faire un film libre. Nous ignorons s'il est bon. Mais cela vaut la peine, cette année sans salaire, pour exprimer quelque chose. Si l'on ne s'amuse pas, on crève."

Assumer le rire en plein drame. Etre capable de filmer les joies : c'est tellement mieux que les soucis (politique, religion) qui nous font perdre tant de temps.

Eviter l'autocensure et trouver une vérité intime ; pour cela travailler sur un sujet dont la vérité nous échappe un peu.


Paris 1968 : La première version de Shadows résulte de 4 mois de tournage improvisé. Le film a commencé par une collecte lancée dans une émission de radio, Night people de Jean Shepherd à 1h00 du matin. Le lendemain, Cassavates reçoit 2 000 billets de 1 dollar et se retrouve derrière la caméra à filmer des improvisations (sur un schéma rodé- le film n'était pas écrit) ; des scènes autour de la vie d'une famille noire à new-yorkais. "Je croyais dit-il tenir un outil magique pour filmer des impressions ; de ce que sont les gens plutot que leur vie intérieure".

Le soir de la première la salle était comble mais rapidement toutes les personnes sont parties sauf un critique, un ami qui a trouvé le film merveilleux bide irréparable. Papatakis prête 2 000 dollars et des amis encore 13 000 dollars pour continuer et permettre 10 jours de tournage supplémentaires. La première version a été montrée à des cinéphiles qui l'ont trouvé merveilleuse et le bruit a couru que la seconde version était plus commerciale. Mais Cassavetes préfère les 10 jours du nouveau tournage aux quatre mois.

Faces est réalisé neuf ans plus tard. L'esprit créateur engendre de nouvelles idées. Au début, Cassavetes dit n'avoir pas eu grand chose à dire et à la fin il a plein de choses, trop de choses. Le 1er brouillon fait 265 pages et retrace seulement la moitié du film. Il le commence alors même s'il devait durer 10 heures. "On a fait ce film commencé avec 10 000 dollars mais qui en nécessita 200 000".

André S. Labarthe a rejoint la rédaction des Cahiers du cinéma en 1956. En 1964, il entame la collection "Cinéastes de notre temps" qu'il coproduit avec Janine Bazin et dont il réalisera lui-même plusieurs épisodes. La démarche documentaire de Labarthe est anti-spectaculaire. La réalisation est épurée et le commentaire succinct. An 1965, lui et Hubert Knapp partent à Hollywood pour tourner deux documentaires. Parallèlement, ils décident de rencontrer John Cassavetes, le futur chef de file du jeune cinéma indépendant américain. En 1968, ils retrouvent Cassavetes à Paris à l'occasion de la sortie de Faces. De ces rencontres improvisées va naître l’un des films mythiques de la série Cinéastes de notre temps.

Test du DVD

Editeur : MK2, septembre 2007.

Minnie and Moskowitz

En supplément au film Minnie and Moskowitz