Antonio das Mortes

1969

voir : photogrammes

(O dragao da maldade contra a santo guerreiro). Avec : Maurício do Valle (Antonio das Mortes), Odete Lara (Laura), Othon Bastos (Le profeseur), Hugo Carvana (Mattos), Jofre Soares (le colonel Horácio), Lorival Pariz (Coirana), Rosa Maria Penna (Sainte Barbara), Emmanuel Cavalcanti (le prêtre), Vinícius Salvatori (Mata Vaca). 1h40.

Un professeur fait apprendre aux enfants les principales dates de l'histoire du Brésil, l'indépendance, la république, la libération des esclaves et en 1938 la mort de Lampião, un chef des bandits comptant parmi les plus célèbres de la cangaço une sorte d'équivalent brésilien du Jesse James américain

Coirana qui se prétend sans nom ni famille a mis sur sa tète un chapeau de cangaceiro. Il mène les bienheureux poussés par la faim, le peuple du sertao brésilien, qui viennent réclamer justice sur les terres du colonel Horácio

Le Dr Mattos vient chercher Antonio das Mortes en ville où a lieu un défilé en l'honneur de l'indépendance du Nord. Antonio se souvient que Lampião lui avait demandé de rejoindre le cangaço. Il refusa. Le beau Corisco apparu alors qui voulu le tuer mais Lampião ne le voulu pas car Antonio das Mortes était un ennemi loyal. Mais Antonio tua pourtant Lampião et sa jeunesse s'enfuit alors. Il ne peut croire que des cangaceiros soient encore actifs comme le docteur le lui affirme mais accepte de se rendre au jardin des Piranhas voir si c'est vrai.

Le colonel Horacio, aveugle et infirme, aidé de Batista, s'inquiète de ce mercenaire gratuit qui pourrait leur porter malheur. Mattos veut construire une industrie et les investisseurs du sud ont besoin d'ordre. Pour lui, il faut que cesse la violence du Nordeste alors que s'engage une reforme agraire qui rend furieux le colonel. Mattos rêve d'être préfet, député puis sénateur.

Coirana veut passer à l'attaque. Son second, le noir Antao, refuse d'entrer en guerre contre le gouvernement. Le professeur et Antonio tombent d'accord pour trouver d'autres ennemis pour trouver un sens à leur vie. Antonio arrive au village. C'est la fête. Il provoque en duel Coirana. La foule chante et danse en entourant les deux hommes engagés dans une lutte à mort. Antonio blesse grièvement son adversaire d'un coup de machette dans le ventre...

Coirana est étendu agonisant dans la salle de billard. Antonio demande pardon à Sainte Barbara pour ses crimes passés. Elle le rejette. Coirana chante les forêts do matto grosso le chemin du Juazeiro, sertao Alagoas. Antonio s'en va prier à l'église et demande au prêtre de faire venir Mattos. Pendant ce temps Laura demande à Mattos de tuer le colonel pour prendre sa place; c'est lui qui l'a sortie du bordel de Bahia. Comme Antonio lui demande d'ouvrir les magasins du colonel et de laisser les gens de Coirana cultiver ses terres, Mattos lui demande de tuer le colonel. Apres que celui-ci ai échoué à le tuer et l'ai mis en colère il supplie nouveau Antonio. Celui-ci décide de se mettre au service de la sainte.

Le colonel a fait appel à Mata Vaca, un mercenaire du Minas. Batista à révélé au colonel l'infidélité de sa femme. Mattos et Laura sont trainés en place publique. Mattos se dégage et tue Batista. Laura après l'avoir supplié vainement, le tue pour retrouver les bonnes grâces d'Horacio

Coirana meurt et le colonel ordonne à Mata Vaca de tuer les bienheureux. Laura suit le cadavre de Mattos trainé par le professeur. Tous deux s'étreignent sur le cadavre de Mattos alors que le prêtre tente de les séparer. Mata Vaca et ses mercenaires tuent les bienheureux. Mata Vaca fuit devant le regard de la sainte. Le colonel se plaint d'être dans le noir et appelle Laura à son aide. Antonio renonce provisoirement à enterrer Coirana et court vers la sainte. Il lui remet ses armes. Le professeur le rejoint. Au milieu des cadavres amoncelés des bienheureux, le professeur supplie Antao de continuer le combat sans quoi le peuple du Brésil sera condamné à être éternellement humilié. Désespéré, il court vers la ville et sa soule, bientôt suivi par Antonio. La chanson "reconnais ta défaite mais lève-toi, secoue la poussière, et redresse-toi" les ramène à la vie et, tous deux vont vers la dépouille de Coirana. L'instituteur prend ses armes pendant que la sainte ramène celle d'Antonio.

Le colonel se dirige avec ses mercenaires vers l'église et défie Antonio. Celui-ci aidé du professeur abat l'ensemble des mercenaires. Le professeur qui aime Laura constate sa mort. Antonio s'en retourne solitaire en ville.

Antonio Das Mortes constitue le sommet de la consécration mondiale de Rocha car le sujet créa polémique et lui vaut le prix de la mise en scène à Cannes. Portrait de l'injustice et de l'immoralité du pays, le film se fait remarquer pour son rythme lent et pour sa violence roccoco.

Rocha est alors le chef de file du Cinema Novo qui poursuit les ambitions et les désirs révolutionnaires des nouvelles vagues française (Jean-Luc Godard, François Truffaut, Eric Rohmer...), italienne (Pier Paolo Pasolini), allemande (R. W.Fassbinder), japonaise (Nagisa Oshima, Shohei Imamura...), tchèque (Milos Forman, Vera Simkova,..), polonaise (Roman Polanski, Jerzy Skolimowki, ...) ou encore le “free cinema” anglais (Lindsay Anderson..) de la même période. Tous ces courants sont passionnément animés par la volonté de faire rupture avec les conventions narratives et esthétiques du cinéma classique, et de politiser les films en les décloisonnant notamment des schémas habituels de production. Dans ce contexte, l’ambition première de Glauber Rocha, qui postulait le cinéma comme “une interrogation personnelle formulée publiquement”, était la représentation de la domination, du populaire, selon un engagement fougueux : "Le cinéma politique ne veut rien dire s’il est produit par le moralisme, l’anarchie, l’opportunisme. Seul un misérable comme moi pourrait dire que l’art a un sens pour les misérables, et c’est pourquoi je n’ai pas honte de dire que mes films sont produits par la douleur, par la haine, par un amour frustré impossible, par l’incohérence du sous-développement." Ce cinéma authentiquement révolutionnaire, en lutte contre l’axe tout-puissant Hollywood-Cinecittà-Mosfilm, puise ainsi sa force et sa matière dans l’histoire et la culture populaire du Brésil avec une grande importance accordée aux chants et aux danses. Hieratique ce cinéma exclut le champ contrechamp au profit de plans-sequences souvent animés par des danses et des chansons. Tourné à Milagres.

Son univers riche en dérision, en violence et en lyrisme apparait comme le versant radical et tiers-mondiste du western italien commercial cynique et impur.