Fengming, chronique d'une femme chinoise

2007

Genre : Documentaire

(He Fengming). Avec : He Fengming. 3h12.

Une ville enneigée en Chine. Le jour tombe. Enveloppée dans son manteau, une femme s'avance lentement. Elle traverse une cité puis rentre dans son modeste appartement. Fengming s'installe au creux du fauteuil de son salon. Cadrée durant tout son récit en quelques plans fixes plus ou moins rapprochés, Fengming se rappelle et raconte :

Fengming est étudiante en anglais lorsqu'éclate la révolution. Elle abandonne ses études pour s'engager et devient journaliste à Lanzhou dans la Gansu en 1949. En 1957, elle suit son rédacteur en chef à Pékin pour un reportage sur le salon agricole. Elle entend parler du mouvement des cents fleurs, lutte contre la bureaucratie et es droitiers. En rentrant, elle constate que son mari, Lao Dong est considéré comme le chef de la clique noire pour avoir écrit trois article où il discute la dictature du prolétariat (qu'il voudrait transformer en dictature du peuple). Il doit subir des "séances de lutte" où seul, debout, il est en butte aux insultes de dizaines de ces collègues. He Fengming est bientôt accusée. Elle subit elle aussi des séances de luttes. L'amour des deux époux s'épanouit dans cette épreuve. He Fengming est néanmoins désespérée d'être accusée par ceux-là même pour lesquels elle s'est toujours battue. Bien qu'ayant deux enfants, fait une tentative se suicide aux médicaments. Les médicaments restent sans effets. Pour être réhabilitée plus vite, elle accepte, ainsi que son mari d'être internée dans des camps de rééducation. Pour elle c'est la ferme modèle n°10 où on l'appelle encore camarde. Elle est ensuite affectée au camp n°4, beaucoup plus dur, où elle doit allumer les feux sous les lits des malades de l'hôpital. Les rations de nourriture se font de plus en plus réduites. Grâce au vol de farine dans un moulin par deux prisonnières de sa chambre qu'elles mélangent à leur soupe Fengming réussit à survivre. Elle reçoit uen lettre de sa famille lui indiquant qu'elle doit aider son mari qui se meurt de faim. Elle obtient de partir au camp fin 19060. Elle arrive en janvier 1961 alors que son mari est mort depuis un mois.

Elle retourne alors à Lanzhou qui a aussi connu la famille. Elle travaille aux archives du journal. En 1969, c'est al révolution culturelle. Comme ancienne droitière, elle est envoyée dans les campagnes du nord de la province à plus de 2000 mètres d'altitude. Ceux qui l'accueillent font preuve d'une grande humanité. Elle ne peut toutefois emmener sa mère, qui grabataire abandonnée à son sort, meurt très vite.


Lors de la seconde journée de son récit, Fengming évoque les années 80 et sa réhabilitation. En 1990 avec son fils devenu adulte, elle revient dans le camp. Il ne leur sera pas possible de retrouver la tombe de son mari car tous les noms ont été effacés par le temps. Elle se résout à une cérémonie du souvenir dans une partie du camp réservée à cet effet. Elle est bouleversée par les cris de papa prononcés pour la première fois par son fils.

Le soir, alors qu'elle travaille dans sa chambre à rassembler des écrits, elle reçoit un appel téléphonique d'un rescapé des camps qui lui laisse ses coordonnées.

Le dispositif minimaliste du film ne l'empêche pas d'être très émouvant et de générer dans l'imaginaire du spectateur les images que Fengming suscite par son récit tantôt bouleversant, tantôt ironique et révolté.

Le cadre du plan large du film est délimité, à gauche et à droite, par une orange dans un filet sur le canapé et, de l'autre, par un four à micro-ondes sur une étagère. En haut et en bas, ce sont le haut du cadre d'un tableau et une table basse sur laquelle est posée une théière dont on voit le haut qui délimitent ce cadre. Le plan large subit quelques variations en hauteur qui laisse plus ou moins visible le haut de la théière. Un plan rapproché est effectué avant la mort du mari qui fait l'objet du second plan rapproché.

Le film comporte environ quinze plans. He Fengming marche dans la rue (1), on la voit assise dans l'embrasure dune porte (2), saisie en plan large dans la pièce (3). On voit le jour qui tombe par la fenêtre(4). Elle parle, allume la lumière, va répondre brièvement au téléphone, revient (5). Premier plan plus serré (6). Plan large (7), plan plus serré (8), plan large (9). Le matin du deuxième jour par la fenêtre (10). Narration des années 80-90 en plan moyen (11), plan large avec les livres (12), retour au plan moyen (13). Léger panotage pour la suivre aux toilettes (14). Plan dans la chambre avec l'appel téléphonique (15).

Jean-Luc Lacuve le 12/05/2012.