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Les noces de Cana

1561

Les noces de Cana
Le Tintoret , 1561
Huile sur toile 440 x 590 cm
Venise, Basilica Santa Maria della Salute

En 1513, un incendie détruisit l'ensemble du complexe des frères Crociferi. Sa reconstruction fut immédiatement décidée, achevée vers 1555. Dans le nouveau monastère, l'attention fut portée sur l'appareil pictural, avec l'intention d'impliquer Véronèse.

Ridolfi (1648) raconte comment Tintoret insista pour proposer son propre style, n'obtenant son accord qu'en s'engageant à imiter Véronèse. Après avoir exécuté avec succès l'Assomption de la Vierge pour le maître-autel (aujourd'hui dans l'église des Jésuites), il fut chargé de peindre Les noces de Cana  pour le réfectoire du monastère, un chef-d'œuvre exécuté et signé en 1561, aujourd'hui conservé dans la sacristie de la Salute.

L'œuvre, toujours considérée comme datant de la période véronaise, connut un succès considérable, à tel point que des copies du tableau sont conservées en plusieurs endroits. Tintoret donne plus de profondeur et de continuité à la pièce en prolongeant la perspective, les poutres du plafond et les fenêtres de la pièce dans le tableau lui-même. La toile témoigne ainsi de la disposition originale de la lumière diminuant de droite à gauche avec la table illuminée par la nappe blanche.

Tintoret, pour compléter le groupe de personnes à gauche au premier plan, se représente lui-même dans le personnage à la barbe blanche, vêtu d'orange, et dont on remplit la coupe vide. Il appose sa signature à côté de son manteau.

Les conséquences de la guerre de Candie (Crète) qui dura 24 ans (1644-1669) conduisirent le trésor de la République de Venise à la faillite, obligeant les Vénitiens à chercher des financements partout. Certains ordres religieux furent dissous et leurs biens donnés à la défense de l'île de Candie, assiégée. En 1656, les Crociferi, sur ordre d'Alexandre VII, furent progressivement réduits en nombre jusqu'à leur dissolution complète. Leurs biens furent également confisqués et vendus aux Jésuites, autorisés à retourner à Venise après les événements bien connus de l'Interdit. Lors de ce changement de propriétaire, le prieuré des Crociferi, qui n'existait plus en tant qu'ordre religieux, tenta de vendre la toile des Noces de Cana au grand-duc Léopold de Médicis, par l'intermédiaire de son agent Paolo Del Sera. Les procureurs de Saint-Marc prirent les choses en main et proposèrent la vente du tableau aux enchères, exigeant un prix très élevé, mais ne parvinrent pas à le vendre. En 1657, elle fut déposée à San Giorgio Maggiore jusqu'à l'achèvement des travaux de la Basilique de la Salute, puis placée directement dans la sacristie.

La toile (selon les instructions d'Odoardo Fialetti, disciple du Tintoret) était à l'origine ornée de deux blasons dans les angles supérieurs, relatifs à l'ordre des frères crucifères, qui furent retirés au début du XVIIIe siècle. Le tableau fut achevé anonymement en le recouvrant d'un vernis oxydé au fil du temps.

La dernière restauration (1986) a consisté en un nettoyage pour retrouver les couleurs d'origine. Il a été découvert que le tableau dissimulait la représentation d'un mariage célèbre de l'époque, avec divers portraits de personnes, dont certaines étaient connues.

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