Discussion du jeudi 9 janvier (12h30-13h30),
Le loup de Wall street de Martin Scorsese

   
   

Le débat s'est organisé en quatre temps :

1- L'analyse du film

2- Le loup de Wall street dans la filmographie de son réalisateur

3- La représentation de la banque et de la finance au cinéma

4- Les extraits de film

 

1/ l'analyse du film

Partant du principe qu'il convient d'aller du particulier au général, chacun s'est rappelé une séquence forte du film en tentant d'en exprimer l'intérêt. Ont ainsi été cités :

Il s'agit d'une comédie où Scorsese accentue les déformations de vision et de personnalité qui rendent moins séduisant ce monde où tout est permis. Cette représentation comique des excès est une stratégie fatale plus efficace que la critique classique qui, comme la séquence du magazine Forbes le confirme, donne bien plutôt envie aux jeunes gens d'intégrer ce monde de folie.

 

2 / Les débats furent rudes entre deux factions de notre ciné-club. Ceux pour qui il y a eu rédemption de Jordan Belfort. Un homme parti de rien veut tout contrôler, y parvient puis chute et trouve une rédemption minable mais salvatrice. Scorsese reprendrait alors une nouvelle fois cette trajectoire après Raging bull (1979), Les affranchis (1990) et Casino (1995). Mais la rédemption, c'est racheter ses comportements passés. Certains ont ressenti qu'il s'agit plutôt d'une expiation par un humiliant retour à la case départ, mais sans véritable reconnaissance des péchés.

Les maffieux avaient encore une morale, un code ; ici tout explose comme si on avait laissé le Joe Pesci de Casino s'en donner à cœur joie, dans un autre domaine que celui de la violence physique, mais pas moins dévastateur (Di Caprio apprend à vendre des stylos, Pesci les plantait dans la gorge de ses victimes !). La déchéance culturelle de notre époque s'illustre aussi par ce raccourci musical : le thème de Camille du Mépris dans Casino cède la place à Plastic Bertrand et son "ça plane pour moi".

Le coté trash est revendiqué par le recours au comédien (Jonah Hill), sorti de la bande à Jude Apatow, qui interprète Donnie (cf. la scène de masturbation publique pour la première rencontre Belfort/Naomi). Comme dans Casino, la première vision de la femme aimée se fait sur le mode de la plongée : depuis la salle de vidéo-surveillance dans Casino,en en haut de la terrasse ici au cours de la partie de "billard-ludes".

Mêmes déchéances finales aussi : terne pavillon de banlieue pour Ray Liotta dans Les affranchis ; retour de De Niro revient à son petit travail de bookmaker dans Casino ; séminaire de Di Caprio devant un parterre de mauvais vendeurs indécrottables.

Cette dernière scène, qui figure le terrible constat de Scorsese (l'appât généralisé de l'argent facile est au moins aussi important que le talent des escrocs comme cause de ce dérèglement délirant de la société), fait écho également au final de Casino, que d'une certaine manière il achève (foule de gogos franchissant les portes d'un Las Vegas perdu par la mafia et transformé en Disneyland géant par de grandes sociétés financières arrivées là par des magouilles.

Hors références scorsesiennes, sont cités Charlie et la chocolaterie (avec la mention du Ticket d'or et de Willy Wonka et le chant des Oompa Loompa martelé comme rite initiatique par Matthew MacConaughey). Popeye, Citizen Kane (la fanfare dans les bureaux) et les dialogues à la Tarantino (préparation du lancer de nains). Hommage aussi au Wall Street (Oliver Stone, 1987) réalisé l'année où se déroule ici le film ; Gekko personnage fictif est cité au moment où il est en résidence surveillée.

 

3/ Dans les représentations de la finance telles que Shame (Steve McQueen, 2011), Margin Call (J.C. Chandor, 2011) ou Blue Jasmine (Woody Allen, 2013), les portraits à charge des financiers donnent sans doute plutôt envie aux jeunes gens d'appartenir à ce monde que de le fuir. Ce type d'approche est résumé ici dans la courte scène où le magazine Forbes fait un portrait à charge de Jordan qui attire encore plus de jeunes diplômés qui veulent être riches quelles que soient les conditions.

Cleveland contre Wall Street (Jean-Stéphane Bron, 2010) et Capitalism : a love story (Michael Moore, 2009) confrontent l'inconscience des banquiers aux effets dévastateurs de leur politique sur les plus faibles et les plus crédules. Cette dimension est absente dans Le loup de Wall Street. Les victimes des escroqueries ne sont pas montrées, et guère évoquées (le discours manipulateur de Belfort au cours de la tentative de corruption de l'agent du FBI sur le yacht, dissertant sur le rôle bien plus fondamental pour le destin de l'Amérique des policiers, pompiers, et gens de l'ombre que de ces flambeurs de Wall street ; le court plan dans le métro)

 

4/ Extraits de films :

Fin des Affranchis.

Fin de Casino avec ces mêmes regards des gogos entrants dans les casinos de Las Vegas pour se faire dépouiller, et la mine vieillie et défaite de De Niro.

Extrait de Casino avec l'explication du circuit de l'argent. "Les seuls gagnants c'est nous, les joueurs n'ont aucune chance" ... mêmes gros plans sur les billets.

 

 

Discussion du vendredi 14 février de 12h15 à 13h15,
Le vent se lève de Hayao Miyazaki

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Choix des séquences marquantes

2- héros positif ou négatif

3- parcours de la filmographie de Hayao Miyazaki

1/ l'analyse du film

Partant du principe qu'il convient d'aller du particulier au général, chacun s'est rappelé une séquence forte du film en tentant d'en exprimer l'intérêt. Ont ainsi été citées les séquences suivantes :

2/ héros ou anti héros.

De ce premier tour de table se dégage assez vite le débat sur Jiro héros ou anti héros, d'abord dans son implication amoureuse. Alors que Naoko se sacrifie pour lui, il la laisse toujours au second plan par rapport à son travail, rentrant tard et se permettant même de fumer devant sa femme tuberculeuse. Par ailleurs, il néglige aussi sa mère (laissée dans le hors champ), la jeune gouvernante de Naoko (qui disparait dans une surimpression le long du quai après avoir ramené règle à calculer et chemise) et sa jeune sœur dont il oublie systématiquement les rendez-vous (répétition comique).

Tous, nous sommes sensibles à ce parcours tragique de l'homme créateur qui s'investit dans son travail au détriment de sa vie privée. Plus problématique est la position de Miyazaki devant l'aveuglement de Jiro sur la construction de son avion comme machine de guerre; certains jugent trop en retrait ce traitement (allusion amusée aux mitraillettes qui alourdissent son avion, clôture du rêve finale avec son charnier d'avions).

Question : comment s'identifier à un héros aussi aveugle ? Il est certes capable d'amitié et de compassion (les deux enfants auxquels il donne du gâteau) mais reste obstinément enfermé dans son rêve créateur, au détriment de ses proches. La réalisation d'un potentiel créateur constituerait donc l'alpha et l'oméga d'une vie réussie, comme invite à le pense le vers de Paul Valéry ("Le vent se lève... il faut tenter de vivre") qui donne son titre au film ?

Réponse possible : l'angoisse n'a pas besoin d'être figurée de manière documentaire (elle contredirait l'aveuglement du personnage) mais intervient ici sous forme de pulsions de mort venant ponctuer les rêves ensoleillés de Jiro.

3/ Filmographie de Miyazaki parcourue avec Le château dans le ciel (1986), Mon voisin Totoro (1988), Princesse Mononoké (1997) et Le château ambulant (2004) comme films majeurs du réalisateur. Importance des femmes et des personnes âgées ; simplicité du dessin en même temps très documenté car s'appuyant sur des paysages réels du Japon.

 

Discussion du mardi 18 mars de 12h15 à 13h15,
The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Choix des séquences marquantes

2- Des poupées russes mal emboitées

3- Quels rôles pour le romancier et le cinéaste ?

 

1/ Les scènes clés du film

Partant du principe qu'il convient d'aller du particulier au général, chacun s'est rappelé une séquence forte du film en tentant d'en exprimer l'intérêt. Ont ainsi été citées les séquences suivantes :

2- Des poupées russes mal emboitées

C'est la géographie qui interpelle d'abord avec cette république imaginaire de Zubrowka dont le nom fait penser à la Pologne, démembrée avant 1918, martyre en 1939. La station thermale haut perchée, "à la frontière la plus orientale de l'Europe", lieu de l'action, correspond au Gorlitzer Warenhaus, grand magasin historique construit en 1912 à la frontière entre l'Allemagne, la Pologne et la République tchèque mais qui, sous le trait de l'illustrateur, devient une de ces villes d'eaux d'Europe centrale. Mais, Budapest oblige, c'est surtout à l'Autriche-Hongrie que l'on pense surtout quand surgit sur l'écran une pâtisserie du nom de Mendl ou un journal baptisé le Transalpine Yodel.

L'histoire commence en septembre 1932. C'est un mois après son engagement que Zero ramené le journal où l'on annonce que madame D. est morte la veille. Il file sur le champ et s'expose ainsi, le 19 octobre, à la fermeture de la frontière. Ils rentrent le soir même en ayant volé le tableau. Henckels informe Jopling que le meurtre de Kovacs a lieu le 23 octobre alors que les prisonniers viennent juste de s'évader. Il est patent, qu'en quatre jours, ils n'ont pas eu le temps de faire venir les outils pour se libérer ni de creuser le tunnel. L'épisode en noir et blanc avec les escadrons de la mort nazi qui remplacent les officiers impériaux autrichiens se situe peut-être en 1938, au moment de l'Anschluss.

3- Quels rôles pour le romancier et le cinéaste ?

Le majordome par son lyrisme et sa politesse tente de faire entrer dans son monde tous ceux qu'il croise. Son exquise politesse en toute occasion est bien plus qu'un signe de classe ; elle devient une vision du monde. Celle-ci ne lui survivra pas. Mustafa dira même : "Son monde s'était évanoui longtemps avant qu'il n'y entre, mais il en avait entretenu l'illusion pendant un petit moment".

Mustafa trouve in extremis le bon introducteur pour que son histoire, via le récit littéraire, lui survive alors que l'hôtel est balayé par le fascisme, le communisme qui lui ôte sa splendeur et le libéralisme qui en fait un objet économique désuet. Il trouve l'écrivain pour en préserver la vision dans un roman. L'écrivain lui-même n'est qu'un médium. Il se contente d'écouter et de transcrire le récit des autres. Il est bien loin de l'être de la profondeur qui va chercher en dedans de lui une vérité. Il en serait d'ailleurs bien en peine : toujours en transit (sa maison semble en déménagement), il doit aussi subir l'hyperactivité de son petit-fils.

Anderson semble ainsi occuper dans le film la même place que l'écrivain : il a accumulé les récits, géographies, histoires et arts des autres. Il nous laisse voir ce que tout cela demande de précision mais aussi de difficulté à faire tenir ensemble pour qu'existe cet assemblage de cadres, de couleurs et de personnages que constitue un film.

Discussion du mardi 11 avril de 12h15 à 13h15,
Her de Spike Jonze

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :


1- Choix des séquences marquantes

2- Un scénario qui se développe en de nombreuses étapes

3- L'amour demain dans les films

1/ Les scènes clés du film

Neige, un monde dispersé. Dans le métro Theodore découvre que Samantha est en relation avec 8316 personnes et 641 amants. Inversion de la jalousie, incapable de vivre dans plusieurs corps et de lire des livres de physique. Pourtant, lui aussi a cessé d'écrire à une personne mais, de par son métier écrit des lettres personnelles à des centaines d'inconnus.

2/ Plusieurs étapes dans leur relation: elle veut un mental adapté puis souhaite un corps, quitte à ce qu'il soit de substitution, puis s'adapte à ses potentialités nombreuses, puis abandonne Theodore pour une vie séparée. Les humains ont, au mieux, à s'encourager mutuellement.

3/ L'amour demain : Lost in translation, Shame, Quand Harry rencontre Sally, THX 1138

 

Discussion du mardi 13 mai de 12h15 à 13h15,
Tom à la ferme de Xavier Dolan

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Choix des séquences marquantes

2- Un faux thriller et un vrai film mental

3- les variations baroques autour de l'intrigue principale

1/ Les scènes clés du film

La scène du tango où se manifeste l'attirance de Francis pour Tom, mêle douceur et violence verbale avec le rejet exprimé de la mère.

La scène de menaces dans les toilettes, seule vraie scène de thriller pour un film qui joue sur tout autre chose. La fuite de Tom, sa vitesse d'exécution dans le vol de la voiture, la poursuite dans les mais, le parallèle entre le trajet en voiture de jour à la mise en scène lyrique et le retour vers Montréal plus apaisé, de nuit.

2/ un vrai film mental avec des scènes fortes : l'arrivée dans le brouillard après la route ensoleillées, les mains en sang avec le petit veau accouché, la cruauté de la figure balafré du pompiste entraperçue. Peu de jours entre l'endormissement et la fuite mais espace mental pour faire le deuil de l'amant mort.

3/ variations baroques les allusions à La mort aux trousses et à Psychose.

 

Discussion du mardi 10 juin de 12h15 à 13h15,
La chambre bleue de Mathieu Amlaric

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Choix des séquences marquantes

2- Un film mental

3- le choix du format 1.33

 

Discussion du mardi 2 juillet de 12h15 à 13h15 (Rue Claude Bloch),
Black coal de Diao Yinan

   
Dossier de presse compilé par Jean-Sébastien Leclercq

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Relevé des points obscurs de l'intrigue

2- Choix des séquences marquantes

3- les coups de force du scénario comme autant d'éléments activant un mystère supplémentaire

 

Discussion du mardi 14 octobre de 12h15 à 13h15,
Gone Girl de David Fincher

Gone girl de david Fincher
   

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Un montage brillant qui respecte celui du livre

2- Choix des séquences marquantes

3- Belle mécanique un peu vaine ou liaision entre hystérie sociale et hystérie du couple.

 

Le montage parallèle pour décrire deux idées différentes du mariage, l'une appartenant à un passé fantasmatique, l'autre à un présent beaucoup plus terne reprend celui du livre. les premiers chapitres du roman de Gillian Flynn alternent en effet un chapitre consacré à la vision de Nick avec un autre consacré à la vision d'Amy.  On a ensuite un montage alterné entre deux séries englobées dans la même continuité diégétique mais décalées au sein même de cette histoire. Une quatrième partie utilise un montage alterné classique, situé en deux lieux différents toutefois. La cinquième partie revient à une unité narrative pour mieux montrer l'incommensurable océan de mystère et de frustrations qui lie un couple que tout l'espace médiatique a consacré comme modèle à ses propres imperfections.

Simulacre généralisé : tout est faux. Comme dans La poursuite impitoyable, Police et justice renoncent devant les apaprences. Vingt enquêteurs du FBI font taire la fliquette locale, seule à poser les bonnes questions

Ellipse des deux interwievs, Amy couverte de sang c'est Carrie au bal du diable (De Palma). Cette hystérie sociale, c'est justement celle sur laquelle compte l'hystérique Amy. Celle-ci, fragilisée par des parents qui ont donné plus de temps et d'amour à l'Amazing Amy qu'à leur fille, espérait trouver en Nick un équilibre qui le ferait renoncer à sa propre volonté de remodeler ses petits amis sur un "amazing" modèle de perfection avant de les rejeter violemment en cas d'échec.

Discussion du mardi 4 novembre de 12h15 à 13h15,
White Bird de Gregg Araki

White bird de Gregg Araki
   

Le débat s'est organisé en trois temps :

1- Sujet principal : le déni de l'amour d'une fille pour sa mère

2- Rimes et réminiscences

3- L'univers de Gregg Araki

White bird est l'histoire d'un déni de l'amour d'une fille pour sa mère. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves, vont l'affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition réelle et symbolique de sa mère. La profondeur des rêves révèle alors la profondeur de cet amour que les pulsions et préoccupations adolescentes avaient fait oublier. La mise en scène d'Araki est construite sur ces jeux délicats de rimes et de réminiscences, subtilement disséminées dans des décors baroques et chatoyants.

Chatoiement de l'adolescence et névrose de l'âge adulte

White bird est l'adaptation d'un roman de Laura Kasischke mais Gregg Araki le transpose en Californie, transforme les amies de Kat en excentriques marginaux. Ce sera Beth, une noire obèse qui s'assume interprétée par Gabourey Sidibe, l'actrice de Precious et Mickey, un gay ironique, comme lui. Il est bien différent de Phil et du père, transformés pour le film en homosexuels refoulés. Araki trouve aussi dans ce roman son amour pour les années 80 (pas de téléphones portables) et l'accompagne de ses goûts musicaux (Joey Division, Depeche mode, Cure...).

Les jeunes gens semblent y vivre déjà une sexualité libre (belles séquences du dépucelage et de la séduction du policier) alors que les parents sont en proie au désenchantement. Eve, femme au foyer qui voit sa beauté se faner et ne plus rien espérer d'autre que sa vie actuelle, est jalouse de sa fille qui lui rappelle toutes ses pulsions adolescentes et ses espoirs. Loin semble l'enfance, ses souvenirs pastels chaleureux de cuisine et de jeux sous les draps.

Rimes et réminiscences

Pourtant, la dernière image, Kat rêvant dans les nuages au possible retour de sa mère, renvoie bien à celle d'Eve cherchant sa fille sous les draps d'un jeu qu'elles partageaient ensemble quant cette dernière était petite.

Si la mère envie sa fille, c'est bien au-dela de la jalousie comme le découvre Kat dans son rêve où l'image de sa mère, couchée dans la neige, renvoie à sa vision de celle-ci dans le lit, bien habillée mais devant se résoudre à seulement préparer le diner du soir.     

La combinaison du cadenas du congélateur est retrouvée par Kat en se souvenant de celle du coffre aux revues érotiques qu'elle découvrit enfant.

Phil est surnommé "Poubelle" par les lycéens. Or quand Kat revient vers lui durant les vacances de 1991, bien en évidence à l'arrière-plan de leur discussion, figure un panneau indiquant qu'il faut prendre soin de vider les poubelles. Le film ne délivre pourtant pas toutes les clés périphériques à la résolution du déni de l'amour maternel. Ainsi Phil a-t-il pu aussi coucher avec la mère comme avec le père.

American Beauty (Sam Mendes, 1999) ou Virgin suicides (Sofia Coppola, 1999) traitaient de la vie de façade en banlieue et du déclin du rêve américain, Gregg Araki donne à ces thématiques un ton plus baroque tout en étant perçues comme dans un rêve ouaté, mystérieux et intrigant, à l'image des tableaux de M.C. Escher qui décorent la chambre de Kat, Jour et nuit (1938) et Oeil (1946).

Discussion du mardi 3 mars 2015 de 12h15 à 13h15,
It fellows de David Robert Mitchell

It fellows de David Robert Mitchell
   

Thème majeur du passage de l'enfance à l'adolescence avec la perte de confiance dans la protection des parents et la peur majeure de la première expérience sexuelle. Le film est ainsi bien moins puritain qu'Halloween, où seule celle qui ne couchait pas survivait.

Cette thématique est illustrée dès les premières séquences avec Greg qui désirerait  être ce petit garçon du cinéma jouissant pleinement de ce moment de détente avec ses parents. Jay passe aussi. Du petit bassin de sa piscine personnel au grand bassin de la piscine municipale éprouvant aussi une nouvelle conscience sociale: enfant elle vivait dans de l'inconscience d'une ville construite sur deux zones séparées et celle de la bourgeoisie et celle des ouvriers pauvres que ses parents lui interdisait de fréquenter

La menace peut  prendre n'importe quelle forme aussi bien quelqu'un que tu ne connais pas que l'un de tes proches. Vieille femme du début, la femme qui perd de l'eau, le géant, le petit garçon qui passe au travers de la porte, la copine sur la plage, la mère de Greg, le père sur le toit. Cette peur du devenir adulte tout en attendant quelque chose d'autre se matérialise aussi dans les scènes de repos, les enfants dorment dans le même lit, se serrent les uns contre les autres à l'hôpital.

la solution assez banale d'un amour partagé s'inscrit dans la résolution du film attente de quelque chose de tout seul à gérer sa peur du moins peut-on la gérer à deux

Le hors-champ est toujours d'autant plus menaçant que l'on ne sait d'où vient la menace et quelle forme elle prend en entrant dans le cadre.

Métaphore permanant de la sortie de l'enfance est entretenue par une atmosphère de conte intemporel effrayant. Efficace dès la première séquence qui peut laisser penser à un flash-forward, comment en est-on arrivé là, musique oppressante période mal définie liseuse dans un coquillage des film télévision sont Killers from space (1954) women of the prehistoric planet (1966) mais renvoie aussi à Halloween observation de la voiture à une place incongrue Pas tant l'abstinence sexuelle que la peur de la première fois pourtant ressentie comme une effrayante nécessité

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