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Le bassin aux nymphéas avec saules

1918

1 - Le matin aux saules, (tryptique : chaque panneau 200 x 425, soit 200 x 1275)
2 - Le matin clair aux saules, (tryptique : chaque panneau 200 x 425, soit 200 x 1275)
3 - Les deux saules, (quatre panneaux de 200 x 425 soit 200 x 1700)
4 - Reflets d'arbres, (diptyque 200 x 425 soit 200 x 850)
Le bassin aux nymphéas avec saules
Claude Monet, 1914-1918-1926
Huile sur toile, 197 x 5 000 cm
Paris, Musée de l'Orangerie, 2e salle

Dans deux vastes salles elliptiques, sur 2 mètres de hauteur et près de 100 mètres linéaires, se déploie un paysage d'eau jalonné de nymphéas, de branches de saules, de reflets d'arbres et de nuages, "illusion d'un tout sans fin, d'une onde sans horizon et sans rivage" selon les termes mêmes de Monet.

Le grand ensemble de quarante mètres de développement mural de la deuxième salle de l'Orangerie des tuileries, au premier plan jalonné par des saules pleureurs apparait encore tributaire d'une conception figurative et décorative dont le Soleil couchant et le Reflet vert de la première salle semblent totalement dégagés.

Il est difficile de savoir à quel moment germa dans l'esprit de Monet l'idée d'un vaste ensemble décoratif consacré au thème des paysages d'eau poursuivi pendant douze ans, de 1914 à 1926. Il décide de faire construire dans le haut de son jardin un nouvel atelier aux proportions assez vastes pour permettre le développement étalé des grands panneaux projetés, de façon à suivre constamment l'évolution du travail dans son ensemble. De deux mètres de haut les châssis les plus grands avaient six mètres de long, les moyens quatre mètres et les plus cours destinés à s 'intercaler, deux mètres. Monté sur des patins munis de roulettes, il était facile de les déplacer et de les glisser les uns derrières les autres tant pour y travailler que pour passer d'une série à l'autre, comme pour des changements de décors d'un théâtre. Travaillant sur le motif dans des formats plus restreints carrés ou rectangulaires, variant entre un et deux mètres de coté, il exécutait toutes ces études très poussées directement sur nature. Il reconstituait ensuite les ensembles en recopiant les études fragmentaires, ne voulant rien faire de simple souvenir, ni donner un coup de brosse gratuit et de chic.

On peut imaginer le travail titanesque que dut représenter la transposition sur d'aussi vastes proportions d'effets de lumières éphémères précis, sans en altérer l'intégrité ni l'unité. Un tel travail n'a pu se faire sans rencontrer bien des obstacles et sans comporter des périodes d'impuissances matérielles et physique et de découragement moral.

Seule la survenue de la cataracte progressant en 1922, en lui interdisant tout travail pendant une longue période et le laissant dans l'incertitude du résultat final de l'opération et de ses suites, fut pour lui un martyre moral qui fut heureusement surmonté à temps, en 1925, pour lui permettre de retravailler avec joie avant de mourir.

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