Jeux d'été

1951

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(Sommarlek). Avec : Maj-Britt Nilson (Marie), Birger Malmsten (Henrik), Alf Kjellin (David), Georg Funkqvis (Oncle Erland), Stig Olin (Le maître de danse). 1h36.

Un jour d'automne, on remet un paquet à Marie, danseuse-étoile à l'Opéra de Stockholm. Il s'agit du journal intime rédigé treize ans plus tôt par un jeune homme, Henrik. La répétition étant annulée, Marie s'embarque sur un bateau qui dessert les îles de l'Archipel. Elle s'arrête à l'une des stations et les souvenirs d'un été merveilleux et tragique la submergent soudain. Chaque été, Marie passait ses vacances chez son oncle Erland. Un jour, elle fit la connaissance d'un jeune étudiant, Henrik, qui habitait l'île voisine. Entre promenades, baignades et cueillettes des fraises sauvages, une idylle naquit entre les jeunes gens. Ils se donnèrent l'un à l'autre et ne se quittèrent plus. L'automne arriva et la fin des vacances. C'est alors qu'Henrik se blessa mortellement en plongeant. Désespérée, en butte aux avances déplaisantes de son oncle Erland, Marie se réfugia dans son art, la danse, où elle rencontra le succès, puis la gloire. De retour au présent, Marie s'aperçoit qu'il ne sert à rien de se replier indéfiniment sur des chimères. Tandis qu'elle triomphe sur scène dans la première du "Lac des cygnes", elle décide de ne plus repousser l'amour de David, un jeune journaliste très épris d'elle.

Le film est en partie composé d'un long flash-back, entrecoupé par des retours au présent dans lesquels une jeune fille se souvient d'un amour de vacances tout en essayant d'échapper au traumatisme qui en a résulté.

Si la partie présente, très hivernale, et presque entièrement située dans un théâtre, relève encore assez directement d'une esthétique d'avant guerre dominée par le décor et une stylisation assez appuyée, en revanche, la partie passée et très estivale qui se déroule sur une île possède la juvénilité d'un cinéma directe qui s'invente sous nos yeux. Cette nature partagée entre le minéral et l'humain inspire Bergman et lui donne une souveraine liberté de cinéaste. Le plein air, la lumière solaire et nocturne, les rochers, la mer les corps livrés à la sensualité, la sensation d'un paradis perdu à jamais et qu'on cherchera pourtant sans cesse à retrouver, marquent pour longtemps le cinéma de Bergman. L’été suédois est un personnage récurrent de l’œuvre de Bergman. Après avoir célébré le bonheur fugitif qu’il apporte dans Vers la joie (1950), le cinéaste placera de nouveau l’action de Monika et de Sourires d’une nuit d’été

Le scénario de Jeux d’été est adapté d’une nouvelle qu’Ingmar Bergman écrit lorsqu’il a seize ans, inspirée par l’été qu’il vient de passer sur l’île d’Ornö. Il y rencontre une jeune fille solitaire habitant dans une grande maison inachevée, où se croisent un père handicapé, une mère à la beauté fanée et d’étranges invités. "C’était un peu comme entrer dans une nouvelle de Tchekhov." Un amour timide nait entre ces deux êtres solitaires. À son retour, il couche dans son cahier de latin cette histoire dont le sujet était pour lui "ce qu’il y a de meilleur dans la vie : des vacances d’été dans l’archipel de Stockholm et un premier amour."

Les amours d’été sont alors à la mode sur les écrans suédois, en particulier grâce au film d’Arne Mattsson Elle n’a dansé qu’un seul été (1951), qu’on compara parfois à celui de Bergman. Pourtant, ce dernier insiste (auprès de Jacques Rivette dans le numéro de juin 1958 des Cahiers du cinéma) sur la singularité de son projet : "Il fait partie de ma propre chair. Je préfère Jeux d'été pour des raisons d’ordre intime. J’ai fait Le septième Sceau avec mon cerveau, Jeux d'été avec mon cœur. Pour la première fois, j’avais l’impression de travailler d’une façon personnelle, d’avoir réalisé un film qu’aucun autre ne pourrait refaire après moi."

François Truffaut, grand admirateur du cinéaste suédois, décrit Jeux d'été comme "Le film de nos vacances, de nos vingt ans, de nos amours débutantes". Jean-Luc Godard, alors critique aux Cahiers du cinéma, écrit en janvier 1958 : "Dans l’histoire du cinéma, il y a cinq ou six films dont on aime à ne faire la critique que par ces seuls mots: "C’est le plus beau des films !" Parce qu’il n’y a pas de plus bel éloge. Sommarlek est le plus beau des films."

critique du DVD
Editeur : Opening. 2006. VOST
critique du DVD

Edition double DVD avec Monika ou inclus dans le coffret Ingmar Bergman

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