Cette grammaire du cinéma écrite par une scénariste et un cinéaste se démarque de toutes celles, majoritairement rédigées par des universitaires, qui l'ont précédée.

Sa composition en deux parties, une première qui retrace comment les cinéastes ont inventé les 29 points de grammaire de 1891 à 1908 et une seconde qui étudie comment ils ont développé les points de grammaire de 1909 à aujourd'hui, est fort peu académique. Aux classifications théoriques (notions spécifiques ou on spécifique au cinéma) les auteurs préfèrent en effet nous expliquer cette grammaire comme un roman ...qui nous instruit tout autant qu'elle nous passionne. La précision et la clarté des explications remettent en cause bien des idées reçues.

Les frères Lumière n'ont pas inventé le cinéma, c'est l'Américain Thomas Edison, dont l'ingénieur Laurie Dickson tourne le premier film en 1891. Comme il est né muet, le cinéma a dû trouver son propre langage. En moins de vingt ans, les cinéastes ont mis au point une grammaire spécifique qui va permettre à leurs films d'être vus et compris par des spectateurs du monde entier.

Aujourd'hui, c'est toujours la même grammaire qui est utilisée, l'arrivée du parlant ne l'a nullement périmée, et pas davantage les autres avancées techniques. Le cinéma moderne emploie de la même façon que Georges Méliès l'arrêt de caméra, la surimpression et les fondus, et tout comme les Anglais de l'école de Brighton le hors-champ, le champ/contre champ, le plan subjectif, le passage au flou ou la diagonale du champ, de même qu'il manie les cadrages, les panoramiques, le ralenti, le plan débullé ainsi que les travellings et la plongée à la manière des Américains, la musique et l'image par image tel le Français Émile Reynaud, les actions parallèles comme le génial David W. Griffith. Au total sont recensés dans cet ouvrage unique en son genre 29 points de grammaire dont les combinaisons multiples donnent les innombrables figures de style qui caractérisent le talent des cinéastes.

Pour les utilisations nouvelles se côtoient aussi bien Hitchcock, Godard, Sergio Leone, Welles, Eisenstein, Kubrick, Fritz Lang, que Jean-Pierre Jeunet, Clint Eastwood, Ang Lee, Peter Jackson, David Lynch, Darren Aronofsky, Christopher Nolan, Spielberg…

Jean-Luc Lacuve le 15/11/2010

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Grammaire du cinéma

Nouveau Monde éditions, Janvier 2010. 588 pages, 1039 illustrations. 30 €

Marie-France Briselance
et Jean-Claude Morin