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Bashu, le petit étranger de Bahram Beyzai

DVD bashu le petit étranger

Editeur : Carlotta-Films. Octobre 2007.

Supplément :

Bashu, un petit garçon,a perdu sa famille dans les bombardements de la guerre Iran-Irak. Il fuit dans le nord du pays en montant clandestinement dans un camion et se retrouve dans un petit village en pleine campagne, loin de chez lui. Personne ne comprend sa langue et la couleur sombre de sa peau ne lui attire que des moqueries. Une mère de famille décide de lui venir en aide...

"Nous sommes les enfants d'un même pays". Cette phrase, dite par Bashu aux enfants du quartier, résume parfaitement ce film. Bashu est un enfant qui a fuit sa région pour ainsi éviter de subir les ravages de la guerre. Quand il arrive en pleine campagne, Bashu est perdu, il n'est plus dans son univers. Le monde ou il a atterri ne ressemble aucunement à celui qu'il a pu connaître avant. La mère de famille qui le recueille ne connaît même pas la langue dans laquelle parle le jeune garçon, a croire que Bashu a parcouru des milliers de kilomètres pour que personne ne puisse le comprendre à ce point.

Bashu est donc un étranger au sein de ce microcosme qui voit en lui tout d'abord une menace et une bouche de plus à nourrir. Bahram Beyzaï décrit ici un univers au proie à l'intolérance qui finira, avec le temps, par accepter ce petit étranger qui n'est pas si différent de nous. Bashu porte en lui toute une culture qui est différente aux yeux des protagonistes qui l'observent. Cependant, Bashu est un enfant du " terre et du ciel " comme le souligne la mère de famille. De part cette particularité, Bashu n'est pas étranger il est comme les autres hormis certaines différences. Pour s'intégrer au mieux au sein de cette société, Bashu examine à la manière d'un anthropologue, la mère. Il imite les bruits des animaux qu'elle imite, mais il reproduit également la gestuelle comme s'il commençait à s'emparer des éléments qui composent cet univers.

Il y a une scène bien précise ou Bashu est finalement acceptée par ce microcosme. Après que Bashu est fuit le foyer une première fois, il décide de revenir à la maison. Les invités de Naïe l'aperçoivent et lui courent après. Prenant peur, Bashu fuit et en voulant traverser un cours d'eau, tombe. Sa " mère " court chercher un filet et le tire jusqu'à la berge. Cette scène a deux caractéristiques : lorsque Bashu tombe à l'eau, ce dernier est comme purifier par l'eau cette dernière lui inculquant un caractère sacré. Dans un second temps, lorsque Naïe le traîne, elle ne fait pas que sauver la vie de Bashu, elle le ramène sur la berge d'une nouvelle société qui finit par accueillir ce petit étranger. Cette scène est une scène clé dans le film car c'est via cette dernière que Bashu devient un personnage sacré qui est accueilli par la nouvelle société.

Une maîtrise du plan

Outre le fait que le film marque de part le sujet traité, le film inscrit chez le spectateur une certaine reconnaissance du point de vue de l'esthétique du film. En effet, on retrouve chez Bahram Beyzaï, comme chez Abbas Kiarostami, ces grandes étendues ou évolue les personnages. On retrouve ce type de plans, au début du film avec le camion traverse le paysage d'un point à un autre du plan. Ces plans sont littéralement divisés, coupé en deux par le camion. C'est notamment grâce à l'un de ces plans qui nous comprenons que Bashu a fait un trait sur la vie qui mené avant. En effet, il y a un plan ou nous voyons un camion traverser une plaine caillouteuse. A chaque mètre que fait le camion, une nuée de fumée s'empare peu à peu du plan ce qui nous empêche, ainsi, de discerner le fond du plan. La poussière s'étend peu à peu à travers tout le plan empêchant ainsi Bashu de regarder derrière lui. Ce type de plan travaille donc la matière même du temps. En effet car comme nous l'avons dit pour ce plan, Bashu est contraint de regarder devant lui et par conséquent le présent. Bashu doit désormais se concentrer sur le présent et non plus sur le passé, bien qu'idyllique soit-il.

Le plan de fin du film marque également la maîtrise de l'outil cinématographique de la part de Bahram Beyzaï. En effet, ce dernier met en scène Bashu, la mère et le mari qui court avec le sanglier qui vient piller les récoltes. Lors de ce dernier plan, Beyzaï capte trois sociétés différentes. Celui de la mère qui est attaché à la terre, celui de Bashu, qui est certes accepté par cette même terre mais qui, au fond lui, est toujours attaché à la sienne et celui du père qui revient de la ville et qui plus est estropié. Quand le père revient, il devient l'étranger comme le dis Bashu " Tu es étranger, ça se voit ". Il n'est pas comme Bashu, mais le père est étranger par le fait que le spectateur se rend compte que le père arrive dans un univers qui n'est plus le sien. Il revient à une forme d'archaïsme qu'il avait quitté. Son corps est à la terre mais son esprit est à la ville du moins jusqu'au dernier plan du film ou ces trois univers sont enfin réunis avec comme signe d'espoir cette envolée de colombes signe de liberté et de fraternité des peuples. Bashu, hôte des nouveaux corps dans une autre société.

Anthony Boscher le 1/12/2007

 

Court-métrage " L'oncle Moustache " 1970, 29 min

L'oncle moustache est un court-métrage comique réalisé en 1970. Ce trouvent déjà ici les mêmes thèmes qui seront abordés dans le film Bashu. L'oncle incarne ici l'ancienne société qui a dû mal à s'imprégner dans la société contemporaine incarnée par les jeunes enfants. La marque de cette société révolue est symbolisée par cette moustache qu'il rasera à la fin et qui signifiera pour l'oncle moustache une entrée dans la réalité nouvelle.