François Truffaut une autobiographie

2004

À travers ses vingt-et-un longs métrages, François Truffaut a composé une sorte d’autoportrait. Tout ce qu’il a écrit, filmé, imaginé, passait par le filtre de ses émotions. Dans ce documentaire construit autour des nombreuses traces laissées par le cinéaste (interviews, images de tournages, photos, lettres, scénarios…), il occupe la première place. Et face à lui, nous sommes (à nouveau) conquis, submergés par son charme. Anne Andreu fait avant tout parler Truffaut. On se remémore ainsi les phrases lumineuses d’un homme qui a réfléchi toute sa vie sur la création ("Les films respirent par leurs défauts"…). On entend sa voix, cette voix blanche qui le faisait jouer "à la limite du faux" (dixit Nathalie Baye), ce phrasé rapide, ces mots précis. L’homme qui aimait les femmes aimait aussi les livres : la caméra s’attarde sur son écriture ronde, sur les épreuves des scénarios, les plans de tournage, les courriers…

Portrait à plusieurs voix
Mais le film est aussi un portrait à plusieurs voix, et donne la parole à des gens qu’on entend rarement parler de Truffaut : Woody Allen, Miloš Forman, le scénariste Jérôme Tonnerre. Catherine Deneuve et Fanny Ardant, en voix off, réagissent aux images et rejouent des dialogues. Jeanne Moreau, Claude Berri, Jean-François Stévenin parlent du Truffaut qu’ils ont connu. La nouvelle génération a également la parole à travers le témoignage d’Arnaud Desplechin. "Plus qu’un monument à la gloire du cinéaste, l’objectif de ce film était de prendre la mesure de l’héritage, en révélant la filiation cachée mais combien présente qui relie François Truffaut au public d’aujourd’hui", explique Anne Andreu. À travers ses films, Truffaut exprimait son obsession des sentiments. Jeanne Moreau parle d’un "élan de spiritualité". En 1978, dans La chambre verte, il évoquait le rapport des vivants aux morts. "On peut aimer des morts, on peut se fâcher avec eux", disait-il. La première image du film d’Anne Andreu est celle de l’enterrement du réalisateur, le 24 octobre 1984, au cimetière Montmartre à Paris. La "chambre verte" s’enrichit aujourd’hui d’un objet vivant.

 

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Anne Andreu
Genre : Documentaire , 1h18