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Fondation Louis Vuitton à Paris,
22 septembre 2021 - 22 février 2022

L’exposition rassemble 200 chefs-d’œuvre de la collection d’art moderne français et russe des frères Mikhaïl et Ivan Morozov. Peintures, sculptures, pastels et photographies) dont 67 œuvres conservées au Musée des beaux-arts Pouchkine, Moscou 65 œuvres conservées au Musée d’État de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg 38 œuvres conservées à la Galerie nationale Trétiakov, Moscou 47 artistes présentés dont 17 artistes russes, et 30 artistes français et européens
 
Cette exposition-évènement constitue le second volet du thème Icônes de l'art moderne, organisée par la Fondation Louis Vuitton en partenariat avec le Musée d’État de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg,), le Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine (Moscou) et la Galerie nationale Trétiakov (Moscou).

Elle fait suite à l’exposition La collection Chtchoukine, qui connut un immense succès public puisqu’elle a réuni, il y a 4 ans, 1.3 millions visiteurs. Après Sergueï Chtchoukine et Samuel Courtauld, la Fondation Louis Vuitton poursuit ainsi son cycle de manifestations dédiées aux grands collectionneurs - mécènes pionniers de l’art moderne.

Déployée dans l’ensemble des salles du bâtiment de Frank Gehry, l’exposition LA COLLECTION MOROZOV à la Fondation Louis Vuitton rassemblera un ensemble d’œuvres d’artistes français et russes parmi les plus iconiques de cette Collection : Manet, Rodin, Monet, Pissarro, Lautrec, Renoir, Sisley, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Bonnard, Denis, Maillol, Matisse, Marquet, Vlaminck, Derain et Picasso aux côtés de Répine, Vroubel, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov. Conçue par Anne Baldassari, commissaire générale, l’exposition devrait réserver d’étonnantes découvertes et de mémorables émotions. Elle se déploiera dans une muséographie originale évoquant références historiques et intemporalité d’œuvres emblématiques de la modernité artistique naissante de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle.

Il est à souligner que le « Salon de musique » de l’hôtel particulier moscovite d’Ivan Morozov, constitué d’un ensemble décoratif monumental composé de 7 panneaux commandés par Ivan Morozov en 1907 à Maurice Denis sur le thème de l’Histoire de Psyché (1908-1909), et de 4 sculptures créées par Aristide Maillol, sera présenté pour la première et seule fois hors du musée de l’Ermitage dans une scénographie spécifique qui terminera le parcours de présentation des œuvres Morozov.

S’appuyant sur l’étude des importants fonds d’archives inédits de Mikhaïl et Ivan Morozov conservés au Musée Pouchkine et à la Galerie Trétiakov, l’important ouvrage dédié à l’exposition réunira des textes et documents inédits témoignant de la singulière histoire de la famille Morozov avec l’objectif d’établir le catalogue général des fonds d’œuvres français de leurs collections.

Salle 1 : Peintres et mècènes face à face. Au commencement pour Chtchoukine était Cézanne. Il viendra opposer au père de la modernité, "notre père à tous" ainsi que le nommait Picasso, ses fils rebelles. Comme pour éprouver leur puissance et leur capacité de résistance, il place alternativement face à l'autoportrait (vers 1882) de Cézanne les œuvres nouvellement entrées dans la collection. En 1915, le collectionneur rejoint le panthéon familier de ses artistes de prédilection et "signe" sa collection avec deux portraits par Xan Krohn

La série d'autoportraits et portraits peints par Cézanne, Gauguin, Van Gogh Picasso et Derain, réunis par Chtchoukine.

Autoportrait (1882)
Paul Cézanne
Portrait du docteur Felix Rey (1889)
Vincent van Gogh

Salle 2 : L'invention d'un regard La danse (1909), et La musique (110), conservées Saint-Pétersbourg, trop fragiles n'ont pas pu faire le voyage jusqu'à Paris. Une installation multimédia proposée par Saskia Boddeke et Peter Greenaway évoque ces commandes d'œuvres monumentales passées à Henri Matisse.

La danse (1909)
Henri Matisse
La Musique (1910)
Henri Matisse

Salle 3 : Les quatre saisons. Les grandes décorations de Pierre Bonnard. D'inspiration symboliste, romantique et impressionniste, les toiles qui la constituent sont essentiellement des paysages, des scènes de genre ou des compositions allégoriques.

 

Le salon du Dauphin (1901)
Maurice Lobre

Niveau-1 : Salle 4 : De la nature des choses.

Vue de Collioure (1905)
Henri Matisse
Dame à la terasse
Henri Matisse (1906)
Le déjeuner sur l’herbe (1866)
de Claude Monet

Niveau 0 - Salle 5 : Une journée en polynésie. Paul Gauguin

Montagne sainte Victoire
Paul Cézanne (1906)
Le jardin du Luxembourg
Henri Matisse (1901)

Niveau 0 - Salle 6 : Les amateurs d'orage. Paul Gauguin. Entre 1904 et 1910, Chtchoukine acquiert un ensemble de seize toiles de Gauguin (dont onze sont réunies dans l'exposition). Ces toiles appartiennent directement par leurs motifs à l'iconographie chrétienne : Nativité (Bé Bé), Vierge à l'enfant, Annonciation, fuite en Egypte. Quant à L'homme cueillant des fruits dans un paysage jaune et Tournesols, ils renvoient respectivement à la révélation de l'arbre de la connaissance.

Des toiles magistrales qui divisent le monde en deux : d’une part, ceux qui détiennent le pouvoir de communiquer avec les mystères et d’autre part, ceux qui les contemplent comme une métaphore entre les peintres et les amateurs d’art.

Eh quoi tu es jalouse ? (1892)
de Paul Gauguin
Couple assis dans une chambre (1896)
de Paul Gauguin
La cueillette des fruits (1899)
de Paul Gauguin
Homme cueillant des fruits (1897)
de Paul Gauguin
Tournesols (1901)
de Paul Gauguin

Niveau 1- Salle 7 : Paysages illuminés, Paul Cézanne. Femmes, modèles ou nymphes déclinées sur le mode générique, allégorique ou singulier

La visitation (1894)
de Maurice Denis
Niveau 1 - salle 8 : Modernité Post Cézannienne
L'atelier rose (1911)
de Henri Matisse
La Desserte (1908)
de Henri Matisse

Niveau 1- Salle 9 : Le prisonnier, Vincent Van Gogh

Bouquet de fleurs dans un vase (1877), Nature morte aux fruits (1880) de Cézanne, Nature morte aux fruits (1888) de Gauguin: Plats de fruits sur un tapis noir et rouge (1906) de Matisse. Compotier, grappe de raisin, poire coupée (1914) de Picasso. Le motif de la nature morte est ramené à la verticale. Les pièces de papiers peints, faux bois et galons dessinnent un espace perceptif complexe, le découpage du vase évide la lacune d'un sujet absent. Ce signe neutre au centre de la composition dénie toute tentative de représentaion illusionniste pour lui substituer la présentation des moyens de la peinture.

Bouquet de fleurs dans un vase
Paul Cézanne 1877
Nature morte aux fruits
Paul Cézanne 1880
Nature morte Espagne
Henri Matisse 1910

Niveau 2- Salle 10 : Entre les mondes, Henri Matisse

La confrontation entre Nymphe et satyre (1909) de Matisse et Le baigneur (1911) de Malevitch, le Nu noir et or (1908) de Matisse, le Nu (1913) de Vladimir Tatline et Le printemps, saisons (1912) de Larionov ou encore entre l'Homme aux bras croisés (1909) de Picasso, Le Musicien (1916) d'Ivan Klioune et la construction en blanc (Robot) (1920) de Rodchenko permet de mesurer la puissance des filiations.

Niveau 2 - Salle 11 : Des nus dans l'atelier

La dryade 1908
Pablo Picasso

Niveau 2 - Salle 12 : Le salon blanc -L'histoire de Psyché- Maurice Denis -Aristide Maillol

 

Mardi gras (1888-1890)
de Paul Cézanne

Le commissariat général de l’exposition, la programmation culturelle et la direction scientifique du catalogue, ont été confiés à Anne Baldassari. Le projet a été rendu possible grâce à l’active complicité du petit-fils de Sergueï Chtchoukine, André-Marc Delocque-Fourcaud, conseiller historique du projet, comme à l’engagement remarquable de Marina D. Loshak, directrice du Musée d’Etat des Beaux-Arts Pouchkine, de Mikhaïl B. Piotrovsky, directeur du Musée d’Etat de l’Ermitage, et enfin de Zelfira Tregulova, directrice de la Galerie nationale Tretiakov.

 

Anne Baldassari : «Quand Chtchoukine apprend de Matisse à collectionner». Par Valérie Duponchelle, Le Figaro : le 27/06/2016

Nationalisée en 1918 à l'issue de la révolution bolchévique, la collection Chtchoukine est officiellement réunie à la collection Morozov pour former le Musée de l'art moderne occidental de Moscou, le premier musée d'art moderne fondé au XXe siècle. Divisée en 1948 par un décret de Staline entre le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg et le musée Pouchkine à Moscou, longtemps interdite d'exposition, la collection Chtchoukine a une histoire tumultueuse. lle a été menacée d'être vendue au début des années 1930, à cause de la crise économique, après la NEP et le reflux d'une politique soviétique pure et dure.

Elle est mise en vente sur le marché international avec, d'abord, des pièces maîtresses qui servent de tests, comme Mardi-Gras de Cézanne. Elle se heurte à une position internationale de refus. Les marchands, les artistes, les collectionneurs, refusent d'acheter. Une sorte de position morale qui contraint la Russie à réintégrer les œuvres. À la seconde tentative, en 1937, alors que l'on parle désormais d'«art dégénéré», ils achèteront aux ventes de Lucerne, malgré le comité de défense créé par le marchand Paul Durand-Ruel, comme ils achèteront les biens spoliés par les nazis. Entre 1932 et 1937, le monde se fracture, il y a une cassure morale.

Chtchoukine est singulier, surtout dans sa volonté de créer un musée. Par rapport à Ivan Morozov, autre grand collectionneur de l'art français, Sergueï Chtchoukine est beaucoup plus radical. Il s'intéresse à des œuvres qui effraient tout le monde: Matisse, Picasso d'après la période bleue, rose, et d'après le fauvisme.

Ce qui est important, c'est que Morozov a fait une collection particulière dédiée à sa propre délectation et à celle de ses proches, et que Chtchoukine décide en 1907 de faire un musée qu'il ouvre au public dès 1908. Sa perspective est didactique, presque scientifique. Il contribue à l'évolution de la muséologie contemporaine par ce projet de partage et d'éducation qui lui est très spécifique.

Le grand modèle de Chtchoukine, ce sont les Stein qui font à Paris une collection extrêmement avant-gardiste mais pour une élite d'initiés. Ils étaient aussi d'excellents spéculateurs qui faisaient des placements, savaient faire leurs choix et achetaient chaque année au Salon des indépendants les œuvres déclenchant le scandale.Trois années de suite, Stein achète La femme au chapeau en 1905, donc invention du fauvisme, aujourd'hui au Musée d'art moderne de San Francisco, puis Le Bonheur de vivre, aujourd'hui à la Fondation Barnes à Philadelphie, puis Souvenirs de Biskra, aujourd'hui au Musée d'art de Baltimore. Trois années de suite, le rire parisien, la moquerie générale envahissent l'espace public. Avec beaucoup d'à-propos, Stein se risque là où personne ne se reconnaît. Sur ce qu'on appelait la laideur et qui est aujourd'hui le cœur de la beauté.

Cette démarche des Stein en dehors des territoires connus va être dupliquée par Chtchoukine. Il va d'abord apprendre de Paul Durand-Ruel, de Vollard, puis passer des marchands aux collectionneurs. Il apprendra des Stein, de Gertrud et Leo d'un côté, mais surtout de Sarah et Michael. Il va regarder leur modalité d'accrochage, les ensembles qu'ils vont constituer. il fera l'équivalent et chaque fois qu'il le pourra, Chtchoukine rachètera les œuvres de ces collections.

Car, grande différence, eux vendent, lui ne revend jamais rien. Hormis quelques cas d'œuvres achetées le matin et revendues l'après-midi, un Bonnard, un Manet, un Cézanne ou un Monet chez Durand-Ruel, car il a trouvé mieux, moins sage, plus violent, plus abouti. Il apprend vraiment à être collectionneur des Stein et de Matisse, à partir de 1908.

 

Les artistes présentés sont :

Pablo Picasso, Henri Matisse, Paul Gauguin, Claude Monet, Albert Marquet, Paul Cézanne, André Derain, Henri (dit Le Douanier) Rousseau, Edgar Degas, Vincent Van Gogh, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Eugène Carrière, Pierre Puvis de Chavannes, Armand Guillaumin, Paul Signac, Odilon Redon, Frank Brangwyn, Georges Braque, Edward Burne-Jones, Gustave Courbet, Charles Cottet, Maurice Denis, Henri Fantin-Latour, Xan Krohn, Maurice Lobre, Aristide Maillol, Henry Moret, James Paterson, Alfred Sisley, Frits Thaulow, Henri de Toulouse-Lautrec, Edouard Vuillard, Kasimir Malévitch, Alexandre Rodtchenko, Vladimir Tatline, Ivan Klioune, Natalia Gontcharova, Paul Mansouroff,  Olga Rozanova, Michel Larionov, Nadedja Oudaltsova, Lioubov Popova, Alexandra Exter, David Bourliouk.

Commissariat général
Anne Baldassari