(1926-2008)

39 films

   
1
5

Youssef Chahine, le plus célèbre cinéaste d'Egypte, voire du monde arabe, nait le 25 janvier 1926 à Alexandrie, port cosmopolite, ville de culture et de tolérance, qu'il célébrera plusieurs fois. Passionné de cinéma américain, il ira en 1947 et 1948 étudier la technique et l'interprétation non loin d'Hollywood.

Dès ses débuts en 1950, sa production respectera les données du cinéma populaire du Moyen-Orient (mélodrame, chansons), avec vedettes connues (Faten Hamama, Farid el-Atrache, puis Fayrouz) ou révélations (Omar Sharif dont Ciel d'enfer, en 1954, est le premier film). Il imposera des préoccupations sociales (les paysans de Fils du Nil, les dockers de Eaux noires), un ton militant (Djamila L'Algérienne, premier film sur la guerre d'Algérie) et personnel (Gare centrale, qu'il interprétait, échec en Egypte, le révéla sur le plan international).

En 1978, il signe Alexandrie pourquoi ?, un retour sur sa jeunesse en Egypte qui remporte un Ours d'argent et le Grand Prix du jury au Festival de Berlin. Quatre ans plus tard, Youssef Chahine réalise La Memoire, le premier volet d'une trilogie autobiographique. Alexandrie encore et toujours en 1989 puis Alexandrie... New York en 2004 viendront la compléter

Après un exil au Liban, sa position dans son pays s'est affirmée ainsi que son indépendance face aux politiques (Nasser puis Sadate), son nationalisme fortement teinté d'humanisme (Le moineau) et sa pratique du cinéma qui dit "je" (La mémoire, où un cinéaste opéré à coeur ouvert - cela lui est arrivé - fait le bilan de sa carrière).

En 1984, il fit un séjour en prison pour diffusion d'un film interdit par la censure. Ses dernières oeuvres sont des coproductions avec la France. En 1986, la chanteuse Dalida, dans Le sixième jour, joue en arabe un rôle dramatique et retrouve l'Egypte, son pays d'origine.

Sont intégrés dans les trente-neuf films de Youssef Chahine qui suivent, ses trois participations aux films collectifs : Lumière et compagnie (1995), 11'09''01 September 11 (2002) et Chacun son cinéma (2007). En sont en revanche exclus les courts-métrages : Id al-Mairun (1967), Salwa (1971), Intilak (1974), Cairo As Seen by Chahine (1991) et ses participations aux émissions de télévision.

Filmographie :

1950

 Papa Amine
 

(Baba Amin)

   
1951 Le fils du Nil
  (Ebn el Nil)
   

1952

Le grand bouffon
  (El Mouhareg el Kebir)
   
1952 La dame du train
  (Sayedet al Kitar)
   

1953

Femmes sans hommes
  (Nissae Bila Regal)
   
1954 Ciel d'enfer
  (Seraa Fil Wadi = Lutte dans la Vallée)
   

1954

Le démon du désert
  (Chaitan el Sahara).
   

1956

Les eaux noires
  (Seraa Fil Mina = Lutte dans le Port)
   

1956

Adieu mon amour
 

(Wadaat Hobak).

   

1957

Tu es mon amour
  (Inta Habibi).
   
1958 Gare centrale

(Bab el-Hadid). Avec : Farid Shawqi, Hind Rostom , Youssef Chahine (l'idiot / le voyeur), Hassan el Baroudi, Abdel Aziz Khalil. 1h16.

La gare centrale du Caire, microcosme frénétique où les destins et les passions s'entrecroisent. En une journée, Kenaoui, semi-clochard boiteux et frustré recueilli par Madbouli, le kiosquier de la gare, va y connaître l'amour et la folie...

   
1958 Djamila l'Algérienne
  (Gamila el-Gazaeria)
   

1959

A toi pour toujours
  (Hab Ilal Habab)
   
1960 Prends moi dans tes bras
  (Ben Edeik)
   

1961

L'appel des amants
  (Nida al Ochak)
   

1961

Un homme dans ma vie
  (Rajul fi Hayati)
   

1963

Saladin
  (El Nasser Salah Ed-Dine)
   

1964

L'aube d'un jour nouveau
  (Fagr Yom gedid)
   

1965

Le vendeur de bagues
  (Biya el-Khawatin)
   

1968

 Un jour, le Nil

(Al Nass Wal Nil). Avec : Abdelamig Baraka , Ezzat El Alaili , Tewfik El Dekn , Seif El Dine , Inna Fyodorova. 1h49.

15 mai 1964 à Assouan. Après 2 ans d'un travail titanesque, l'ancien cours du Nil va être fermé et l'inauguration du Grand Barrage ouvrir une nouvelle ère en même temps qu'inonder définitivement les terres ancestrales. Un jour mémorable, emprunt de nostalgie et de sentiments exacerbés pour ceux qui vivent sur ses rives.

   
1968 La terre
  (Al Ard). Avec : Hamdy Ahmed (Mohammad Effendi), Yehia Chahine (Hassuna), Ezzat El Alaili (Abd El-Hadi), Tewfik El Dekn (Khedr), Mahmoud El-Meliguy (Mohamed Abu Swelam). 2h10.
   

1970

Le choix
  (Al Ikhtiyar)
   

1971

Sables d'or
  (Rimal min dhahab)
   
1972 Le moineau
 

(Al Asfour). Avec : Salah Kabil, Ali El Scherif, Mahmoud El-Meliguy. 1h45.

Yussif Fath el-Bab, journaliste issu de la classe bourgeoise, mène une enquête sur les activités d'Abou Kheidr, bandit de grand chemin. Il apparaît qu'Abou Kheidr bénéficie de complicités venues des hautes sphères de la classe dirigeante. Rawf, jeune capitaine, est envoyé en mission dans le sud pour mettre fin au règne féodal du puissant bandit. Son jeune frère Ryad est affecté aux frontières du Sinaï...

   
1976 Le retour du fils prodigue
  (Awdat el-Ibn el Dhal)
   

1978

Alexandrie, pourquoi ?

(Iskandariah Leh ?) Avec : Ahmed Zaki (Ibrahim), Naglaa Fathy (Sarah), Farid Shawqi (la mère de Mohsen), Mahmoud El-Meliguy (Qadry), Ezzat El Alaili (Shaker). 2h13.

1942, Alexandrie. L'Egypte, sous la domination britannique, s'attend a la prochaine arrivee de troupes allemandes la bataille d'El-Alamein est imminente. Yehia, un adolescent petri de cinema americain, veut devenir acteur et prepare un spectacle avec ses camarades du lycee catholique.

   

1982

La mémoire
 

(Haddouta Misrijya = Une Petite Histoire Egyptienne). Avec : Oussama Nadir (Yehia enfant), Mohsen Mohieddin (Yehia jeune homme), Nour El-Sherif (Yehia), Ahmed Mehrez , Mohamed Mounir. 1h55.

Parce qu'il a une crise cardiaque au cours d'un tournage, Yehia doit partir d'urgence à Londres y subir une opération à coeur ouvert. Moment clé et révélateur, heure du bilan, il revoit 30 ans d'existence, son pays, sa famille, à travers le procés imaginaire que le procureur-adulte tient à l'enfant coupable.

   

1985

Adieu Bonaparte

(Al Wedaa ya Bonaparte). Avec : Michel Piccoli (Cafarelli), Mohsen Mohieddin (Ali), Patrice Chéreau (Napoléon Bonaparte). 1h55.

Ier juillet 1798. Alexandrie est en effervescence ; les troupes françaises du général Bonaparte viennent de débarquer. Une famille égyptienne, le père, boulanger, la mère et leurs trois fils. Bakr, l'aîné, est un cheikh musulman, il s'oppose à cette invasion.

   

1986

Le sixième jour
 

(Al-Yawm al-Sadis). Avec : Youssef Chahine, Chewikar Dalida, Ahmed Handy, Ibrahim Maher, Mohsen Mohieddin 1h45.

Le Caire, en 1947. Le roi Farouk règne mais les Anglais sont encore là, qui imposent une tutelle toujours plus insupportable au petit peuple égyptien. Celui-ci, déjà misérable, est alors durement frappé par une épidémie de choléra. C'est le règne de la délation : quiconque signale un malade à la police reçoit une prime de sept livres ! Dans ce contexte déprimant, Saddiqa se débat, seule, pour survivre. Elle a la garde d'Hassan, son petit-fils; et son mari Saïd, paralytique, est un poids supplémentaire. Mais elle s'est résignée à l'évidence : elle est sur Terre pour protéger les siens, à l'instar de l'héroïne de ce film, LE SACRIFICE D'UNE MÈRE, qu'elle voit et revoit, en pleurs et sans se lasser. Rafahi, le patron du cinéma, va s'exiler en Palestine et il voudrait que Saddiqa, qu'il aime, l'y accompagne. Mais celle-ci, toute à son devoir, le repousse. De même s'irrite-t-elle de la cour insistante que lui fait Okka, jeune chanteur et danseur de rue qui s'identifie, lui, au Gene Kelly du film LE PIRATE, soupirant chevaleresque et bondissant. Mais Okka a vingt-six ans et Saddiqa vingt de plus, ce qui suffit, aux yeux de celle-ci, à condamner l'idée d'un amour partagé.
Hassan, après son instituteur qui vient de mourir, est atteint par l'épidémie. Saïd, n'en pouvant plus d'être une charge inutile, met le feu à la maison familiale et y périt. Pour tenter de sauver Hassan et le soustraire à la police, Saddiqa le transporte chez une actrice, madame Zeinat, où le gamin trouvera au moins le confort et l'hygiène. Le temps presse car, dit-on, le choléra est vaincu si le malade lui survit cinq jours. Voyant empirer l'état de l'enfant, Saddiqa décide de l'emmener à Alexandrie. Elle embarque sur la felouque d'Abou Nawas où, bientôt, Okka la rejoint.
Au fil des heures et de l'eau, le couple se parle, se dispute, se rapproche, esquisse un unique baiser auquel Saddiqa se dérobe. Elle est guettée par le désespoir, tentée par le suicide; il lui répète que la vie est le bien suprême auquel nul n'a le droit de mettre fin. À l'aube du sixième jour, Hassan, qui avait pourtant donné des signes de guérison, est mourant. Il pourra, avant de s'éteindre, contempler la mer pour la première et dernière fois de sa vie.
Le bateau est arrivé à Alexandrie. Saddiqa, sur le quai, s'éloigne d'un pas ferme. Elle adresse un dernier sourire et un geste d'adieu à Okka, puis marche vers son destin de femme libre.

   
1990 Alexandrie encore et toujours
 

(Iskhandariah Kamen we Kamen). Avec : Youssra (Nadia), Youssef Chahine (Yehia), Hussein Fahmy (Stelio). 1h40.

A six jours du tournage d'une adaptation d'" Hamlet " qui lui tient particulièrement à coeur, le cinéaste égyptien Yehia Eskandarany voit son jeune interprète principal - Amr - lui faire faux bond, tandis que sa propre épouse Gigi, victime d'un accident est condamnée à deux ans d'immobilisation. Lui reviennent en mémoire les souvenirs du prix qu'il reçut au festival de Berlin, des préparatifs d'un film sur Alexandre le Grand, d'un prix d'interprétation à Cannes dont Amr ne fut pas le lauréat, contrairement aux espoirs de tous. Yehia investit beaucoup de lui-même dans sa relation à Amr. L'un est l'incarnation de l'autre, pense-t-il. Les tensions nées entre eux l'amènent à se questionner sur son rôle de metteur en scène et son rapport aux acteurs. Sa réflexion à ce sujet s'approfondit grâce à sa rencontre avec Nadia, jeune comédienne à la forte personnalité et aux pieds nus, lors de la grève menée par plusieurs membres de la profession cinématographique contre l'infiltration des pétrodollars dans le cinéma égyptien et contre une loi permettant aux dirigeants du syndicat du spectacle de garder indéfiniment leur pouvoir au profit des financiers.
Las d'être un acteur-jouet. Amr est devenu réalisateur à la télévision. Il y dirige en réalité des sortes de " sitcom " sans intérêt et précisément Financés par les pétrodollars. A Nadia. qui joue les médiatrices entre les deux hommes, il répond par un cynisme non convaincu, affichant les signes de sa réussite sociale. Devant cet " Hamlet " qui fut tourné mais connut finalement l'échec. Nadia dit à Yehia son regret qu'il n'ait pas davantage cultivé ses propres doits d'acteur. Ne fut-il pas lui-même, dans sa jeunesse, un Hamlet prometteur ?
La grève se poursuit, non sans succès. Des émissaires du gouvernement acceptent l'idée d'une nouvelle proposition de loi. Yehia filme les débats de l'assemblée des 3 400 militants et rixe Nadia en gros plan. Il la verrait bien incarner une autre héroïne shakespearienne, Cléopâtre, native comme lui d'Alexandrie.

   
1995 L'émigré

(Al Mohager). Avec : Ahmed Bedir (Tut), Safia El Emari (Basma), Khaled El Nabaoui (Ram), Mahmoud Hemida (Amihar). 2h09.

Elle se déroule il y a 3000 ans. Un jeune homme, Ram, est le fils d’une tribu de nomades, très pauvre, vivant sur une terre aride. Par obscurantisme, ses frères, jaloux et cupides, le rejettent. Malgré l’affection de Adam son père, dont il est l’enfant préféré, Ram n’accepte pas sa condition. À la fois vif et intuitif, il se refuse à partager le sort des autres membres de la tribu et à subir la loi des éléments. Il part à la recherche du bonheur et d’un monde où les techniques d’agriculture domineront la nature et ses catastrophes : la sécheresse et les inondations. Le rayonnement de l’Égypte de Pharaon l’attire. Malgré les craintes d’Adam, Ram parvient à gagner sa terre promise après avoir été laissé pour mort par ses frères dans la cale d’un bateau. En Égypte, les épreuves se succèdent. À son arrivée, Ram doit faire face à la solitude à laquelle est confronté l’émigré. Son intrépidité lui permet cependant d’être recueilli par un notable dont l’épouse, la prêtresse Simihit, se prend de passion pour lui. Ram est impliqué bien malgré lui dans les luttes que se livrent les nantis, adorateurs du dieu Amon, et les déshérités, adeptes d’Aton. Mais le jeune homme apprend beaucoup plus dans son combat contre lui-même. Dans son parcours initiatique, il renonce à la fois à l’amour impossible de Simihit et à une vie aisée pour apprendre, en fin de compte, que le vrai chemin du bonheur passe par l’amour des autres.

 
1995 Lumière et compagnie

Quarante cinéastes tournent un court film avec la caméra des frères Lumière. Contraintes : un plan-séquence de 52 secondes, pas d’éclairage d’appoint ni bien sûr de son synchrone, et trois prises seulement.

Pour Youssef Chahine, Lu et Mière filment les Pyramides.

   

1997

Le destin

(Al Massir) Avec : Nour El-Sherif (Averroes), Laila Eloui (Manuella), Mahmoud Hemida (Al Mansour, le calife). 2h15.

Le Languedoc, au XIIe siècle. Après la mort - sur un bûcher de l'Inquisition - de son père, traducteur du penseur arabo-andalou Averroès, le jeune Joseph rejoint à Cordoue les disciples du sage, qui prône la tolérance, la joie de vivre et d'apprendre, et enseigne aussi bien la philosophie, le droit, les sciences et la médecine qu'une théologie sans fanatisme...

   
1999 L'autre

(El Akhar). Avec : Hanan Turk (Hanane), Hani Salama (Adam), Nabila Ebeid (Margaret), Mahmoud Hemida (Khalil). 1h45.

Adam et Hanane forment un couple uni. Hanane, journaliste issue d'un milieu modeste, dénonce un système basé sur l'enrichissement d'une minorité aux dépens du peuple. Adam, dont la famille est proche du gouvernement, résistera pourtant aux pressions de sa mère, et rejoindra sa femme dans sa lutte contre l'intégrisme et la corruption.

   

2001

Silence... on tourne

(Skoot hansawwar). Avec : Latifa (Malak), Ahmed Bedir (Alphi), Ahmed Wafik (Lamei), Magda El-Khatib (La grand-mère), Zaki Abdel Wahab (Ezz Eldine), Ahmed Mehrez (Abbas). 1h42.

Malak est une chanteuse et actrice célèbre. Elle nage dans le luxe avec sa mère, sa fille et ses fidèles amis, son scénariste et son metteur en scène. Un jour, l'amour fou débarque en la personne d'un jeune arriviste...

 

2002

11'09''01 September 11
(11 courts venus de 11 pays et réalisateurs différents, durant chacun 11 minutes, 9 secondes et une image, donnent 11 points de vue sur l'attentat du 11 septembre 2001 à New York. 2h10.
   

2004

Alexandrie... New York

Avec : Mahmoud Hemida (Yehia âgé), Ahmed Yehia (Yehia jeune), Youssra (Ginger âgé), Yousra El Lozy (Ginger jeune) Lebleba (Jeannie), Hala Sedki (Bonnie). 2h08.

A l’occasion d’un hommage qui lui est rendu à New York, Yéhia, réalisateur égyptien, retrouve Ginger, son amour de jeunesse. Ils avaient dix-neuf ans. Le rêve américain était le virus du siècle. Yéhia l'Alexandrin et Ginger l'Américaine étudiaient dans le plus prestigieux institut d’art dramatique, en Californie. Ils s’étaient juré un amour éternel. Quarante ans après, ils se retrouvent, le monde a changé, le rêve américain s’est transformé. Tout les sépare mais pas tout à fait car Yéhia découvre que Ginger lui a donné un fils… américain.

 
2007 47 ans après

Episode de Chacun son cinéma

   

2007

Le chaos

(Heya fawda). Avec : Khaled Saleh (Hatem), Menna Shalabi (Nour), Youssef El Sherif (Cherif), Hala Sedky (Wedad), Hala Fakher (Bahia)

Choubra, quartier cosmopolite du Caire. Hatem, policier véreux tient le quartier d'une main de fer. Tous les habitants le craignent et le détestent. Seule Nour, jeune femme dont il convoite les faveurs, ose lui tenir tête...

   
   
Retour à la page d'accueil