Deux vies plus une
2007

Eliane, une jeune institutrice, mène sa vie sur deux fronts : celui du foyer et celui de son travail. Un jour, une rencontre avec une jeune auteure va bouleverser sa vie. En effet, Eliane va décider de changer de vie et va commencer à écrire puisant son inspiration auprès de ses proches et de son histoire.

Dès le début du film, le personnage d'Eliane a quelques difficultés à évoluer dans cet univers qui l'étouffe. Elle jongle entre la vie de famille et une vie professionnelle qui l'empêche de s'épanouir. Eliane est comme enfermée dans un cocon dont elle aimerait s'extraire pour devenir ce qu'elle est vraiment.

Une vie étouffante

Ce portrait d'Eliane où personne ne la comprend ne semble évidemment pas lui convenir et entraîne sa mutation pour changer de vie. Lorsque son mari regarde une vidéo enregistrée par sa collègue et lui déclare " Ecoute chérie on ne voit rien là, il n'y a pas d'image " c'est tout l'univers d'Eliane qui semble résumé. Les personnages qui entourent Eliane ne la voit pas, ne la comprenne pas. Elle évolue toute seule sans que quelqu'un puisse la remarquer sous son vrai jour. C'est la rencontre avec la jeune auteure qui va conduire Eliane vers une autre destinée et qui la métamorphosera pour qu'elle puisse prendre en mains sa vie.

L'écriture d'une vie comme l'écriture d'un livre.

Le générique débute sur les plans des futurs carnets que va écrire Eliane. Ce début indique que l'écriture et l'écriture d'une vie vont être indissociables. Le titre du film, Deux vies plus une, est tout aussi explicite. Les deux vies sont celle de mère de famille et la seconde et sa vie professionnelle. La troisième vie est celle qu'Eliane va écrire elle-même sans que quelqu'un soit derrière elle comme une ombre.

Le personnage d'Eliane se réinvente une histoire dans laquelle elle va tout contrôler. La contrepartie de ses pleins pouvoirs sera que toutes les personnes qui l'entourent ne vont pas la comprendre puisqu'elle a déjà quitté l'univers des gens normaux. La seule personne qui la comprend c'est l'éditeur qui évolue dans le même monde qu'elle. Lorsque l'éditeur est invité à dîner chez elle, la discussion entre le mari et l'éditeur tourne court, celui-ci ne comprenant pas la question du mari comme si ce dernier, ne faisant pas parti de leur univers ne pouvait pas communiquer avec eux.

Dans ce portrait d'une jeune femme qui se réinvente un scénario, qui écrit dans ses carnets comme elle réécrit sa propre histoire, il eut été facile à la réalisatrice de faire tomber amoureuse son héroïne de l'éditeur. Elle choisit de laisser son héroïne continuer à évoluer dans un autre univers que le sien mais où finalement toute sa famille finit par la comprendre.

Un scénario classique qui sort de l'ordinaire

Le genre traité par le film, à savoir la crise de la quarantaine, est un thème souvent abordé par le cinéma français. C'est en effet un genre ultrabalisé ou il en ressort les mêmes thèmes à chaque film. L'histoire d'un homme ou d'une femme qui souhaite changer de vie et qui quitte femme ou homme et enfants pour une personne qui la comprend mieux. La réalisatrice décide de laisser son personnage continuer de vivre sa vie sans l'empêcher de vivre ses rêves.

Le film est également ponctué de parenthèses, comme de sortes de séquences surréalistes, qui viendraient comme redonner un coup de fouet au scénario. Eliane va souvent rendre visite à son père au cimetière. Elle s'assoit et elle parle de ce qui lui est en train de s'arriver. Il y a également la séquence ou elle hurle à la société entière qu'elle vient d'acquérir un ordinateur.

Ces flashs sont également présents pour rappeler au spectateur que ce qu'il regarde est une fiction et non pas la description d'une sorte de rêve américain. Le parti pris de ces "flashs" surréalistes sont la marque de la réalisatrice qui nous décrit sa façon à elle de changer les codes du genre.

Le film n'est pas traité sur fond de drame mais de comédie. Et le choix du couple Darmon-Devos surprend mais à l'arrivée fonctionne parfaitement ce qui vient encore une fois réinventer les codes. La réalisatrice, en même temps que son personnage, remet au goût du jour le genre.

Une caméra chaleureuse

La mise en scène de Cebula est orchestrée de façon à ne pas exclure le spectateur. En effet, quand elle film ses personnages elle les films généralement en plan rapproché ce qui procure un effet de proximité avec les personnages.

Le portrait que nous peint la réalisatrice n'est pas un portrait de femme ordinaire. C'est en effet le portrait d'une femme qui décide de prendre certes sa vie en main mais qui réécrit le scénario à sa façon de telle façon à prendre sa vie mais aussi le spectateur par la main et de nous embarquer dans son univers haut en couleurs.

 

Anthony Boscher, le 05/11/2007

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Genre : Comédie sociale
Avec : Emmanuelle Devos (Eliane Weiss), Gérard Darmon (Sylvain Weiss), Jocelyn Quivrin (David Klein), Michel Jonasz (Guidalé), Valérie Benguigui (Valentine), Jackie Berroyer (le directeur de l'école)
 
Idit Cebula