Editeur : Bac Films. Juin 2008.

Suppléments:

  • Présentation du film par Bernard Eisenschitz
  • Bandes-annonce soriginales (vostf), galerie photos.

Marmaduke Ruggles, l'aristocratique majordome de sir George Vane-Bassingwell, a été gagné au poker par un couple de bourgeois américains récemment enrichis, Effie et Egbert Floud. Egbert est un paysan farouchement attaché à ses origines et à ses coutumes de vie; Effie, une snob enchantée de pouvoir ramener dans son pays cet exemple raffiné et brillant de la haute société européenne.

Pour Jacques Lourcelles : "Chronologiquement le premier chef-d'œuvre complet de McCarey en long métrage. C'est aussi le premier rôle intégralement comique de Charles Laughton. De cette histoire célèbre et plusieurs fois filmée, McCarey tire le parti le plus sérieux qui soit, puisqu'il y trouve l'occasion de livrer un vibrant hommage à la démocratie américaine, à son égalitarisme moral par lequel tout citoyen, quels que soient son rôle et son emploi dans la société, est considéré, sur le plan social et civique, comme l'égal de ses voisins.

Dans cette première œuvre importante, le rire est déjà chez McCarey un chemin tout tracé vers la connaissance intime des personnages, de ce qui les sépare et surtout de ce qui les unit. McCarey y exprime sa vision idéaliste du monde, selon laquelle la justice rendue aux qualités de chacun crée un état de béatitude universelle que le spectateur est invité à partager avec les personnages. Le bonheur de Charles Laughton, de plus en plus intense à mesure que l'histoire avance, est communicatif et contient à lui seul le message du film. Et si le snobisme est tant attaqué dans l'intrigue, c'est qu'il recrée entre les êtres ces barrières artificielles si contraires à la reconnaissance de leur vrai mérite et à leur épanouissement individuel."

 

Présentation du film par Bernard Eisenschitz

Troisième adaptation de après celle de Lawrence C. Windom en 1918 et celle de James Cruze en 1923 où Edward Everett Horton jouait le rôle de Ruggles. Charles Laughton est un comédien anglais venu aux Etats-Unis pour la Paramount. Il est monstrueux dans L'île du docteur Moreau et comique dans Si j'avais un million. C'est Laughton et sa femme Elsa Lanchester, qui joue au même moment La fiancée de Frankenstein, qui proposent McCarey à la réalisation.

Opposition de la vie parisienne et de la vie à Red Gap, de la culture anglaise et de la culture "américaine". L'Américain est cette fois plus caricatural que dans Six of a kind. Il ne supporte pas le style de Boston, pousse de grands cris, aime les vestes à carreaux et les moustaches en guidon mais sait aussi être émouvant.

On retrouve dans le film ce goût de l'embarras à voir quelqu'un que l'on aime bien se rendre ridicule. C'est l'aspect Jekill et Hyde de Laughton. "J'ai laissé parler la brute en moi" ou "Vous ne pouvez avoir autant honte de moi que j'ai moi-même honte de moi". C'est aussi le ridicule de Floud et son goût de la démocratie autour de verres de bière et de whisky.

Le film est néanmoins un vibrant éloge de la démocratie lorsque Ruggles est la seule personne à se souvenir du discours de Lincoln à Gettysburg. Leçon énnoncée aussi par Egbert Floud : "Nous sommes tous égaux. Je ne suis pas meilleur que toi, tu n'es pas meilleur que moi". C'est évidemment choquant pour Ruggles pour qui il paraît normal d'être perdu au poker mais pas de s'asseoir à la même table que son patron.

Ruggles finira par trouver l'équilibre avec Prunella Judson dans le donnant- donnant : elle lui apprend à faire un (mauvais) café. Il lui apprend à faire un (bon) thé.

McCarey porte une grande attention à l'humanité des personnages qui excède toujours leur rôle de pièces d'un puzzle comme chez Lubitsch qui travaille à la même époque à la Paramount.

 

 

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