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Conférences d' Olivier Meslay, conservateur du patrimoine, département des peintures, musée du Louvre

Mercredi 6 octobre 2004 : naissance d'une peinture américaine : John Smibert, John Trumbull, Benjamin West

Mercredi 13 octobre 2004 : Le paysage américain entre 1826 et 1866

 

Naissance d'une peinture américaine : 1720-1820

Les peintres américains vont privlilégier dans leur sujets l'arrivée des premiers colons au 19e siècle et l'idée de l'éducation.

1840 Vanderlyn : Christophe Colomb abordant l'île

1843 Robert Weir : Départ de pélerins à Delft Haven. Ce tableau montre le départ des Puritains anglais en 1620. Cette date est considérée comme le début de la nation américaine. Certes une colonie avait été fondée dès 1607 en Virginie par des marchands, mais les Américains privilègient la date de 1620 qui glorifie l'idée de liberté.

L'éducation : une idée très importante
1636 : fondation de la première université : Harvard
1721 : premier journal satirique
1742 : première bibliothèque
Fin 18e , il existe déjà beaucoup d'universités.

1682 : William Penn s'installe avec les quakers
Benjamin West peint le traité de William Penn avec les Indiens (1681) en 1771
Les esclaves noirs arrivent en Virginie en 1619.
Certaines colonies ont des gouverneurs et dépendent du Royaume-Uni alors que d'autres sont indépendantes (ex : Pennsylvanie)
1770 Massacre de Boston gravure de Paul Revere représentant des soldats anglais tirant sur une foule de Bostoniens en colère contre la présence de l'armée britannique.
Copley, Revere Paul et Grant Wood
Trumbull : Washington remettant sa démission en 1783
John Smibert (1688-1751) écossais portraitiste, né à Edimbourg, s'installa à Boston. S'etait formé en Europe.
1729 Le groupe des Bermudes (Yale) copie de Bentoviglio de Van Dyck , première peinture importante réalisée en Amérique.

Benjamin West 1738-1820 Quaker né en Pennsylvanie, va voyager en Europe et s'installe en G-B. Il fait de la peinture néo-classique qui va influencer Anglais et Français (David). Il crée la peinture d'histoire contemporaine. Les personnages ne sont plus vêtus de toges, ni déplacés à l'époque romaine.
West est un ami de George III et il fait carrière en G-B. Il sera le deuxième président de la Royal Academy après Reynolds.
West influence aussi les Romantiques (ex : Delacroix dans son journal note qu'il doit étudier ses dessins)

Aggripine apportant les cendres de Germanicus : héros qui s'est sacrifié pour sa patrie. Loyauté, dignité de sa femme.
Mort de Hyacinthe
1771 : Mort du Général Wolfe : mort devant Québec, peinture qui ressemble à une déposition de croix. Transposition du héros religieux en héros profane.
Mort de Montcalm , du côté français
Mort de Lord Chatham de Copley : homme politique mort d'une crise cardiaque pendant un discours contre l'indépendance
David se réfère souvent à West.
La bataille de la Hougue (défaite française)
Peinture parfois aussi fantastique.
Le Roi Lear
La mort sur un cheval pâle (ouverture du 4e sceau tiré de l'Apocalypse) est présenté à Paris au Salon en 1802.

West peint un héros romantique, une figure de la liberté polonaise.
West aura aussi un rôle de formateur pour les artistes américains qui visiteront son atelier.
Politiquement West et Copley sont des loyalistes. Copley ira vivre en GB à partir de 1774. Ses clients sont riches et font du commerce avec les Anglais.


John Trumbull (1756-1843), ancien aide de camp de Washington, et Charles Peale sont des Indépendantistes convaincus.
John Singleton Copley (1738-1815) se forme à Boston chez John Smibert
1767 ; Portrait de Paul Revere à la théière . Paul Revere a participé à la Boston tea party et a lutté contre les anglais. Chevauchée décrite par………pour prévenir ses compatriotes de l'arrivée des anglais.
Paul Revere, héros de la révolution, parcourt le pays à cheval pour annoncer l'arrivée des Anglais.
Copley : Le petit jeune homme à l'écureuil
Samuel Adams personnage de l'Indépendance américaine
1778 Watson et le requin : à l'arrière-plan, représentant le port de La Havane. Watson, riche armateur, a commandé ce tableau à Copley pour l'exposer dans son école. Incident qui lui est arrivé lorsqu''il avait 15 ans. Sa jambe fut arrachée par un requin et il fut sauvé par son courage et ses amis.
Ce tableau sera exposé à Londres en 1778 à la Royal Academy et Copley sera à partir de ce tableau considéré comme un vrai peintre.
Va peindre les portraits les enfants de George III.
1783 Mort du major Pierson, jeune major qui résiste aux Français pendant l'attaque de St Hélier (à Jersy)
Dans ses peintures d'histoire, Copley mène à son terme la "révolution réaliste" inaugurée par West.
Copley : Le Chevalier à la Croix-Rouge tiré de Spencer.

John Trumbull (1756-1843). Il est en faveur de l'Indépendance américaine. Son père est un héros de la révolution américaine. Aide de camp de washington 1786 mort du général Montgomery rappelle une déposition de croix et reflète la mort du général Wolfe de West. On y retrouve le personnage de l'Indien, celui qui se tord les mains... Ne peint pas en permanence
Il va en France aux côtés de Thomas Jefferson ambassadeur à Paris.

Charles Willson Peale 1741-1827
Les Peale sont une famille d'artistes Ch Peale a été peint par West. Crée un musée à Philadelphie . Charles Peale peignit de nombreux portraits de Washington dont un en 1779 représentant le général victorieux en pied.
Peint ses enfants. Aussi intéressé par la science…
1802 La découverte du mastodonte
L'éducation était pour lui une idée importante, voulait mettre le savoir à la disposition du public.

Œuvres de Rembrandt Peale (1778-1860) :1801 Rubens avec un géranium
1846 George Washington
1826 Michael Angelo et Emma Clara Peale
1800 : Portrait de Thomas Jefferson
1831 : General view of Niagara falls
1774-1825 Raphaelle Peale est considéré comme un des meilleurs peintres de natures mortes.
1823 Après le bain : femme sortant du bain derrière un drap tendu . On aperçoit un bras et un pied.

Gilbert Stuart 1755-1828
1782 : Le patineur
Stuart était spécialiste de portraits et ne cherchait pas à peindre des sujets historiques.
A peint plusieurs portraits de George Washington : Washington Vaughan, Washington Athenaeum (1796)

John Vanderlyn 1775-1852
1807 Marius parmi les ruines de Carthage peinture néo-classique mais cependant manque d'action , il est assis et songe. Accent sur :les sentiments et émotions plus que sur les actions.
Araine endormie à Naxos abandonnée par Thésée. Première représentation d'une femme nue
1815 : Panorama de Versailles
Mort de Jane Mc Crea : la peinture représente une jeune américaine scalpée par des indiens

Thomas Sully 1783-1872 portraitiste
Queen Victoria

 

Le paysage américain entre 1826 et 1866

Les peintres américains de paysage ont une excellente connaissance des peintres anglais, principalement de Turner, Constable et John Martin

Le grand Ouest, sa découverte et sa conquête, sa résistance farouche et ses paysages de rêve : cette histoire grandiose et brutale, transformée en légende bien avant que le territoire ne soit entièrement exploré, est l’un des fondements de la civilisation américaine. Des portraits des héros Indiens aux accents romantiques (Jarvis, Wimar) aux paysages stupéfiants (Bierstadt, Moran), à l’épopée et à la scène de genre pittoresque où le cow-boy chemine en plein malaise existentiel, les artistes américains ont fourni, dès le début du XIXe siècle, de merveilleux chefs-d’œuvre. À la poésie d’un territoire paradisiaque, peuplé de bisons promis à une disparition inéluctable (Hays) répondent les épisodes des guerres indiennes traités avec un sentiment de grandeur et une fascination égale pour les deux civilisations affrontées (Stanley, Miller). Après Remington et Russell qui marquent l’apogée d’une imagerie héroïque et pittoresque, pleine de saveur réaliste, une génération de brillants illustrateurs (Leigh, Wyeth) montre, au début du XXe siècle, que l’Ouest reste une source puissante d’inspiration pour l’Amérique moderne.

Dans les années 1830, la tradition des illustrateurs scientifiques accompagnant les grandes expéditions pour les documenter se poursuit et se transforme, avec l’arrivée d’une génération d’artistes animés d’un souffle romantique qui apportent un regard plus engagé sur le territoire et ses habitants. La précision ethnographique est toujours de rigueur et les séries de portraits d’Indiens des différentes tribus rencontrées vont devenir l’un des grands phénomènes artistiques des années 1840.

La figure exceptionnelle de George Catlin (1796-1872) fait passer le thème des Native Americans de la curiosité personnelle au projet gouvernemental, avant de lui donner un rayonnement international grâce à l’exposition itinérante de sa Galerie indienne, présentée notamment à Louis-Philippe en 1845. Accompagnée d’une délégation d’Indiens, elle fait grand bruit dans le milieu artistique français et on en trouve l’écho dans les écrits et les dessins de Delacroix. Le roi commandera immédiatement à Catlin une série de tableaux conservés aujourd’hui au musée du Quai Branly et prêtés à l’exposition. L’art de Catlin, avec ses accents naïfs déconcertants, sa saveur narrative et son enquête ethnographique approfondie, ne connaît aucun équivalent dans l’art européen. voir, à la même époque, les peintres de la Hudson River School : Thomas Cole , Frederich Edwin Church .

Les années 1840 et 1850 voient se développer à partir de ce matériau neuf une peinture qui intègre le souffle de l’aventure pour créer un univers épique et romantique. Alfred Jacob Miller (1810-1874) est en 1837 le premier à se joindre à une exploration à travers les Rocheuses, sur ce qui deviendra la « Piste de l’Oregon » (Oregon Trail), l’une des grandes routes vers l’Ouest, dont une partie longe la spectaculaire Green River (actuel Wyoming). Les tableaux, montrés plus tard à New York, seront une révélation et Miller continuera à produire certaines des images les plus vibrantes de l’Ouest sauvage et de ses farouches autochtones (Le Scalp, Denver Art Museum).

La peinture de cette période les évoque de façon inquiétante et majestueuse à la fois, et déjà l’idée de la disparition tragique de leur civilisation donne lieu à des hommages saisissants où les ciels rougeoyants jouent pleinement leur rôle (John Mix Stanley, Derniers de leur race, 1857). Les Blancs progressant sur ces territoires forment l’autre versant de l’aventure, habités de la même gravité presque mystique ou saisis dans leurs pérégrinations pittoresques (George Caleb Bingham, Capturés par les Indiens, Les Voyageurs attardés).

Toute une génération d’artistes, d’origine allemande comme Karl Wimar ou américains comme Wood ou Bingham iront parfaire leur formation à Düsseldorf. Leur influence, et à travers eux celle de la peinture allemande sera déterminante sur les artistes qui leur succéderont. C’est la nostalgie d’un paradis perdu qui s’impose comme une urgence pour les peintres. Les panoramas peuplés de troupeaux de bisons innombrables, peints au début des années 1860 par William Jacob Hays (1830-1875), par ailleurs un peintre animalier conventionnel, évoquent l’une des grandes catastrophes écologiques du siècle.

C’est, dans une lumière dorée ou d’un rose magique, une métaphore de la vie menacée de destruction. Seul registre comptant des tableaux célèbres et représentés dans tous les grands musées américains, le grand paysage sublime, donnant l’impression d’une nature vierge et fabuleuse, promesse du destin sans limites réservé à l’homme américain, connaît son apogée dans les années 1860 avec Albert Bierstadt (1830-1902) et dans les années 1870 avec Thomas Moran (1837-1926). Il a une visée poétique et religieuse mais permet aussi d’attirer de nouveaux voyageurs vers l’Ouest en popularisant les images inouïes des grands sites naturels emblématiques de l’Amérique dont les entrepreneurs de chemin de fer sont les premiers commanditaires. La vallée de Yosemite en Californie, sujet de prédilection de Bierstadt, ou Yellowstone, premier Parc naturel institué en 1872, exploré par Moran, regorgent de cascades, d’à-pics vertigineux, de geysers qui fournissent la matière d’une peinture retravaillée en atelier sur des formats souvent gigantesques à partir des esquisses relevées sur le motif.

La fin du siècle est dominée par la figure de Frederic Remington (1861-1909), le plus populaire des spécialistes du genre western. À ce moment où l’histoire s’écrit rétrospectivement devait correspondre un artiste virtuose, capable de fixer la moindre nuance des gestes désormais « mythiques » des cow-boys, militaires, colons et Indiens, ainsi que de leurs montures. Peintre et sculpteur, il est d’abord un illustrateur à succès et annonce toute une génération d’artistes illustrateurs qui écrivent une grande page de l’histoire de l’art américain qui se poursuivra jusqu’à Norman Rockwell. Prolifique et parfois systématique, notamment dans ses célèbres bronzes (Bronco Buster, 1895), Remington trouve toutefois des accents poétiques étonnants, notamment dans ses œuvres tardives (Les Signaux de fumée, 1908).

Son contemporain, Charles Marion Russell (1865-1926), affiche les mêmes ambitions narratives, avec de grandes chevauchées, un sens des espaces largement ouverts, une palette étonnante (Chasse au bison, Minneapolis Institute of Arts) et une science très subtile de l’anatomie animale. Dans la voie ouverte par Remington et Russell, un artiste comme Frank Tenney Johnson propose une vision inquiète et mélancolique qui n’enlève rien au caractère épique de la conquête mais semble s’interroger sur son sens. Ses voyageurs solitaires sont parmi les plus belles œuvres inspirées par la magie de l’Ouest (Californie ou Oregon, 1926).

Les illustrateurs exploitent pleinement le mythe et les tableaux les plus réussis ont souvent été des couvertures de magazine sinon des projets publicitaires, comme ceux de N.C. Wyeth pour Cream of Wheat (Minneapolis Institute of Arts). Wyeth et William R. Leigh franchissent une nouvelle étape dans l’extravagance des couleurs et l’intensité dramatique. Wyeth incarne ce paradoxe d’un art qui déborde d’inventivité au moment où l’histoire devient codifiée et artificielle. L’art de Wyeth est particulièrement bien illustré par des œuvres qui vont de la méditation lyrique inspirée des spiritualités indiennes aux scènes de bagarre échevelées où il n’hésite pas à faire éclater les crânes dans un nuage de fumée (Bagarre au pistolet, 1916). Les visions romantiques de Miller ou de Stanley sont loin. La virtuosité a remplacé la pureté du premier regard, mais l’enchantement n’en est que plus irrésistible. Inclassable, Maynard Dixon (1875-1946) travaille dans une veine narrative qui oscille entre archaïsme et modernisme, synthétisant toutes les approches de l’Ouest pour en extraire la magie. Il rend d’abord hommage au territoire et à ses habitants d’origine, tout en portant un regard aussi sympathique que critique sur les aventures de l’homme blanc dans son nouveau monde (Hogback Hill, 1942).

 

 

Bibliographie :

 

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