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Les piliers de la société

1926

Stützen der Gesellschaft
George Grosz, 1926
huile sur toile, 200 x 108 cm
Berlin, Neue Nationalgalerie

Le titre fait référence pièce éponyme d'Henrik Ibsen de 1877. Avec une acuité mordante, Grosz caricature les "piliers de la société" de l'État de Weimar : derrière un pilier de bar arborant une croix gammée sur sa cravate, la presse et la politique, l'Église et l'armée convergent.

Soulevant les crânes de ces représentants de l'État, Grosz démasque « l'élite de l'humanité comme de véritables porcs » (Bertolt Brecht), adoptant ainsi une vision radicale de gauche de l'« hypocrisie » de la République de Weimar. Au premier plan se trouve un juge sans oreilles, tenant une bière et une épée, se fantasmant tel un militaire à cheval. Le représentant de presse porte les traits du « tsar de la presse » Alfred Hugenberg. Il tient des journeaux proclamant la paix dans sa main, mais celle-ci est tachée de sang. Portant un pot de chambre fumant d'excrémant en guise de couvre-chef, un député se considère comme un nationaliste allemand brandissant le drapeau impérial ou comme un social-démocrate (« Le socialisme, c'est du travail »). L'aumônier militaire, au visage peu digne de confiance, prêche la paix et dissimule les crimes de la Reichswehr et des Freikorps dans son dos.

Grosz concevait son vérisme critique de la société comme une peinture d'histoire moderne. Dans ce tableau, il développe des motifs tirés du dessin « Nous venons prier devant Dieu le Juste ! » de son portfolio « Le Visage de la classe dirigeante » (1921) ; il était vraisemblablement destiné à servir de panneau latéral droit à un triptyque inachevé.

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