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Nu descendant un escalier n°2

1912

Nude Descending a Staircase n°2
Marcel Duchamp , 1912
Huile sur toile 147 x 89,2 cm
Philadelphie, Musée des Beaux-Arts,
Collection Louise et Walter Arensberg

Ce tableau célèbre occupe une position charnière dans l'évolution de la carrière de Duchamp : refusé au Salon des Indépendants à Paris en 1912 mais exposé à l'Armory Show, à New-York en 1913, il obtient un prodigieux succès de curiosité.

Les trois versions du Nu descendant un escalier

Abordant ce qu'il appellera plus tard "le problème du mouvement dans la peinture", Marcel Duchamp réalise en 1911 une première version du tableau sur une simple huile sur carton où il répète les éléments du corps nu dans un mouvement précipité sur les dernières marches d'un escalier en colimaçon.

Cette évocation du temps écoulé dans une composition statique résonne avec les œuvres futuristes de Giacomo Balla, Gino Severini et d'autres. Cependant, en 1911, Duchamp était étroitement impliqué dans le cercle d'artistes se réunissant régulièrement dans la banlieue parisienne, appelé groupe de Puteaux qui comprenait notamment Fernand Léger, Robert Delaunay et Josef Csaky.

Habile combinaison du cubisme et du futurisme, le tableau se réfère également aux chronophotographies de Marey et de Muybridge ainsi qu'au cinéma. "J'ai voulu créer une image statique du mouvement" dira Duchamp.

n°1
95.9 × 60.3 cm
n°2
147 x 89,2 cm
n°3
148.1 × 91.8 cm

En 1912, Marcel Duchamp s'attelle à une version plus grande, cette fois une huile sur toile, que celle entreprise l'année précédente. Cependant, le 18 mars 1912, il reçoit la visite inattendue de ses deux frères, Jacques Villon et Raymond Duchamp-Villon, dans son atelier de Neuilly-sur-Seine. Ils informent leur frère cadet que le comité de sélection du Salon des Indépendants à Paris, qui comprenait eux-mêmes, Albert Gleizes, Jean Metzinger et d'autres, avait rejeté son Nu descendant un escalier. Ces peintres cubistes avaient refusé d'afficher le tableau au motif qu'"un nu ne descend jamais les escaliers - un nu s'incline". Bien que l'œuvre ait été présentée au Salon de la Section d'Or en octobre 1912 Duchamp ne pardonnera jamais à ses frères et anciens collègues d'avoir censuré son œuvre.

Bien que refusé au Salon des indépendants de Paris en 1912, Duchamp dut à ce tableau une "célébrité anticipée". Exposé à l'Armory Show, à New-York en 1913, il obtient un prodigieux succès de curiosité. Certes on compara le tableau à "une explosion dans une usine de tuiles", mais le succès auprès de la critique et des collectionneurs facilita son arrivée aux Etats-Unis en 1915, et son intégration immédiate dans la milieu artistique newyorkais. Il put de la sorte conduire sa recherche et sa "stratégie" selon ses plans, sans jamais céder à la tentation de la répétition.

En 1916, Marcel Duchamp recrée son Nu descendant un escalier pour ses mécènes Louise et Walter Arensberg, qui désiraient acheter le tableau célèbre depuis qu'ils l'avaient vu à l'Armory Show de New York trois ans plus tôt. Étant donné que l'original appartenait maintenant à un marchand d'art de San Francisco qui ne voulait pas s'en séparer, Duchamp, qui avait un studio de photographie, agrandit une image de carte postale de l'œuvre pour correspondre aux proportions de la toile originale. L'immense photographie est ensuite méticuleusement retouchée par l'artiste dans une grande variété de supports, y compris le crayon, l'encre, l'aquarelle et le pastel, pour reproduire les formes de la composition originale. Graphite, plume et encre noire, peinture noire, crayon ou crayon de couleur et lavis bleu sur photographie argentique

Les trois tableaux sont désormais exposés au Musée des Beaux-arts de Philadelphie qui abrite la Collection Louise et Walter Arensberg.

En 1916 encore, Duchamp réalise La salle de bal de la maison de poupée de Carrie Stetheimer (Musée d'histoire de la ville de New York), sœur de Florine à laquelle il donne des cours de français. Duchamp fait ainsi une sorte d'accrochage avec un Nu descendant l'escalier à la plume et à l'aquarelle qui reproduit en miniature la troisième version du Nu descendant un escalier.

La salle de bal de la maison de poupée de Carrie Stetheimer (Musée d'histoire de la ville de New York)

Enfin, en 1937, pour ses Boites-en-valise, Marcel Duchamp réalise des phototypie du Nu n°2 sur papier cartonné avec, en-dessous, un timbre de notaire.

32.1 × 19.7 cm