Editeur : Wild Side Video, décembre 2012. Collection Classics confidential. Master restauré. Son : Anglais Mono avec sous-titres français. 2DVD+Livre : 53 €.

suppléments :

  • La nuit américaine de Fritz Lang, le livre exclusif de 120 pages écrit par Bernard Eisenschitz (journaliste et historien de cinéma) et illustré de photos et de documents d'archives rares.
  • Les 2 films dans leur format original 1.37
  • Bande-annonce de L'invraisemblable vérité

La cinquième victime. New York. Judith Felton, une jeune femme de 25 ans est agressée chez elle par un jeune livreur. Sur le mur au-dessus de son cadavre sont écrits au rouge à lèvres les mots : "Demandez à maman". Au "New York-Sentinel" on s'apprête pour l'édition du soir...

L'invraisemblable vérité Le célèbre romancier Tom Garrett est fiancé à Susan, la fille d'Austin Spencer, directeur d'un grand journal. Celui-ci est un adversaire acharné de la peine de mort. Avec la complicité de Garrett, Spencer monte un bluff destiné à détruire à tout jamais la crédibilité de la peine capitale : Garrett s'accusera d'un meurtre qu'il n'a pas commis ; Spencer, de son côté, gardera dans son coffre tous les éléments prouvant son innocence. Le but est de les produire au dernier moment pour sauver un innocent de la chaise électrique...

Après un succès surprise, Règlement de comptes en 1953, dont il n'a pas su profiter, les films suivant n'apportent à Lang que des déceptions. Des scènes de Moonfleet ont été coupées, une fin artificielle ajoutée. Il va désormais de producteur en producteur, s'estimant trahi le plus souvent. Il essaie de se trouver des justifications : maladresse de ses agents, ostracisme politique. Même s'il y a une part de vérité, le fait est qu'il ne correspond plus aux attentes  du cinéma des studios. Pendant prés d'un an, il travaille à un projet personnel, Dark spring, sans trouver de star ni de producteur. Il commence à chercher des possibilités ailleurs. Il correspond, voit des gens, relance ses agents, cherche du travail sur la côte Est, et pour la première fois en Allemagne.

Bertram Eli Frielob est un playboy, héritier d'une fortune de Chicago. Il produit des films à l'occasion et a épousé une comédienne: Eleanor Parker avant de divorcer et de vivre avec Tyudy Wroe qui tient un vestiaire  dans l'Invraisemblable vérité. Pour ce nouveau projet, il s'est associé à Casey Robinson, écrivain vedette de Werner Bros qui veut devenir producteur mais qu'il écarte bientôt lui laissant la seule responsabilité du scenario. Robinson s'entend très bien avec Lang. The bloody spur est le premier roman de Charles Einstein, publié en 1953. il y décrit à la fois le fonctionnement d'un empire de presse et la cavale d'un criminel ouvertement inspiré de William George Heirens, étudiant de l'université de Chicago, arrêté après trois meurtres en 1946, alors qu'il avait 18 ans.

Le terme de serial killer, tueur en série, a été popularisé assez tard. En 1982 encore, la publicité de livres sur Jack l'éventreur ou Ted Bundy parlait de mass murderers. C'est entre 1983 et 1994, sous les présidences de Ronald Reagan et de George Bush, en pleine réaction à la contestation des années 70, que le sujet est devenu une obsession générale, débattu jusqu'au Congrès, fondé au demeurant sur des stéréotypes pseudo-scientifiques établis par le FBI que diffusaient la presse, la littérature et le cinéma

Dans Before I kill more, Lucy Freeman qui a interviewé Heirens en prison révèle que le titre est emprunté au graffiti tracé au rouge à lèvres par le tueur sur le lieu de son deuxième assassinat ; "For god's sake catch me befire I kill more. I cannot control myself". Lang choisit finalement "Ask mother" mais dans un geste quasi postmoderne lui et Robinson font citer "je ne peux me contrôler au journaliste et le policier conclut que le nouveau tueur au rouge à lèvres "a juste changé les lyrics"

Pourtant le tueur n'est pas ce qui intéresse Lang en premier lieu. Il a déjà traité le sujet dans M le maudit. Le sujet est bien celui d'Einstein : la rivalité entre mauvais amis, des hommes creux au cœur vide et l'ambition professionnelle qui détruit les liens personnels. Lang déplace l'action de Chicago à New York et s'inspire de la salle de rédaction du Los Angeles Times ; un espace commun où des vitres séparent les rivaux tout en les faisant coexister.

 

Versions des films au format 1.37

La cinquième victime n'est pas une production RKO. Le studio de Howard Hughes est immobilisé par des conflits légaux et son catalogue est presque entièrement fourni par des indépendants comme Frielob. Celui-ci destinait d'abord le film à United Artists, utilise quelques moyens techniques et techniciens du studio qui distribuera mal le film, car ce n'est plus son problème. Hughes a vendu RKO en juillet 1955 pour 25 millions de dollars à une filiale de General Tire and Rubber Company : General Teleradio Inc., propriétaire de six chaines de télévision et d'un réseau de radio. Le président de Teleradio ne cache pas qu'il s'intéresse avant tout à vendre le catalogue de films à la télévision - ce à quoi les grands studios se sont refusés jusque là. Pourtant RKO téléradio Pictures manifeste une ambition réelle et les activités de productions semblent reprendre. En novembre 1955, un producteur aguerri, William Dozier est engagé comme vice-président, responsable de la production. Il lance un programme ambitieux de films. Il se contente pourtant de remakes d'anciens succès et après ce feu de paille, les activités du studio s'arrêtent définitivement à la fin 1956. Mais pour quelques mois, le studio de Gower Street est un des plus actifs de la profession. Quand Lang tourne son dernier film américain, ce n'est ainsi pas en marge de l'industrie.

 

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