Les communiants

1963

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((Nattvardsgästerna). Avec : Gunnar Bjornstrand (Tomas Ericsson), Ingrid Thulin (Marta Lundberg), Max von Sydow (Jonas Persson), Gunnel Lindblom (Karin Persson), Allan Edwall (Algot Frövik), Kolbjörn Knudsen (Knut Aronsson), Olof Thunberg (Fredrik Blom), Elsa Ebbesen (Magdalena Ledfors). 1h21.

Un dimanche d'hiver. À l'église, le pasteur Thomas Ericsson célèbre l'office en présence de quelques rares fidèles, une dizaine tout au plus dont cinq seulement viennent communier: Algot Frövik, le bossus, sacristain de l'église voisine de Frostnas ; une vielle femme, Magdalena Ledfors ; Jonas Persson et sa femme Karin, enceinte; ainsi que Marta Lundberg.

Après la cérémonie religieuse, Knut Aronsson, le sacristain, compte les quelques sous rapportés de la quête, s'inquiète de l'état de santé de Thomas qui couve une grippe. Il n'a pas trouvé de gouvernante depuis  le décès de son épouse il y a cinq ans. Il lui suggère de recourir à Marta Lundberg mais Thomas refuse. Algot Frövik vient solliciter un entretien avec Thomas, mais celui-ci, irrité, lui donne rendez-vous à Frostnas après la cérémonie de 15 heures. C’est ensuite Karin qui vient le solliciter. Elle dit qu'il  s'est renfermé sur lui-même, ne parle plus  depuis qu'il a lu un article sur les Chinois. Ils sont élevés dans la haine et posséderont bientôt la bombe atomique. Thomas interroge Jonas qui se tait puis disant qu'une même peur nous habite tous plus ou moins, il conclut par un machinal "ayons confiance en Dieu" mais ne peux soutenir le regard de Jonas; "Nous devons vivre" poursuit-il s'attirant la simple réponse de Jonas "pourquoi ?" mais comme sa femme insiste, Jonas promet de revenir dans 20 minutes, pour parler seul à seul,  une fois qu’il aura déposé sa femme chez eux.

Thomas ouvre son portefeuille ou se trouve une lettre qu'il referme aussitôt après en avoir reconnu l'écriture. Il regarde le christ en croix et trouve l'image absurde. Arrive alors Martha qui tente de le réconforter alors qu’il se dit troublé par le silence de Dieu. Il se sent coupé de Dieu. Martha lui conseille le repos et un whisky et s'enquière de savoir s'il a lu sa lettre ce qu'il n'a pas fait. Elle voudrait qu'il l'épouse car instructrice elle pourrait être mutée. Le silence de Dieu lui parait futile : Dieu ne parle pas parce qu'il n'y a pas de Dieu.

Il est 13h00 et Jonas ne revient pas. Thomas regarde avec dévotion les photos de son épouse décédée puis se décide à lire la lettre de Martha. Celle-ci lui dit sa difficulté à lui parler directement, sa peur de se mettre en colère. Elle lui rappelle qu'il ne pu prier pour son eczéma, tant ses plaies était affreuse quand en colère elle les lui montra. Quand la maladie gagna le visage, il la quitta ce qui prouva son manque d'amour après leurs deux ans d'intimité. Elle réclama un sens à sa vie corps et âme solide entendu sa force vient dorénavant de c'est son amour pour lui. Je vous aime et c'est pour cela que je vis. Je veux vivre pour quelqu'un. Malheureusement, je ne sais comment m'y prendre. Thomas range précipitamment les nombreux feuillets de la lettre et s'écroule fatigué sur son pupitre. C’est alors qu'arrive

Jonas Persson. Thomas l'interroge sur son angoisse, suspectant un problème financier ou de santé. Comme sil s'agissait d’un problème général, il parle de ses propres doutes et de son désarroi. Il est devenu pasteur alors qu'il avait encore l'âme d'un enfant. Nommé dans la marine, au Portugal, il a bien vite rencontré les horreurs de la guerre civile espagnole. Il pensait que Jésus  aimait les hommes comme un père à commencer par  lui-même. Mais confronté au monde dieu lui est apparu hideux, une araignée, un monstre. Seule sa femme pouvait voir son Dieu. Depuis sa mort, il en est privé. Jonas est désemparé devant cette confession qu’il  n'a pas sollicitée et l'indispose.  Il repart sans réconfort. Thomas dans la lumière d'hiver qui balaie son visage se demande pourquoi Dieu l'a abandonné. Toussant, il s'écroule au pied de Martha s'écriant: " c'est fait, je suis libre". Marta, croyant son moment venu, le couvre de baisers mais à arrive alors au fond de l'église la vielle Magdalena Ledfors qui annonce que Jonas s'est suicidé d'une balle dans la tête et que son corps git tout près à côté des rapides. Délaissant Martha, Thomas s'y rend en voiture et aide la police à transporter le corps dans leur fourgonnette. Martha qui est venu le rejoindre à pied l'attend dans la voiture et lui propose de l'aspirine qu'elle la chez elle dans l'école où elle habite.

À l'école, Thomas se montre agressif envers Marta, il refuse la prévenance étouffante qu'elle lui a toujours prodiguée en signe d'amour. Elle lui propose de nouveau de la laisser s’occuper de lui et lui demande le l'épouser. Ce n’est pas la réputation ; c'est qu’il ne veut pas d'elle, Il ne supporte ni ses attentions, ni ses caresses, ni sa myopie ni ses maladies. Je veux sortir de ce lot d'ennuis ridicules. J'en ai assez de vous. Ma femme était tout ce que vous essayez en vain d'obtenir. Vous la parodiez de façon hideuse.

Il lui demande quand même de l'accompagner. Dans la voiture, arrté à un passge àniveau, Thomas avoue à Marta que sa "vocation" de pasteur lui a été imposée par ses parents. Auparavant, alors qu'elle est dans la voiture il va annoncer la mort de Jonas à sa femme, Karin.

Algot, le scaristain, voulait voir Thomas, qui lui avait conseilelr la lecture d el'avangile pour lui parler dela pasiiion du Christ. pour lui les ouffrances physiques du Chris ne sont rien, sa souffrance morale fut bien pire, penant avoir été abandonné; il pensa que son enseignement était mensonge que son père l'avait abandonné : " Il fut rempli de doutes au moment de mourir pasteur, ce fut probablement le plus dur, le silence de Dieu." Thomas fievreux, acqcuiesse.

Fredrik Blom, l’organiste vient dire à Martha de partir : "Il n'y a que nuit et pourriture dans ce trou. Rien n'est plus joyeux depuis que sa femme est partie. Ill ne voyait qu'elle, il n'adorait qu'elle. Tout lui venait de cet amour".

Algot demande à Thomas s'il est utile de célébrer la messe avec seulement Martha dans l'église. Thomas résigné à faire son métier le demande. Entendant les cloches qui sonnent en vain, marha s'agenouille et prie : "Si nous osions manifester notre affection, si nous pouvions croire..." Thomas s'avance vers l'autel et prononce les paroles rituelles : "Béni soit le nom du seigneur. Sa gloire s'étend sur toute la terre."

Le titre français, Les communiants, se réfère au poids de la communion du matin à laquelle participent les personnages principaux du film. Le titre suédois et sa traduction anglaise, Winter Light, plus symbolique, se réfère à l'ensemble du film. Les décors sont dépouillés, les cadrages privilégient les gros plans et la lumière vient les éclairer sans jamais se faire le signe de la grâce. Bien au contraire. Quand Thomas, après le départ de Jonas, demande « Dieu pourquoi m’as tu abandonné », la lumière se fait plus vive comme le signe que l'abandon s'est matérialisé et que seule la lumière naturelle existe. D'ailleurs Thomas vient s'écrouler aux pieds de Martha parlant d'une libération, certes éprouvante, mais définitive. S’il continu à prêcher, c'est pour faire son devoir, son métier mais, comme le Christ sur la croix, il pense, comme le rappelle Algot que son enseignement est un mensonge.

Cet abandon définitif de la foi, se double d'une mise en retrait du monde. La main de Martha, avec sa plaie vive causée par l’eczéma, fait écho à celle, clouée, du Christ en croix.

Incapable de faire partager la joie de la croyance, comme du temps de sa femme, Thomas fait face à une église vide. Seule Martha résiste encore, avant de fuir sans doute comme le lui conseille l'organiste. L’humanité a déserté ce coin de Suède. Seule Karine, enceinte et qui va annoncer le décès de leur père à ses trois enfants, est saisie dans un foyer animé d'une lumière chaleureuse. Les postures des personnages sont souvent baroques ou maniéristes.

Alors que Thomas se saisit de la lettre de Karin, c'est celle-ci qui la prononce, face-caméra sur un arrière-plan neutre, décontextualisé.

Thomas lit la lettre de Martha puis sur ".. C'est pourquoi je vous écrit", c'est le visage face-caméra de Martha qui surgit et interprète la lettre

Cette figure particulière du regard-caméra, émouvante sera reprise par le cinéma moderne, par Desplechin dans Roi et reines (2004), puis subvertie par Tod Haynes dans May December (2023).

Jean-Luc Lacuve, le 8 février 2024.

Autre avis : Jacques Aumont :"Le cinéaste l'a souvent dit : c'est à ses yeux le film charnière par excellence, celui où il dit adieu à la religion et à la foi où tranquillement il se déclare incroyant et irréligieux. C'est dans sa construction, le plus classique de Bergman. Unité d'action, de temps et presque de lieu : en quelques heures, un dimanche, et de l'une à l'autre des deux églises dont il a la charge, un pasteur perd et retrouve la foi au prix d'un homme et peut-être d'une renonciation définitive à l'amour. Et comme dans le théâtre classique, les actions violentes ont lieu dans les coulisses n'existant pour nous que racontées : les plaies saignantes de Marta, le suicide de Jonas. "

critique du DVD
Editeur : Opening. Novembre 2007. VOST

Edition double DVD avec Sensualité dans le coffret Bergman