Annie Hall

1977

Thème : Psychanalyse

(Annie Hall). Avec : Woody Allen (Alvy Singer), Diane Keaton (Annie Hall), Tony Roberts (Rob), Carol Kane (Allison), Paul Simon (Tony Lacey), Shelley Duvall (Pam), Janet Margolin (Robin), Colleen Dewhurst (Maman Hall). 1h33.

L'humoriste Alvy Singer, quarante ans, tente de comprendre pourquoi sa relation avec Annie Hall s'est terminée il y a un an. Tout a mal commencé pour Alvy. Obsédé sexuel dès son enfance à Brooklyn, Alvy n'a jamais connu la période de latence que Freud lui-même décrit. La petite fille de son école, écœurée par son baiser, le dénonce alors qu'il a six ans. Bouleversé par la nouvelle que l'univers est en expansion, il est censuré par sa mère (qui lui oppose que Brooklyn n'est pas en expansion) et par les médecins.

Alvy rencontre Annie Hall, chanteuse débutante, au cours d'une partie de tennis. Un imbroglio verbal a décidé du coup de foudre. Pour lui, Annie représente tout ce qu'il n'a pas connu : l'apparente sérénité d'un tableau de Norman Rockwell, le poli d'une éducation bourgeoise, un rappel de l'époque où l'on trouvait Sylvia Plath "propre". Pour mieux accompagner Alvy dans ses introspections vertigineuses, Annie suit des cours du soir. Ensuite Alvy veut empêcher Annie de fumer un " joint " avant l'amour ou encore se met à la surveiller dans la rue pour être certain de sa fidélité (selon ses propres mots, il ne la suit pas, il l’espionne, différence !). A son tour, Annie entre en analyse et ils se séparent. Alors qu'Alvy se trouve en compagnie d'une reporter (adepte du Maharaji et à l’orgasme fatiguant pour les mâchoires), Annie lui téléphone à trois heures du matin pour qu'il vienne exterminer les araignées qui se trouvent dans sa salle de bains. P

Annie et Alvy, dans une file d'attente pour Le chagrin et la pitié, entendent un autre homme se moquer du travail de Federico Fellini et Marshall McLuhan ; Alvy imagine McLuhan lui-même intervenir à son invitation pour critiquer la compréhension de l'homme. Cette nuit-là, Annie ne montre aucun intérêt pour le sexe avec Alvy. Au lieu de cela, ils discutent de sa première femme, une jeune activiste aussi paumée que lui dont l'ardeur ne lui procurait aucun plaisir. Son deuxième mariage avec une écrivaine new-yorkaise qui n'aimait pas le sport, une snobe hypertendue qui s'adonnait aux cocktails littéraires et aux tranquillisants et était et était incapable d'atteindre l'orgasme fut aussi un échec.

Avec Annie, c'est différent. Les deux s'amusent à préparer ensemble un repas de homard bouilli. Il la taquine sur les hommes inhabituels de son passé. Il l'a rencontrée en jouant au tennis en double avec des amis. Après le match, une petite conversation maladroite l'amène à lui proposer un tour en ville, puis un verre de vin sur son balcon. Là, ce qui semblait être un léger échange de données personnelles insignifiantes se révèle dans des "sous-titres mentaux" comme un flirt croissant. Leur premier rendez-vous suit l'audition de chant d'Annie pour une boîte de nuit ("It Had to be You"). Après leurs ébats amoureux cette nuit-là, Alvy est "une épave", tandis qu'Annie se détend avec un joint.

Bientôt, Annie admet qu'elle aime Alvy, alors qu'il achète ses livres sur la mort et dit que ses sentiments pour elle sont plus que de l'amour. Quand Annie emménage avec lui, les choses deviennent très tendues. Finalement, Alvy la trouve bras dessus bras dessous avec l'un de ses professeurs d'université, et les deux commencent à se disputer pour savoir s'il s'agit de la «flexibilité» dont ils avaient discuté. Ils finissent par se séparer et il cherche la vérité sur les relations, interrogeant des inconnus dans la rue sur la nature de l'amour, remettant en question ses années de formation et imaginant une version de dessin animé de lui-même se disputant avec un dessin animé Annie dépeinte comme la méchante reine dans Blanche-Neige. .

Alvy tente un retour aux rencontres mais tombe sur une névrosée et un nouvel échec sexuel qui est interrompu lorsqu'Annie appelle au milieu de la nuit, insistant pour qu'il vienne immédiatement pour tuer deux araignées dans sa salle de bain. Une réconciliation s'ensuit, associée à un vœu de rester ensemble, quoi qu'il arrive. Cependant, leurs discussions séparées avec leurs thérapeutes montrent clairement qu'il existe un fossé tacite et infranchissable. Quand Alvy accepte une offre de présenter un prix à la télévision, ils s'envolent pour Los Angeles avec l'ami d'Alvy, Rob. Cependant, lors du voyage de retour, ils conviennent que leur relation ne fonctionne pas. Après avoir perdu Annie au profit de son producteur de disques, Tony Lacey, Alvy tente en vain de raviver la flamme avec une demande en mariage. Il fait le voyage jusqu'à Los Angeles mais Annie refuse de quitter cette ville qu’il déteste. Alors qu'il rentre seul, il provoque une série d'accrochages. Il déchire son permis devant l'agent de police ; ce qui le conduit en prison.

De retour à New York, il met en scène une pièce de leur relation, mais change la fin : maintenant Annie accepte de vivre avec Alvy. "Que voulez vous, on essaie d'attendre la perfection dans l'art parce que c'est tellement difficile dans la vraie vie" déclare Alvy,metteur en scène. Il a rencontré récemment Annie dans l'Upper West Side de New York avec son nouveau compagnon qu'elle a emmené voir Le chagrin et la pitié, son film préféré, ce qu'il considère comme un triomphe personnel. Ils se sont revus dans un café pour évoquer les jours heureux. Alvy se dit content de l'avoir revue : "C'était une fille sensationnelle et c'était très sympa ne serait-ce que de l'avoir connue". Il énonce une dernier blague d'un homme qui va chez le psychiatre : "- Vous savez docteur mon frère est dingue, il se prend pour une poule" ; "-bah c'est simple répond le psychiatre vous n'avez qu'à le faire interner"; alors le type dit : Ben, je le ferais bien mais j'ai besoin des oeufs". Alvy conclut : "Moi c'est un peu comme ça que j'ai tendance à voir les relations humaines. Au fond, elles sont totalement irrationnelles, dingues, absurde mais il semble que nous faisons avec parce que la plupart d'entre nous ont besoin des œufs."

Annie chante " Seems Like Old Times" sur le générique de fin.

Les deux blagues que raconte Alvy résument sa philosophie désabusée sur la vie (deux vieilles femmes dans un restaurant : "la nourriture est dégueulasse" "-oui, et en plus les portions sont petites") qui tient avant tout à son complexe sur ses capacités de séduction ("Je ne voudrais jamais devenir membre d’un club qui accepterait les membres dans mon genre" - blague généralement attribuée à Groucho Marx, mais plutôt extraite d’un ouvrage de Freud selon Alvy). Parler, raconter, s'avère donc d'emblée être le seul moyen de faire advenir la jouissance et de supporter l'échec. Le rythme même de la narration en profite : flashes-back très libres, gens interpellés dans la rue, adresses directes au spectateur, MacLuhan intervenant en personne pour désavouer un professeur d'université pérorant dans la file d’attente du cinéma......

Presque chacune des séquences met en oeuvre les réussites ou les échecs du langage pour séduire l'autre. Un imbroglio verbal décide ainsi du coup de foudre au cours d'une partie de tennis. Cette méprise créatrice fonctionne et fait taire leurs différences, de nombreuses fois soulignées : des deux minutes de retard pour la séance de Face à face ce qui fait qu’Alvy se reporte une nouvelle fois vers Le Chagrin et la pitié à la séduction passagère pour la Californie macrobiotique, pleines de belles pépés, de jumelles de 16 ans, de drogue, et de protection contre les UV pour rester jeune, autant de repoussoirs pour Alvy qui sait ne pouvoir y goûter vu sa santé chétive. Au début, au lit, Annie fume de l'herbe et se dédouble. Après elle renonce. En revanche, elle fait beaucoup d'efforts pour se cultiver. Avec succès : quand elle revoit Alvy après leur séparation, elle lui raconte Mort à Venise, en oubliant que c'est lui qui lui avait offert le livre. En conclusion : "J'ai réalisé que c'était une fille sensationnelle et que c'était bon de l'avoir connue" ; le langage n'a pu que sauver les meubles, panser la plaie.

Annie Hall, c’est aussi Diane Keaton, muse et compagne du cinéaste : évidemment parce qu’elle incarne le personnage mais aussi parce que le véritable nom de l’actrice est Diane Hall (son surnom, Annie). un monument de solitude de misere de souffrancedmalheur,cledeson rapport avec els dfemems; Il a quarante ans

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