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La vie d'Emile Zola

1937

Genre : Biopic

(The Life of Emile Zola). Avec : Paul Muni (Emile Zola), Gale Sondergaard (Lucie Dreyfus), Joseph Schildkraut (Alfred Dreyfus), Gloria Holden (Alexandrine Zola), Donald Crisp (Maitre Labori), Erin O'Brien-Moore (Nana). 1h39.

Jeune écrivain sans le sou, Émile Zola partage une mansarde de Montmartre avec le peintre Paul Cézanne. Il trouve un emploi chez un éditeur qui le renvoie après la publication d’un livre accusé d’immoralité. La rencontre d’une prostituée qu’il sauve du suicide change totalement sa vie. Il en fait l’héroïne de "Nana", un roman qui, contre toute attente, est un succès. Quelques années plus tard, Zola est devenu un grand écrivain dont les livres dénoncent l’hypocrisie et l’injustice sociale.

À l’ambassade d’Allemagne, le comte Esterhazy dépose une lettre contenant des secrets militaires. Sur une liste de suspects possibles, le capitaine Alfred Dreyfus, dont le nom est suivi de « juif », est aussitôt désigné comme coupable. Arrêté pour trahison, dégradé publiquement, il est ensuite déporté à l’Île du Diable, en dépit de ses protestations d’innocence adressées à la presse. Lucie Dreyfus, la femme de l’accusé, obtient l’aide de Zola, alors davantage préoccupé par son élection à l’Académie française. Une fois convaincu de son innocence, Zola publie « J’accuse ». La France est alors partagée entre partisans et adversaires de Dreyfus.

L’armée fait comparaître l’écrivain devant un tribunal où il doit répondre de ses accusations. Condamné à un an de prison, Zola préfère s’exiler à Londres pour poursuivre son action en faveur de Dreyfus. Il obtient ainsi la révision de son procès. Enfin reconnu innocent, Dreyfus est réintégré dans l’armée française. Les vrais coupables sont punis. Zola meurt asphyxié sans avoir jamais rencontré Dreyfus. À ses funérailles, Anatole France prononce son éloge : il est – dit-il – « un moment de la conscience humaine ».

Le film établit un parallèle entre la France de l'affaire Dreyfus et l'Allemagne des années 1930. Il allie la reconstitution historique et la dénonciation du nazisme. Son ampleur déborde donc largement le cadre de l'affaire Dreyfus et peut s'apparenter à un avertissement sur la situation de l'Europe. Dieterle déclara à ce sujet : "Il est des situations dans l'histoire où beaucoup risquent de connaître le sort de Dreyfus sans pouvoir être sauvés par des héros comme Zola". L'allusion était claire.

Le film eut trois oscars et fut un triomphe. Pourtant la censure française interdit le film et réussit à le faire retirer de la compétition au festival de Venise 1938. Le contexte était défavorable, l'Italie venait de promulguer des lois raciales (sous l'impulsion de l'Allemagne) et ce film était trop Dreyfusard. Officiellement, il fut retiré pour "atteinte au prestige de l'armée française". L'année précédente, il avait été interdit car il salissait la mémoire de Zola. Derrière ces augments fumeux transparaît la trame antisémite qui enveloppait une partie des responsables français et l'ambiguïté des relations de la France avec ses deux voisins fascistes. Le film est projeté au studio 28 en 1952 dans le cadre de l'anniversaire de la mort de Zola, amputé de 27 minutes et précédé d'un avertissement disculpant le rôle de l'armée française dans la condamnation a priori du capitaine Dreyfus.

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