Le loup et le chien
2010

Une belle villa près de Harfleur en Normandie. Le téléphone sonne en vain. Les pièces sont vides. Un homme vient de se jeter par la fenêtre. Le téléphone sonne. Victor qui est avocat à Paris accepte à contre cœur de se rendre le lendemain, dimanche, à son bureau pour une affaire urgente.

Aujourd'hui, il a invité son ancien ami d'université, Martin, retrouvé par hasard, à passer le week-end chez lui. Face aux difficultés financières de Martin, Victor lui propose un travail dans son cabinet où il a été nommé associé. Mais, alors que les deux amis échangent sur leurs trajectoires respectives, la réussite de Victor qui était d'abord apparu éclatante devient moins séduisante pour Martin.

Préférant sa liberté, Martin refuse l'offre de son ami d'université. Victor, seul, monte dans sa chambre à l'étage... et se jette par la fenêtre.

La fable du Loup et du chien que, tous, nous connaissons plus ou moins, fait l'objet d'un plan d'insert montrant la page du livre de Jean de la Fontaine sur la banquette de la voiture de Martin. Redoublant le titre du film, le jeu avec la fable est donc suffisamment rappelé pour que le spectateur s'interroge sur le décalage que va introduire le réalisateur.

Le casting entre Martin l'efflanqué et le plus gras Victor semble aller de soi et l'ouverture à l'iris sur le collier en or de ce dernier transpose ironiquement celui que portait l'animal servile de La fontaine. Plus étranges sont en revanche l'ouverture et la fin du film. Au lieu d'insister sur la fuite du loup, c'est la mort du chien qui est proposé au début et à la fin. Il est même possible que la femme de Victor et l'invitation de Martin ne soient qu'un fantasme de Victor, si aliéné à son travail qu'il a déjà perdu famille (il s'adresse à sa femme, hors champ, qui ne répond pas) et ami : la plan soudain sur la chaise vide qui succède au champ contrechamp classique pourrait bien suggèrer l'inexistence totale de cet hypothétique ami retrouvé miraculeusement.

Dans cette fable contemporaine, le chien a même perdu le loup pour se vanter. Le désespoir pèse comme pèsent les plans en plongé, celui, initial sur le cadavre ou celui sur l'escalier qui mène Victor à son destin.

Jean-Luc Lacuve le 26/12/2011.

 

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Avec : Jules Vallauri (Victor), Benjamin Dupiech (Martin). 0h14.

 
François Maxime
Thème : Normandie