Journée grise

Ce tableau marque la transition entre la période mécanico-constructive de l'œuvre de Grosz et le vérisme critique.

L'ouvrier et le fonctionnaire à l'arrière-plan sont représentés comme des archétypes, sans visage, à l'attitude mécanique. L'architecture sans âme rappelle la Pittura metafisica de Giorgio de Chirico ( Le Grand Métaphysicien) et les futuristes italiens autour de Carlo Carrà. En revanche, les personnages du premier plan sont caractérisés par une netteté vériste saisissante : d'un côté, le « Magistrat chargé de l'aide aux mutilés de guerre » (titre du tableau sous le numéro 42 du catalogue de l'exposition « Nouvelle Objectivité » de Mannheim de 1925) ; de l'autre, la victime, l'invalide de guerre émacié.

Mais ici aussi, les gens ne sont pas conçus comme des individus, mais comme des types qui, tels des marionnettes, se conforment au modèle exigé par la « société » et qui, au lieu de surmonter l'antagonisme de classe entre bourgeoisie et prolétariat – incarné par le mur de briques – le constituent, mais le cimentent. Le titre évocateur, Journée grise, évoque le désespoir de cette situation.