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La Samaritaine

1648

La Samaritaine
Philippe de Champaigne, 1648
Huile sur toile, 114,5 x 113 cm
Musée des Beaux-arts de Caen

La Samaritaine fait partie d'un ensemble de trois tableaux réalisés pour le maître-autel du couvent de Port-Royal, à Paris. À la Révolution, l’œuvre est déposée aux Petits-Augustins, avant d'être livrée, en 1794, au Museum Central des Arts. Finalement attribuée au musée de Caen, elle y est envoyée en 1804.

Le peintre représente ici un épisode de l'évangile de saint Jean (IV, 25-27). Alors qu’il se repose près d’un puits, Jésus demande à boire à une femme de Samarie déconsidérée à cause de son mode de vie. Celle-ci s’étonne car Juifs et Samaritains ne se fréquentent pas. S’ensuit un entretien au cours duquel le Christ révèle à son interlocutrice qu’il est le messie. Ce passage symbolise la puissance de la grâce de Dieu, thème essentiel pour l'abbaye de Port-Royal, haut lieu du jansénisme dont les partisans considèrent que l'homme ne peut rien sans cette grâce. La toile correspond également aux injonctions du Concile de Trente (1545-1563) concernant le rôle de la peinture religieuse : la scène doit être lisible et facilement reconnaissable. En effet, la présence du Christ et d'une femme à l'ombre d'un olivier, près d'un puits, permet d'identifier aisément le sujet.

Champaigne se rapproche des jansénistes lorsqu’il confie l'éducation de ses filles aux religieuses de Port-Royal. Son style est marqué par leur austérité, ce qui se traduit, dans cette œuvre, par la sobriété de la composition et la disparition d’éléments baroques, tels que les angelots dans le ciel. Cela n'empêche pas l’artiste de déployer son talent, notamment dans le raccourci de la main de la femme, ou d'employer des couleurs raffinées, s’autorisant même, pour le manteau du Christ, l’usage du lapis-lazuli. À l’arrière-plan, le paysage est empreint de l’influence de Poussin, ce qui montre que Champaigne reste ouvert aux évolutions de la peinture de son temps, tout en restant fidèle à sa formation flamande perceptible dans la précision du rendu de la végétation et la maîtrise de la représentation des drapés.