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La préhistoire couvre plusieurs millions d’années de l’évolution humaine. Des premiers individus du genre Homo, environ 2,45 millions d’années avant notre ère, à l’avènement de l'Homo sapiens au paléolithique il y a 300 000 ans, jusqu’à l’invention de l’écriture en 3 500 avant JC. L’apparition de l’écriture fait entrer l’homme dans l’Histoire, car ce dernier est désormais en capacité de documenter les événements, la trace de ses aventures ou des échanges commerciaux. Les premières formes d’écriture marquent donc le début de l’Antiquité.

L'art oriental regroupe ici celui des civilisations anciennes des pays du Proche et Moyen-Orient, depuis la naissance des villages il y a plus de 10 000 ans jusqu’à l’arrivée de l’Islam (VIIe siècle de notre ère).

Il existe des statues datant du néolithique, du VIIe au IIIe millénaire av. JC, âge de la pierre polie. L’homme se sédentarise dans des villages et pratique l'agriculture et l'élevage. Le tissage et la vannerie apparaissent. Une trentaine de statues de forme humaine datant de -7000 ont été découvertes soigneusement enterrées dans un puits pendant les fouilles d'Aïn Ghazal (la source des gazelles) en 1987. Ce village néolithique, établi près de la rivière Zarqa en Jordanie, est étendu sur quinze hectares. Ain Ghazal est l'une des implantations préhistoriques les plus vastes du Proche-Orient néolithique, trois fois la taille des fouilles de Jéricho.

À partir du IIIe millénaire, une même culture écrite, celle du cunéiforme, est répandue dans l’ensemble de l’Orient ancien, y compris l’Égypte. L’écriture est née en Mésopotamie. Les premières traces documentées datent de 3400-3300 avant JC. Il ne s’agit pas encore à cette époque d’une écriture basée sur un alphabet mais sur des pictogrammes, représentation schématique d’objets, de lieux, de concepts. Peu à peu, l’écriture va évoluer, en même temps que la technique pour la réaliser, et face à la difficulté de tracer des courbes dans l’argile, les Sumériens vont développer ce qu’on appelle l’écriture cunéiforme. Une écriture "en forme de coins" ou de "clous", que l’on réalisait avec une pointe taillée en biseau sur des tablettes d’argile humide. Elle consiste en la combinaison de "coins" imbriqués les uns dans les autres pour former des signes. Cette écriture d’une extrême complexité, comme en témoignent les tablettes d’élèves scribes mises au jour par l’archéologie, a continué à évoluer au cours des siècles suivants. L’écriture cunéiforme va être employée par d’autres peuples, dans une quinzaine de langues différentes. Le premier alphabet cunéiforme, un signe pour une lettre, apparaît vers le 14ème siècle avant JC. L’utilisation de cette écriture va se prolonger jusqu’au premier siècle après JC.

Les collections sont pour l’essentiel formées à partir des découvertes des fouilles commencées au milieu du XIXe siècle.

Elles sont divisées en zones géographiques :

Mésopotamie

Située dans le croissant fertile, au proche-orient, la Mésopotamie est une région historique dont on situerait aujourd’hui la majeure partie au niveau de l’actuel Irak. Mésopotamie vient des termes grec “meso” (au milieu de) et “potamós” (fleuve) et désigne une terre “entre les fleuves”. Elle est en effet délimitée par le Tigre et l’Euphrate.On y a trouvé les traces des premières civilisations identifiées : les Sumériens, les Akkadiens et les Babyloniens s’y sont établis et y ont développé les premiers savoirs tels que l’écriture, la littérature, la géométrie, l’arithmétique et certaines avancées majeures en agriculture.

Sa période historique se divise en plusieurs chapitres et commence en 3400 avant J-C :

Entre 3400 et 2 900 av. J.-C : la période d’Uruk récent. L’écriture commence à se développer et les premiers documents écrits de l’histoire de l’humanité apparaissent dans le sud de la Mésopotamie. C’est aussi à cette période que les Sumériens inventent la roue, et jettent les bases de notre civilisation moderne.

De -2900 à -2340 : les dynasties archaïques. Les premières cités-États s’établissent en basse Mésopotamie

De -2340 à -2180 : l’empire d’Akkad. Sargon d’Akkad fédère les cités-États pour créer un premier État uni, qui se transformera en empire grâce à aux descendants de la dynastie tels que l’empereur akkadien Naram-Sin.

De -2180 à -2004 : les néo-sumériens. Affaibli par les attaques de peuples barbares, l’empire d’Akkad s’écroule et les anciennes cités-États reprennent leur indépendance. Plus tard, les premiers rois de la dynastie d’Ur les unifient de nouveau et fondent un nouvel empire dans la région. Il prendra fin vers -2000 du fait des attaques des Amorrites et des Élamites.

De -2004 à -1595 : les Amorrites (ou la période paléo-babylonienne). Les Amorrites prennent le contrôle de tous les territoires mésopotamiens répartis en royaumes, y compris de Babylone, qui devient le coeur de cette région sous le règne du sixième roi de la dynastie, Hammourabi, qui fonde le premier empire babylonien.

De -1595 à -1080 : la période médio-babylonienne. Pendant plus de 400 ans, la nouvelle dynastie des Kassites règne sur Babylone. Dans la partie nord de la région, le royaume médio-assyrien s’impose et on voit apparaître une forte opposition entre le nord et le sud de la Mésopotamie. C’est aussi la période des premières invasions araméennes.

De -910 à -609 : les néo-assyriens. Au IXe siècle avant J.-C. , l’empire assyrien exerce son pouvoir sur tout le Proche-orient sous le règne de la dynastie des sargonides. Mais en -609, Babylone reprend le contrôle de la Mésopotamie. Palais du roi Sargon II à Dur-Sharrukin, - 713 - 706 avant J.-C.

De -620 à -539 : la période néo-babylonienne. Babylone connaît son apogée sous le règne de Nabuchodonosor II. C’est alors l’une des cités les plus vastes (près de 1000 hectares) et sans doute la plus prospère du monde. À cette époque, l’araméen (qui s’écrit en alphabet) commence à supplanter l’akkadien, écriture cunéiforme qui est désormais utilisé davantage par les intellectuels. C’est aussi la période qui verra le développement de l’économie agricole. L’empire s’étend des frontières égyptiennes à l’ouest au Taurus anatolien et aux frontières de la Perse. En -539, une vingtaine d’années après la mort de Nabuchodonosor II, le roi perse Cyrus II reprend Babylone.

De -539 à -331 : la période achéménide. En prenant le contrôle de Babylone, le roi Cyrus II absorbe la Mésopotamie dans son propre empire perse et fonde l’empire achéménide.

De -331 à -140 : les Séleucides. En -331, après des années de lutte, Alexandre le Grand achève la conquête du grand Empire perse et tente d’unifier les différentes cultures qui composent alors son vaste empire en jetant les bases de ce qui deviendra la civilisation hellénistique. La Mésopotamie sera ensuite contrôlée par les Séleucides, dynastie fondée par le successeur d’Alexandre le Grand.

De -140 à l’an 224 : les Parthes. Au IIe siècle avant J.-C., les Parthes reprennent la Mésopotamie au Séleucides. Avec eux, la culture mésopotamienne qui subsistait disparaît pour de bon. Ensuite, dès l’an 116, les Romains entreprennent de conquérir ces territoires. En 198, l’empereur romain Septime Sévère prend la Mésopotamie du Nord.

 

L'Iran antique

L’Iran est un pays de montagnes, dominé par deux chaînes importantes : le Zagros, qui s’étire du nordouest au sud-est, et l’Elburz, qui épouse le contour incurvé de la mer Caspienne, d’où s’élève le Demavend à 5 671 m au-dessus de Téhéran. Le reste du pays est occupé par un plateau d’environ 1 300 m d’altitude et par les deux grands déserts de Kavir et de Lut, au centre et dans le sud-est. Les plaines sont rares et petites : au sud-est de la mer Caspienne, la plaine de Gorgan a servi de passage vers l’Asie centrale et à l’est de la plaine mésopotamienne, la plaine de Susiane, ou Khuzistan, a permis une mixité culturelle entre Iran et Mésopotamie. C’est là que se trouve le seul fleuve navigable, le Karun. La grande entité historique de l’Iran ancien s’appelle l’Élam, double pays de basses et hautes terres dominé par deux capitales : Suse en Susiane et Anshan dans la région du Fars. Deux grands traits caractérisent le pays : un fort nomadisme pastoral et un développement d’artisanats multiples, notamment dans le sud-est, où domine le travail d’une pierre verte, la chlorite.

L'exploration archéologique du site de Suse a permis de retrouver plusieurs chefs-d’œuvre emblématiques de l’histoire mésopotamienne emportés en butin sur le plateau iranien par le roi Shutruk-Nahhunte après un raid sur la Mésopotamie au XIIe siècle avant notre ère. Le Code de Hammourabi est l’exemple le plus célèbre de ces vestiges de la grande sculpture mésopotamienne. Les collections mésopotamiennes ont continué de s’enrichir au travers de la poursuite des fouilles de Tello et d’autres explorations archéologiques à Larsa ou Kish dans le sud de l’Irak actuel, mais aussi un peu plus tard sur des sites plus au nord. En Syrie, François Thureau-Dangin découvrit des sites révélant notamment des aspects importants de l’empire assyrien, avant qu’André Parrot ne découvre bientôt le royaume et la ville de Mari, objet de décennies de recherches archéologiques jusqu’à très récemment.

Les collections de l’Iran antique au Louvre ont pour noyau des œuvres emblématiques de l’époque des Grands rois de l’empire perse achéménide. Issues du palais de Darius Ier à Suse, elles furent redécouvertes par les archéologues Marcel et Jane Dieulafoy en 1885-1886 et présentées au Louvre dès 1888. Très favorisée par les autorités perses de l’époque, une Délégation archéologique française en Perse fut bientôt créée, notamment pour explorer Suse. Des décennies de recherche sur ce site ont permis de révéler une longue histoire d’au moins 6 000 ans qui a servi de fil conducteur pour la redécouverte de l’histoire du pays. Bientôt des monuments rejoignirent le Louvre et leur étude permit de redécouvrir l’existence du pays d’Elam et d’éclairer la préhistoire de l’Iran et les débuts de la métallurgie. Outre l’exploration durable de Suse par Jacques de Morgan et ses successeurs, d’autres sites furent fouillés en Iran en lien avec le Louvre. Ayant pris la suite de Morgan à Suse, Roland de Mecquenem explora plusieurs sites des environs dans la plaine de Susiane et initia des travaux à Tchoga Zanbil. Roman Ghirshman fouilla plus tard les sites de Tépé Giyan, de Tépé Sialk et de Bishapour, révélant divers pans de la longue histoire du plateau iranien. La remarquable collection dédiée à l’Iran antique s’est ainsi développée par le biais des fouilles françaises menées en collaboration avec le Louvre et qui ont fait l’objet d’un partage de fouilles jusqu’en 1973.

Le levant, monde syro-palestinien

Si des œuvres étaient entrées dans les collections royales puis nationales bien avant, tel le célèbre cippe de Malte à l’origine du déchiffrement du phénicien, la formation des collections du Levant – de Syrie, du Liban (Phénicie), de Palestine, de Chypre et d’Anatolie – s’est pleinement développée au XIXe siècle. En 1860, l’expédition militaire au Levant envoyée par Napoléon III fut doublée d’une mission archéologique dirigée par Ernest Renan. Le noyau de la collection phénicienne du Louvre, qui comporte des pièces de Byblos, Tyr, Sidon, etc., provient de cette Mission de Phénicie. Le sarcophage du roi Eshmounazor de Sidon, offert au Louvre quelques années avant par le duc de Luynes fit considérablement progresser la connaissance de la langue phénicienne. En Palestine, ce fut notamment Félicien de Saulcy qui explora le « Tombeau des rois », à Jérusalem, dans les années 1860, tandis qu’en 1873 Charles Clermont-Ganneau estampait puis rapportait au Louvre les fragments de la stèle de Mesha, relatant la victoire de ce roi de Moab sur le royaume d’Israël. En mission à Chypre en 1862 et 1864, le marquis Melchior de Vogüé en rapportait les premières collections d’antiquités chypriotes parmi lesquelles le monumental vase en pierre d’Amathonte. Grâce aux missions effectuées en Turquie par Ernest Chantre de 1892 à 1894 et par Paul Gaudin de 1898 à 1901, une série d’antiquités anatoliennes put être présentée au Louvre.

Sous le mandat français, la direction des Antiquités de Syrie et du Liban contribua à accroître la connaissance du patrimoine archéologique de ces pays. Le partage des découvertes se fit jusqu’en 1939, avec notamment les trouvailles provenant du site de Ras Shamra, l’antique Ougarit, sur la côte syrienne, exploré à partir de 1929 par Claude Schaeffer, ainsi que de Mari sur l’Euphrate, fouillé par André Parrot. En Israël, les fouilles de Tell el-Far’ah par le Père Roland de Vaux de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem livrèrent des objets dont une partie est aujourd’hui au Louvre.

 

Le nom Phénicie est un terme grec qui fait allusion à la couleur rouge (phoinix) de la pourpre dont l’industrie a fait la gloire de cette région. Les Phéniciens, eux, se disent gens de Tyr, de Sido… Ces cités sont établies sur la bande côtière correspondant approximativement au Liban actuel. La diffi culté à s’étendre vers l’intérieur, où elles se heurtent aux Hébreux et aux Araméens, alliée à la menace que représente la politique d’expansion assyrienne, déterminent les villes de la côte à se tourner vers la mer et à ouvrir de nouvelles routes commerciales en Méditerranée occidentale. Les Phéniciens sont réputés pour leur artisanat de luxe : verre, ivoire, travail du métal. Ils empruntent à l’Égypte l’usage des sarcophages de forme humaine mais, sous l’influence de la Grèce, les réalisent en marbre. Aux ve et ive siècles, la Phénicie passe sous la domination de l’Empire perse achéménide. En 333-332 av. J.-C., la conquête d’Alexandre le Grand marque la fin de la civilisation proprement phénicienne.

Au Ier millénaire av. J.-C., le sud de la péninsule arabique (Yemen actuel) est occupé par plusieurs royaumes enrichis par le commerce de l’encens et de la myrrhe. Ces précieux aromates, très recherchés dans l’Antiquité, sont exportés vers la Mésopotamie, la Perse et les pays du monde méditerranéen. Le développement d’un art raffi né et l’invention d’un système d’écriture original témoignent de l’essor de la civilisation sud-arabique qui s’épanouit jusqu’au milieu du vie siècle ap. J.-C. Les auteurs grecs et romains appellent cette région l’Arabie heureuse. Le reste de la péninsule, par opposition, est l’Arabie déserte, domaine des pasteurs nomades. Les caravanes de marchands transportant l’encens la traversent, faisant halte dans les rares oasis. Ce trafi c est contrôlé par les tribus arabes parmi lesquelles les Nabatéens tiennent la première place. Dans la région du Hauran, qui fait partie de la Nabatène puis, à partir de 106, de la province romaine d’Arabie, la prospérité économique favorise la construction de nombreux bâtiments publics dont le décor sculpté s’inspire des modèles gréco-romains.