LCJ Éditions & Productions

Présente

Porcherie de Pier Paolo Pasolini

Editeur : LCJ Éditions & Productions. 3 Juin 2015. Audio : Français, Sous-titrage : Français. 14€90

Suppléments :

Deux histoires parallèles au Moyen Age et dans l'Allemagne contemporaine : celle d'un rebelle cannibale retranché dans le désert et celle du fils d'un industriel qui a une passion secrète pour les porcs...

Pasolini, le contesté (6')

Nous sommes dans l'hôtel où est mort Oscar Wilde. Et il y a au moins un rapport entre Oscar Wilde et vous c'est un procès. Je crois que vous êtes assez content depuis hier parce que vous avez été acquitté et c'est exactement pour quelle raison ?

Théorème était accusé d'obscénité, d'être contre le sentiment de la pudeur. Si j'étais condamné, le film aurait été brûlé, détruit, brûlé, vraiment comme dans le moyen-âge, brûlé. J'ai écrit le texte de Porcherie avant le mouvement des étudiants, quand eux ont commencé. Le point de vue, c'est très différent quand j'écris le texte de Porcherie et maintenant. Dans le film c'est Anne Wiazemsky qui représente la jeune fille typique contestataire avec les défauts, "l'égalisme", l'enthousiasme de sa position de sa condition.

J'ai choisi l'Allemagne parce que l'Allemagne c'est un cas limite. Tout dans mon film est constitué de cas limites. Le cannibalisme c'est un cas limite. L'amour pour les porcs, c'est un cas limite. Et aussi L'Allemagne. Mais l'objectif de ma polémique ce n'est pas l’Allemagne, c'est le rapport entre capitalisme et néo-capitalisme.

Quand vous faites un film comme ça, vous pensez que ça a une valeur de film militant ou pas du tout ?

Oui c'est un film militant parce que le problème du rapport entre l'ancien capitalisme et le nouveau capitalisme, c'est un problème d'actualité. Mais la forme n'est pas militante. Peut-être que les jeunes étudiants italien n'aimeront pas beaucoup le film parce qu'il n'a pas l'air de la lutte pratique, de la lutte dans les barricades. La forme est très distanciée, on dit comme ça ? Très cristallisée.

Le message ou le sens du film est que la société ne dévore pas seulement le fils désobéissant comme Pierre Clémenti mais aussi les fils mystérieux, ni obéissants ni désobéissant, c'est à dire anormals et indéchiffrables comme Jean-Pierre Léaud.

Comment croyez vous que le public peut accepter ce film ?

Je ne sais pas. C'est le problème du distributeur et du producteur. Pour moi, le public c'est toujours très intelligent, très cultivé et il comprend tout, pour moi. Je ne peux pas penser que le public ne comprend pas. La provocation, c'est toujours superficiel. et j'espère que je ne fais pas de la provocation superficielle vous savez. J'espère poser des problèmes, pas  faire de la provocation.

Pasolini, à propos de Porcherie (5')

Pier Paolo Pasolini, un thème qui revient dans vos trois derniers films, Œdipe, Théorème et maintenant Porcherie, c’est le désert. Je voudrais que vous nous parliez du thème du désert.

La première raison c’est que j’aime le désert. Et la deuxième raison est que le désert représente toujours l’absolu dans mon film, la fonction symbolique de l'absolu, de l’ascèse ; un paysage hors de l’histoire.

Vos deux derniers films Théorème et Porcherie, on peut les qualifier de symboliques, non ?

Dans Porcherie les personnages et les situations sont allégoriques. Notre vérité est cachée dans l’image et dans la representation du films ; Et de toute façon ce qui compte c’est l’histoire. Peut être Pierre Clémenti dans le désert, il représente la désobéissance totale, la contestation globale. Ça c’est important mais le plus important, c’est l’histoire d’un homme qui meurt de faim qui mange de la chair humaine Et après, il achète une forme d’identité, terrible, désagréable. C’est l’histoire d’un saint, d’un saint à l’envers et c’est ça qui compte, pas le symbolisme du personnage. Le film est visible a deux niveaux, au niveau simple et humain et à un autre niveau, intellectuel et idéologique.

Ce qui est intéressant quand on voit l'ensemble de votre œuvre, depuis Accatone jusqu'à Porcherie, c'est la discontinuité qu'il y a entre les films du début et les films actuels. Est-ce que vous pouvez expliquer l'évolution de votre œuvre ?

C’est la discontinuité de l'histoire italienne. L’histoire italienne des années 50, c’est très différent de l’histoire italienne des années 60. Pendant les années 50, je croyais faire des films que Gramsci, qui est le fondateur du PC italien, appelait national-populaire. Je croyais que le destinataire de mon film était le peuple, le peuple comme classe sociale, complètement différencié de la bourgeoisie. Mais dans l’Italie moderne, cela n’est plus la vérité. Le peuple n'existe pas, il y a la culture de masse qui comprend la bourgeoisie et le peuple. Alors le destinataire n’est plus le peuple; les ouvriers, l’homme simple, c’est la masse. Alors en réaction à la culture de masse, je fais des films plus difficiles, inconsommables.

Mais qui s’adresse à qui finalement ?

je ne sais pas, je m'adresse à vous, à un homme une femme, à quelqu'un qui est comme moi. Pas à moi-même; c'est rhétorique de dire qu'un auteur écrit ou fait des films pour soi-même. C’est un mensonge n'est pas qu'un auteur écrit pour soi même. Je parle avec un autre comme moi

Un autre indifférencié ?

Oui c’est un spectateur idéal que je considère comme intelligent, cultivé, et avec lequel j’ai un dialogue démocratique.

Et pourquoi avez vous choisi dans Porcherie des comédiens français Clémenti et Jean-Pierre Leaud ?

Parce que quand je fais des films avec des personnages populaires, je prend des acteurs dans la rue, pas professionnels. En Italie c’est très facile. mais quand je fais des films avec des personnages bourgeois, en Italie il n'y a pas de tradition bourgeoise, en France il y a la grande bourgeoisie, alors je choisis des acteurs français pour faire des personnages bourgeois

Les deux personnages ont votre sympathie?

oui je crois mais peut-être j’ai plus de sympathie pour JPL. Parce que la désobéissance totale c’est une forme déjà de nouveau conformisme. C’est tellement radical, c’est tellement sur de soi, cela implique tellement d’orgueil que j’ai moins de sympathie. Alors que j’ai plus de sympathie pour celui qui a moisn de certitude Jean-Pierre Léaud.

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