Fin août, début septembre

1998

Avec : Mathieu Amalric (Gabriel), Virginie Ledoyen (Anne), François Cluzet (Adrien), Jeanne Balibar (Jenny), Alex Descas (Jérémie), Arsinée Khanjian (Lucie), Mia Hansen-(Véra), Nathalie Richard (Maryelle), Eric Elmosnino (Thomas), Olivier Cruveiller (Axel). 1h52.

Gabriel travaille dans le monde de l'édition et propose à son ami Adrien, un écrivain en panne d'inspiration, de réaliser un reportage sur sa vie pour une station régionale de France 3. Ensemble, ils partent pour Mulhouse sur les lieux de vie d'Adrien. Ce dernier se confie à Gabriel sur ses difficultés financières et sur sa carrière de romancier. Gabriel de son côté vit la fin de sa séparation de sa compagne Jenny, avec laquelle il a vécu de nombreuses années et qui continue d'éprouver des sentiments pour lui. Ils sont toujours confrontés à la vente difficile de leur appartement. Gabriel débute pour sa part une histoire intense avec une jeune femme, Anne, passionnée et instable.

Adrien se sait malade, mais décide de ne pas en parler, notamment à ses proches. Lorsqu'il est hospitalisé, seuls Jenny et Gabriel viennent lui rendre visite. À sa sortie et pour quelques mois, Adrien entre dans une période de rémission durant laquelle il s'installe dans la vallée de Chevreuse chez un couple d'amis, chercheurs au CEA. Il s'interroge sur son avenir et le sens de la relation qu'il a entrepris avec Véra, une très jeune fille de seize ans, lycéenne. Il meurt brusquement dans cette maison, laissant à ses amis la charge de veiller sur ses affaires personnelles et écrits non édités. Jérémie, un ami proche travaillant également dans l'édition, décide alors de publier le dernier livre d'Adrien, livre qui rencontrera un succès critique plus important que celui dont l'auteur avait fait l'objet de son vivant.

Gabriel et Jenny assument la fin de leur histoire, et finissent par vendre leur appartement. Il obtient pour la première fois un emploi stable dans une maison d'édition, mais doute toujours dans sa vie personnelle, de sa volonté de vivre avec Anne qui adopte parfois des attitudes et réactions étranges, voire déséquilibrées et violentes. Après une période de réflexion durant laquelle ils se tiennent à distance l'un de l'autre — Anne partant à Londres et Gabriel s'enfermant dans un travail de nègre pour un parlementaire souhaitant écrire une biographie —, ils décident de reprendre leur vie ensemble.

C'est la chronique d'une année. Depuis la séparation de Gabriel et Jenny, malgré l'affection qui les unit encore, jusqu'à l'affirmation d'un nouvel amour, celui de Gabriel et d'Anne, malgré leurs craintes et leurs incertitudes. Mais c'est aussi la chronique d'une séparation, celle d'Adrien Willer, l'ami le plus proche de Gabriel qui, rattrapé par une ancienne maladie, se trouve confronté au terme précoce de son existence. Mais il n'est pas le seul à l'être. Car son drame personnel est aussi celui de ses proches et on le verra résonner parmi le tissu vivant d'amitiés, d'amours, les réseaux qui se constituent autour d'un être. Tels que l'approche de la mort les transforme.

Gabriel se nourrit d'une mort, il se nourrit de la fin d'un amour, il se nourrit de ses difficultés avec, un cynisme lucide. Pas un cynisme pour arriver au pouvoir, mais pour arriver à une construction de soi, qui peut passer par une manière ou les autres.  Le film pose la question de savoir s'il aime les autres. Gabriel semble accepter d'aimer Anne quand elle est partie et il s'humilie en allant voir celui type dont il sait qu'il est son amant. Il aime Anne d'autant plus Anne qu'elle n'est plus là, comme il aime Adrien parce qu'il est mort. Mais il a un rapport sincére avec l'oeuvre d'Adrien. Face au jeune garçon qui lui dit combien Adrien était un écrivain important, maintenant qu'il est mort, Gabriel répond que, pour lui, le meilleur livre d'Adrien était toujours à venir. Paradoxalement c'est une phrase d'amour : Adrien était en train de faire quelque chose. Il ne croit qu'à l'évolution, au mouvement, au changement d'avis, au trajet. C'est un film mature, et c'est un hymne à la vie.