Les bas-fonds (Jean Renoir, 1936)
Les bas-fonds (Akira kurosawa, 1957)

Maxime Gorki (parfois orthographié Gorky), nom de plume d’Alekseï Maksimovitch Pechkov, est né le 28 mars 1868 à Nijni Novgorod. Il est considéré comme un des fondateurs du réalisme socialiste en littérature et un homme engagé politiquement et intellectuellement aux côtés des révolutionnaires bolcheviques.

Enfant pauvre et autodidacte, formé par les difficultés et les errances de sa jeunesse, passé par le journalisme, il devient un écrivain célèbre dès ses débuts littéraires. Auteur de nouvelles pittoresques mettant en scène les misérables de Russie profonde (Essais et Histoires, 1898), de pièces de théâtre dénonciatrices comme Les Bas-fonds en 1902 ou de romans socialement engagés comme La Mère, publié en 1907, il racontera aussi sa vie dans une trilogie autobiographique : Enfance/ Ma vie d'enfant (1914), En gagnant mon pain (1915-1916), Mes universités (1923).

Dès ses débuts littéraires, Gorki partage l'idéal des partis progressistes et se lie avec les bolcheviks et avec Lénine. Plusieurs fois emprisonné pour ses prises de position, en particulier lors de la révolution de 1905, il quitte la Russie et voyage aux États-Unis pour collecter des fonds pour le mouvement bolchevique. À son retour en 1906, il doit s'exiler à Capri pour des raisons à la fois médicales et policières.

Rentré en Russie à la suite d'une amnistie en 1913, Maxime Gorki est proche de Lénine et des révolutionnaires, mais formule des critiques dès novembre 1917 qui lui valent les menaces du pouvoir : inquiet et malade de la tuberculose, il quitte la Russie en octobre 1921 et se fixe de nouveau dans le sud de l'Italie en 1924.

Encouragé par Staline, il revient plusieurs fois en URSS après 1929 et s'y réinstalle définitivement en 1932 : il devient un membre éminent de la nomenklatura soviétique et participe à la propagande du régime qui l'honore mais le surveille en même temps. Il meurt en juin 1936 dans des circonstances qui ont prêté au soupçon, mais ses funérailles nationales l'établissent comme l'écrivain soviétique exemplaire qu'immortaliseront écrits et statues.



Les oeuvres de Maxime Gorki et leurs adaptations

1898 : Esquisses et Récits. Lance sa carrière d'écrivain pittoresque et social. Ce recueil de textes courts publiés précédemment dans les journaux décrivait la vie des petites gens en marge de la société (les « bossiaks », les va-nu-pieds), révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité.

1902 : Les bas-fonds . Pièce de théâtre représentée en 1902 dans laquelle un idéaliste finalement admis par un groupe de personnages des bas-fonds de la société (prostituées, voleurs, criminels ...) réussit à leur transmettre un message d'espoir et de pensée positive.
1902 : Les Petits Bourgeois : un ouvrier défend avec conviction et assurance les valeurs de la vraie humanité que l'intelligentsia a trahies.
1905 : Les Enfants du soleil : pièce de théâtre formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les événements de 1905 et la tentative de révolution. Cette pièce pamphlétaire critique les intellectuels russes qui restent dans les débats théoriques alors que la situation exige un engagement dans l'action.
1905 : Les Barbares : pièce foisonnante montrant le quotidien mesquin d'une petite ville de province dont les oppositions sociales et les égoïsmes sont révélés par l'irruption de deux ingénieurs venus préparer l'arrivée du chemin de fer.
1907 : La Mère . Son roman le plus célèbre, dont le thème est la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils pour agitation sociale.
1908 : La Confession : Matveï, enfant trouvé, cherche la vérité sur Dieu et découvre que c'est le peuple qui par son énergie collective peut changer le monde. La religiosité du propos autour de la fonction messianique du peuple a été condamnée par les marxistes, Lénine en tête.
1914 : Ma vie d'enfant / Enfance
1916 : En gagnant mon pain
1918 : Pensées intimes : série de critiques du bolchevisme au pouvoir qui n'ont été publiées en Russie qu'après la chute de l'Union soviétique.

1923 : Mes universités , Le Patron : récits autobiographiques de l'enfance à l'âge adulte.
1924 : Notes de Journal
1934 : Humanisme prolétarien


Les bas-fonds
1902

Dans les bas-fonds vit un petit monde de déshérités et de "damnés de la terre", dans un misérable asile tenu par Mikhail Ivanovitch Kostylev et sa femme Vassilia Karpovna, couple de propriétaires avares et impitoyables. On y trouve entre autres un acteur déchu et alcoolique, qui pense qu'il va remonter sur scène, un ferrailleur et sa femme moribonde, un joueur invétéré, une prostituée de bas étage, et un voleur qui n'a pas froid aux yeux, ni peur de la police, Vassili Pepel.

Un jour, alors que la vie semble tant bien que mal suivre son cours dans l'asile, arrive Louka, un mystérieux vieillard. C'est autour de lui que vont se cristalliser les espoirs des petites gens qui vivent là. Le vieux leur permet en effet pour la première fois de croire à leurs espoirs et rêves. Il a en effet compris que le bonheur des gens peut passer par le mensonge: il confirme ainsi leurs espoirs comme possibles: il dit à l'ex-acteur alcoolique qu'il existe un temple où pourra se désintoxiquer, à la vieille femme en train de mourir que l'au-delà est meilleur que le réel, à la jeune prostituée qu'elle trouvera un jour le mari de ses rêves...

Après avoir été l'amant de la propriétaire de l'asile, Vassilia Karpovna, Vassili Pepel, tombe amoureux de sa soeur Natacha et souhaite l'enlever à toute cette misère en quittant la ville. Mais Vassilia Karpovna d'abord jalouse, accepte à une seule condition, que Pepel la débarasse de son mari. Alors que Natacha semble prête à suivre le voleur repenti, la propriétaire profite d'une scène de confusion pour tuer son mari et faire accuser Pepel qui est arrêté. Le seul à pouvoir le disculper, Louka s'est enfui : il semble lui aussi avoir une part d'ombre et beaucoup de choses à cacher à la police. Natacha devient folle. Fêtant la mort du propriétaire, les autres boivent, chantent et dansent en cadence, lorsqu'ils apprennent que l'acteur s'est pendu. Le joueur dit alors en guise d'oraison funèbre: "L'imbécile s'est tué pour nous gâcher le plaisir... "

Gorki dénonce la misère. Ses personnages se trouvent au bord du gouffre, il essaie de les empêcher de tomber en ajoutant Louka, un personnage de compassion. La compassion est tout ce qui reste quand les êtres sont prisonniers de la misère. Elle éveille le dégoût de cette vie endormie, agonisante. Eveil qui provoque l’irruption du rêve. Rêve qui provoque l’irruption de la beauté dans la vie misérable des hommes. A travers l’action de Louka, Gorki met la compassion à la portée de tout un chacun.

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