Le salaire de la peur

1953

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Avec : Yves Montand (Mario), Charles Vanel (M. Jo), Véra Clouzot (Linda), Folco Lulli (Luigi), Peter van Eyck (Bimba), Antonio Centa (le chef de la compagnie pétrolière), Jo Dest (Smerloff), Darío Moreno (Hernandez). 2h35.

Las Piedras est un petit village d'Amérique centrale où se retrouve un échantillonnage cosmopolite de paumés : des Allemands, des Italiens, des Français, des Espagnols, tous indésirables dans leurs pays d'origine. Pour ces pauvres hères, aucune planche de salut possible : le prix du billet d'avion leur est à jamais inaccessible et il leur est impossible d'obtenir du travail de la compagnie américaine qui exploite les puits de pétrole, seule richesse de la région.

Aussi, lorsqu'à la suite de l'incendie d'un puits, la compagnie pétrolière propose une somme considérable pour convoyer sur les lieux du sinistre deux camions de nitroglycérine, tous les vagabonds sont volontaires. Quatre hommes sont choisis après de dures épreuves : deux français, Mario et Jo, un italien, Luigi, un allemand, Bimba.

Le long voyage commence, ponctué de passages difficiles et de scènes tragiques. Luigi et Bimba disparaissent dans l'explosion de leur camion; Jo meurt de la gangrène quelques instants avant de toucher au but. Seul rescapé du voyage, Mario empoche deux fois la prime et repart, le coeur en fête, vers Las Piedras et Linda qui l'attend. Mais, tout à sa joie, il perd le contrôle de son camion et s'écrase dans le ravin.

Film psychologique puis road movie dans sa seconde partie, le film étudie les rapports de domination entre Mario et Jo. Le premier admire d'abord le second qu'il prend pour un dur avant de le voir s'effondrer durant le voyage.

Le fin du film est un constitué d'un des plus célèbres montages alternés entre la danse de Linda à Las Piedras attendant Mario qui revient vers elle, et celui-ci qui écoute la même valse du Beau danube bleu de Johann Strauss dans son camion. Les deux fois treize segments alternés sont de plus en plus brefs et les axes de caméra de plus en plus desaxés.

Le film va rapidement devenir culte aux Etats-Unis et fera l'objet d'un remake en 1977 par William Friedkin, Le convoi de la peur, assez spectaculaire mais, à mon avis, sans grand intérêt bien qu'admiré par de nombreux cinéphiles.

Jean-Luc Lacuve le 15/05/2012