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Impression soleli levant. L’histoire vraie du chef-d’œuvre de Claude Monet
Musée Marmottan Monet 16e.
18 septembre 2014- 18 janvier 2015
 

Le 15 avril 1874, quelques jours avant le salon officiel, eut lieu l’ouverture de la première exposition de la Société anonyme coopérative d’artistes peintres, sculpteurs, etc., dans l’ancien local du photographe Nadar, au 35 boulevard des Capucines à Paris. Monet y avait envoyé cinq tableaux et sept pastels. Les rares critiques présents s’intéressèrent plus à Degas et à Renoir qu’à Monet. De plus, pour ce dernier, ils s’attardèrent sur Le Déjeuner et sur Boulevard des Capucines avant de mentionner ce tableau que Monet avait nommé pour les besoins du catalogue Impression, soleil levant. Un critique le qualifie d’ailleurs de « soleil levant sur la Tamise ». Un autre écrit que « l’impression de Lever de soleil est traité par la main enfantine d’un écolier qui étale pour la première fois des couleurs sur une surface quelconque ». Bref à de rares exceptions, les critiques ne sont pas tendres avec ces œuvres « inachevées » et c’est par dérision qu’un ancien peintre de paysage, Louis Leroy, intitula un long article ironique dans le Charivari « l’Exposition des impressionnistes ». C’était une plaisanterie mais ce substantif fut accepté par les exposants et passa à la postérité, comme son inventeur.

Impression soleil levant est acquis le mois suivant l’exposition par Ernest Hoschedé pour la somme de 800 francs (pour comparer, le prix d’entrée à l’exposition était de un franc). Il est revendu aux enchères en 1878 pour la somme de 210 francs à Georges de Bellio qui allait apporter un soutien vital à Monet en lui achetant un grand nombre de tableaux et en l’aidant financièrement. A sa mort, sa collection revient à sa fille unique Victorine (1863-1958) et à son gendre, Eugène Donop de Monchy (1854-1942). Sans enfant, le couple décide de léguer sa collection au Musée Marmottan, du nom de son légataire. Celui-ci avait fait don en 1932 de son hôtel et de ses collections à l’Académie des beaux-arts. C’est ainsi qu’après la guerre, Impression entre dans ce musée avec d’autres chefs d’œuvre de Monet, beaucoup plus cotés, comme Le Pont de l’Europe (gare Saint-Lazare), Le Train (effet de neige) et Tuileries.

Entre sa première présentation en 1874 et son entrée au musée Marmottan en 1946, le tableau n’avait pas vraiment intéressé les musées et les marchands. Il n’était présenté qu’à l’initiative de Donop de Monchy, conscient de la valeur de ce tableau qui avait donné son nom à l’Impressionnisme. Le nom même du tableau n’était pas fixé. Alors que Monet l’avait nommé Impression soleil levant, il était devenu en 1878 Impression, soleil couchant, puis Impression d’effet de brouillard ou encore d’effet de lune. Entre 1940 et 1959, l’œuvre apparaît encore dans les inventaires de l’institution – comme dans de nombreux ouvrages – sous le titre Impression ou Impression, soleil couchant. Elle n’y prend le titre d’Impression, soleil levant qu’en 1965. La date même de son exécution a été controversée. Alors que Monet avait ajouté « 72 » à côté de sa signature, l’auteur du catalogue raisonné de l’œuvre de Monet, Daniel Wildenstein, en 1975, faute de documents biographiques retraçant la vie de Monet en 1872, date l’œuvre du printemps 1873, date avérée d’un séjour de Monet au Havre.

En effet c’est dans cette ville, vraisemblablement depuis sa chambre de l’hôtel de l’Amirauté, qu’il a peint ce tableau, en une seule journée, comme le montre l’étude que le restaurateur Christian Chatellier en a faite. Il faut faire preuve de beaucoup d’attention pour identifier le port, les voiliers, les bâtiments et les rapprocher des plans et photos de l’époque. Donald W. Olson, professeur de physique et d’astronomie à la Texas State University a observé tout cela avec soin. Ensuite il a mesuré la hauteur, la taille et la position du soleil à l’horizon. Il a consulté les bulletins météorologiques de l’époque et les heures de marées pour arriver à 6 dates possibles, la plus probable étant le 13 novembre 1872 à 7h35, un jour où le vent soufflait de l’est, comme le montre un panache de fumée, où il y avait du brouillard et où la mer était clapoteuse. Tous les documents utilisés sont là pour illustrer sa méthode.

Autour d’Impression, soleil levant, l’exposition présente une sélection rigoureuse de vingt-six œuvres de Claude Monet, trente-cinq œuvres d’Eugène Delacroix, Gustave Courbet, Eugène Boudin, Johan Barthold Jongkind, William Turner, Berthe Morisot, Alfred Stevens, Auguste Renoir, Camille Pissarro, Alfred Sisley, des photographies anciennes par Gustave Le Gray, Emile Letellier, ainsi qu’une quarantaine des documents d’époque dont beaucoup sont inédits. Les œuvres proviennent des plus grands musées français (Musée d’Orsay, Paris ; Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Paris ; Musée d’art moderne André Malraux, Le Havre ; Musée des Beaux-Arts de Lille, Musée des Beaux-Arts de Nancy...) et étrangers (National Gallery, Londres ; The Philadelphia Museum of Art, Philadelphie ; Städelsches Kunstinstitut, Francfort- sur-le-Main ; National Museum Wales, Cardiff) et de collections particulières. La bibliothèque nationale, la bibliothèque historique de la ville de Paris, les archives de Paris, la bibliothèque et les archives du Havre se sont également activement associées au projet.

L’exposition réunit 61 peintures et œuvres graphiques dont 26 œuvres de Claude Monet et 45 documents pour la plupart inédits, provenant de musées et de collections particulières du monde entier. Elle retrace le parcours inédit d’Impression, soleil levant et révèle une page tout à fait inconnue de l’histoire d’une icône.

Source : Fiche de Spectacles-sélection