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Poissons rouges et palette

1914

Goldfish and Palette
Henri Matisse , 1914
Huile sur toile, 146.5 x 112.4 cm
New York, MOMA

Dans une carte postale adressée au peintre Charles Camoin, Henri Matisse explique que sur le côté droit de Poisson rouge et Palette, il a représenté "quelqu’un une palette à la main qui observe." On considère généralement que cet observateur est l’artiste lui-même. Poisson rouge et Palette est la dernière de six œuvres de Matisse montrant des poissons rouges dans un intérieur et c’est aussi la plus abstraite. Si l’on compare cette toile à Intérieur avec un poisson rouge (1914) qui la précède, dont la gamme de couleurs et la composition sont similaires, les objets dépeints dans Poisson rouge et Palette sont presque dépourvus de volume et l’espace qu’ils occupent n’a pas de profondeur, paraissant presque en aplat à la surface du tableau.

Ces caractéristiques, tout comme la variété de plans angulaires et les changements de perspective au sein de la composition, témoignent de l’impact du cubisme sur Matisse à cette époque, particulièrement tel que le pratique Juan Gris avec lequel Matisse s’est lié d’amitié l’année précédente.

La rigueur de la structure y témoigne de l'enseignement que le peintre avait pu tirer des collages et peintures de Picasso des années 1913-1914. Poissons rouges et palette et Arlequin sont des autoportraits symboliques, empreints l'un et l'autre d'une gravité liée aux heures noires de la guerre et qui représentent chacun, pour son auteur (comme les admirateurs s'en sont avisés), une de ses réussites majeures les plus originales. C'est l'un des exemples les plus lumineux du bénéfice que tirèrent Matisse et Picasso de l'attention soutenue qu'ils se portaient réciproquement et qui, pour chacun, favorisa la création d'un tableau profondément personnel au sein de son œuvre tout en étant extrêmement novateur.

(voir : confrontation avec Arlequin de Picasso).