L'amant de lady Chatterley

D. H. Lawrence

1928

Adapté par Luis Bunuel en 1967 dans Belle de jour

"Ce n'était pas très gai, mais c'était le destin.(...) C'était la vie." Tel est l'amer constat que Constance Reid, alors âgée de 23 ans, porte sur son mariage avec Clifford Chatterley. Ils se sont mariés en 1917 lors d'une permission de Clifford. Il est revenu du front en 1918, gravement estropié et condamné à la chaise roulante. Si leur entente a toujours été plus intellectuelle que physique, l'incapacité de Clifford à satisfaire sa femme et à lui donner un enfant met rapidement un point final à leur mariage.

Amant après amant, Constance trouve son plaisir, jusqu'au jour où elle ouvre enfin les yeux sur Mellors, le garde-chasse de son mari. La soudaine "avide adoration" que Constance éprouve pour lui naît principalement de l'intense intimité sexuelle qu'ils partagent alors que tout les sépare dans l'Angleterre puritaine du début du XXe siècle. L'explosion sensuelle et amoureuse de leur liaison ira jusqu'à infléchir la ligne de leur destin respectif. Roman puissamment érotique et sensuel, L'Amant de Lady Chatterley a profondément bouleversé et continue d'ébranler les idées reçues sur le plaisir féminin et la virilité. (Aurélie Scart pour Amazon.fr)


David Herbert Lawrence écrivit trois fois son dernier livre, L'amant de lady Chatterley. La troisième version, que le public connaît, est caractérisée par sa fin optimiste : les deux amants pourront se marier puisque les obstacles sociaux (différence de classe et de culture) apparaissent de moins en moins infranchissables.

Lady Chatterley et l'homme des bois, la deuxième version, peut surprendre le lecteur, qui ne reconnaîtra aucun des trois protagonistes, pas même lady Chatterley qui est plus " femme, moins cérébrale " et qui vit avec le garde-chasse sa première expérience véritable de l'amour. Sir Clifford est un intellectuel un peu snob. Quant à Parkin, le garde-chasse, c'est un être parfaitement inculte qui prête un peu à sourire avec sa petite taille et sa grosse moustache rousse. Ce n'est qu'à la longue que "Connie" Chatterley s'attachera à cet homme ombrageux, vulnérable, taciturne, et sera sensible à son charme "sauvage", à sa délicatesse, à sa tendresse infinie.

Une autre différence fondamentale réside dans l'importance, le caractère proprement "envahissant" du cadre végétal où vit Parkin : cette forêt avec laquelle il fait corps. Ici, "l'amour plus fort que toutes les barrières" n'est pas encore une thèse, mais il est un thème, amplement et chaleureusement développé, où le souffle prodigieux de D. H. Lawrence se déploie avec une liberté souveraine

"Époque essentiellement tragique que la nôtre », écrit Lawrence. A la vieille Angleterre aristocratique et rurale déjà meurtrie par l'industrialisation, la Première Guerre mondiale a infligé de profondes blessures. Les protagonistes de ce récit en sont marqués dans leur esprit, dans leur chair, et la déchirure se prolonge dans leur aventure intime.

L'Amant de Lady Chatterley est ainsi, pour le romancier, l'occasion de réaffirmer sa conception de l'amour physique comme moyen de retrouver le contact avec les forces instinctives et naturelles de la vie. Censuré pendant trente ans en Angleterre et aux États-Unis en raison de ses audaces de forme, le récit devait longtemps connaître un succès de scandale. Le lyrisme poétique de l'écrivain y trouve pourtant son ultime expression, un lyrisme provocant, véhément, parfois désespéré, à l'avant-garde de la croisade moderne contre l'intellectualisme. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Issu d'une famille de mineurs, D. H. Lawrence naît en 1885 à Eastwood, dans le Nottinghamshire. Après l'interdiction par la censure de L'Arc-en-ciel (1915), il quitte l'Angleterre, espérant échapper ainsi au conformisme britannique.

En 1914 il épouse Frieda von Richthofen, et le couple fait un long voyage en Australie, au Mexique et au Nouveau-Mexique. De retour en Europe, Lawrence reprend ses voyages, de ville en ville, et écrit Lady Chatterley et l'homme des bois, puis sa version définitive, L'Amant de lady Chatterley, dont la publication ne sera autorisée en Angleterre qu'en 1960. Il meurt à Vence en 1930.